Il revient de loin. Quand il arrive à l'été 2016 au Stade de Reims qui vient alors de redescendre en L2, l'imposant portier (1,97 m, 86 kg) sort d'une saison avec la réserve de l'Olympique de Marseille.
Le club phocéen l'a recruté alors qu'il était au chômage depuis un an, après un transfert raté en deuxième division anglaise. À Reims, Mendy est d'abord la doublure de Johann Carrasso, sous les ordres de Michel Der Zakarian, puis, lorsque David Guion prend les rênes de l’équipe, à l'intersaison 2017, il est propulsé titulaire.
"Ce fut un de mes choix forts, se souvient le coach champenois. Il a été un cadre de cette défense en L2, puis il a passé un cap en L1 cette saison. Ça prouve ses qualités et son intelligence. C'est sans conteste l'un des meilleurs gardiens de L1."
Ses pairs partagent cet avis puisqu'ils ont nommé Mendy aux trophées UNFP de meilleur gardien, au terme d'une saison couronnée de 14 clean sheets (matches sans prendre de but).
"Très serein"
"J'ai rarement vu un gardien faire une première saison en L1 aussi bonne. Son statut et sa notoriété ont changé mais je le trouve très serein. Il a connu la galère, ça l'a formé en tant qu'homme et il gère sereinement ses émotions", analyse Sébastien Hamel, l'entraîneur des gardiens du Stade de Reims.
D'émotions, il est question au moment où Mendy doit choisir sa sélection nationale, à l'été 2018. Sollicité par la Guinée-Bissau, le portier de 27 ans participe à un stage avec les +Djurtus+ (Lycaons) pour honorer son père, bissau-guinéen, et alors très malade. Il opte finalement pour le Sénégal, le pays de sa mère.
"C'est le choix que j'avais en tête depuis tout petit et quand j'ai été appelé, cela a été une fierté. C'est là-bas que j'ai toutes mes attaches, j'essaie d'y aller au moins une fois par an pour voir ma famille", raconte Mendy à l'AFP.
Quelques semaines après la fin de la Coupe du monde 2018, Aliou Cissé le convoque pour la première fois en vue des éliminatoires de la CAN-2019. Le Rémois prend place sur le banc et continue son apprentissage.
"J'ai participé à deux rassemblements avant ma première sélection, ça m'a permis de rentrer tranquillement dans le moule et de m'adapter au groupe et au coach, explique-t-il à l'AFP. En sélection, tout est décuplé. Les rapports sont accélérés et l'intégration a été rapide."
"Candidat au titre"
Tenu en échec à Madagascar (2-2), le Sénégal remporte finalement ses cinq autres rencontres et termine en tête de son groupe. De la Ligue 2 à la sélection, Mendy mesure le changement de dimension, lui qui est titularisé lors des deux dernières rencontres des éliminatoires.
"Avant un match contre le Soudan à domicile, 25.000 supporters sont venus à l'entraînement. Je n'avais jamais connu ça ! Il faut le voir pour le croire... J'ai compris l'attente qu'il pouvait y avoir autour de la sélection sénégalaise."
Des supporters sénégalais qui rêvent de voir les +Lions de la Teranga+ soulever enfin la CAN, ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire du pays, finaliste de la compétition en 2002.
L'équipe emmenée par les expérimentés Kalidou Koulibaly (Naples), Idrissa Gueye (Everton) et Sadio Mané (Liverpool) peut-elle aller au bout cette année ? "Nous ne sommes pas favoris, balaye Mendy. L'Égypte, le Cameroun et la Côte d'Ivoire sont les favoris. Mais on a une très belle génération et on est donc candidat au titre."