Montpellier a impressionné le petit monde de la Ligue 1 en prenant huit points face au PSG, Monaco, Nice et Saint-Étienne. Au coeur d'une équipe solidaire, Ellyes Skhiri joue une partition remarquée car il est la sentinelle de cet équilibre indispensable au groupe de Michel Der Zakarian. Interrogé par 'Goal', le jeune milieu défensif de 22 ans fait le point sur le parcours de son équipe, tout en ayant à l'esprit l'emblématique Louis Nicollin, décédé en juin dernier.
Votre dynamique n’a pas été rompue avec cette défaite contre Rennes (0-1) ?
Ellyes Skhiri : Oui c’est un petit coup d’arrêt, le match n’a pas été fameux de notre part. On aurait pu le gagner mais ce qui est bien, c’est qu’on rejoue direct, à la maison, face à Amiens pour se relancer. On est encore loin du Top 6, y’a des équipes qui y sont plus aptes. Si on se rassure déjà avec les équipes derrière nous, ce sera pas mal.
Le MHSC a résisté aux trois premiers de la saison 2016-2017, comment vous expliquez cette réussite ?
On savait que ce mois qui nous attendait était le plus difficile de l’année et que nous n’étions pas donné favoris. On nous prédisait 0 point mais y’a eu avant tout un état d’esprit irréprochable où tout le monde a fourni de gros efforts, dans le replacement, sur le plan défensif, c’est ce qui nous aidé.
En plus d’avoir été efficaces dans le domaine défensif, vous avez été malins dans vos contre-attaques…
Le système qui était mis en place devait nous donner une solidité optimale tout en gardant pas mal de vitesse pour une projection rapide et contraignante pour en face. Nous avons évolué contre des équipes joueuses, portées vers l’avant. Forcément cela nous donnait des espaces et on a su en bénéficier. Même contre saint-Étienne qui misait beaucoup sur les mouvements, on a eu la lucidité pour marquer vite et bien verrouiller derrière.
Comment vous vous sentez dans ce collectif ?
Je suis content du déroulement de la saison. Je joue très souvent. L’an passé j’avais été très utilisé en disputant 37 rencontres, je voulais repartir sur les mêmes bases en apportant plus à l’équipe.
Vous avez même été capitaine en tout début de saison, on imagine votre fierté en tant que jeune joueur ?
Ça a été une très belle preuve de reconnaissance, une belle marque de confiance de la part du club et du staff. Je l’ai pris comme tel, comme une récompense de mon travail. J’en étais fier, maintenant notre Capitaine Vito (Hilton) est revenu et cela lui va très bien comme rôle. Normalement, dans la hiérarchie, je suis vice-capitaine comme par exemple à Guingamp, en Coupe de la Ligue, où en son absence, j’ai récupéré le brassard.
Qu’aimeriez-vous améliorer à l’avenir dans votre jeu ?
J’ai une bonne capacité dans la récupération, mais maintenant, sur le plan offensif, j’aimerais prendre un peu plus d’initiatives. Dans mes relances, apporter et pourquoi pas avoir plus de buts et de passes décisives, même si je suis juste milieu défensif (rires).
Pour vous, c’est plus simple d’évoluer avec une défense à quatre ou à cinq éléments ?
Je n’ai pas de soucis pour m’accommoder. L’an dernier on a joué tout le temps à quatre derrière mais là c’est plus variable selon l’adversaire. L système ne me gêne pas plus que ça. En jouant à 5, c’est différent où on aura du mal à conserver la balle mais ça nous réussit plutôt bien !
Qu’est-ce que Michel Der Zakarian vous a apporté depuis sa prise de fonction cet été ?
Ce qui était recherché avec le nouveau coach, c’était avant tout de la stabilité. Le club a connu beaucoup de changements depuis 2-3 ans et voulait un cadre plus serein. Il connaît très bien la maison et savait où il mettait les pieds. Il a amené sa patte dans le choix des joueurs et des systèmes.
Comment jugez-vous votre relation avec lui ?
On s’entend tout à fait normalement, il n’y a pas de relation privilégiée. C’est vraiment un gagneur, tout ce qu’on entreprend, c’est pour décrocher la victoire. Ce n’est pas un entraîneur qui mâche ses mots, il sera toujours franc avec toi. Des fois, on peut se vexer mais on sait que c’est pour notre bien, pour progresser. On est un groupe jeune et c’est nécessaire.
On a l’impression que vous êtes une équipe parfaitement rodée à la Ligue 1 avec des éléments d’expériences mais aussi des jeunes venus de L2 qui s'adaptent très vite...
Les recrutements qui ont été faits récemment sont intéressants et rapidement convaincants. Ces jeunes qui arrivent sont à fort potentiel mais ça reste important de conserver des cadres du club comme Camara, Pionnier et Hilton.
On a aussi le sentiment que la perte de Louis Nicollin a profondément soudé le club. C’est votre sentiment ?
C’est comme ça qu’il faut le prendre. Il faut qu’on se batte pour son image et qu’on réussisse une grande saison. Pour tout le monde, ici, c’est important. On veut le rendre fier là-haut. Ça nous a renforcé collectivement, on s’en est servi, sans doute inconsciemment, lors de notre belle série.
On imagine que vous avez été particulièrement affecté, vous qui avez été formé ici…
J’ai été forcément touché et ému. Ma réaction était basique, je ne le connaissais pas plus que ça car quand j’ai signé pro, son fils Laurent était beaucoup plus présent. Il faisait souvent des réunions pour avoir tout le groupe chez lui, avec les familles des joueurs où il nous offrait des cadeaux. C’étaient des moments conviviaux et chaleureux.
Au niveau de la sélection tunisienne, où en sont vos éventuels contacts ?
J’ai des approches de Tunis mais jusque-là, je n’étais pas prêt à faire un choix. Désormais j’en sais un peu plus sur ce que je veux faire au niveau de la sélection et je serais très fier quoiqu’il arrive de mon choix.
La coupe du monde 2018 ça reste dans un coin de votre tête ?
C’est pas quelque chose qui m’obsède même si y participer c’est évidemment un rêve. Pour l’instant, ce n’est pas un facteur qui va me faire accélérer sur mon choix. C’est le genre de situation où il faut prendre du recul.
Propos recueillis par Adrien Mathieu.