Le Paris FC est en pleine expansion. Cet été, le club francilien, qui va s'installer à Orly, a acté l'ouverture de son centre de formation. Avec à sa tête l'ancien Sochalien Jean-Luc Ruty, entouré de plusieurs noms bien connus maintenant dans la capitale. Parmi eux, Emanuel Tando, en charge du recrutement des jeunes espoirs du club francilien, qui revient pour Goal sur son parcours et se montre très optimiste pour l'avenir de la formation au Paris FC.
Une organisation claire au recrutement
Emanuel Tando : Je suis au club depuis 2011, mais jusqu'en 2015 j'ai d'abord occupé un poste d'entraîneur formateur à réseaux dans l'Académie. Lors de la montée en Ligue 2, on m'a proposé d'intégrer la cellule de recrutement. Les deux premières années, j'avais un rôle de recruteur/observateur, et depuis un an, je suis le seul recruteur sur toute l'Ile-de-France. Pierre Dréossi et Fabien Valéri gèrent les pros. Moi, je m'occupe des jeunes. Nos échanges sont réguliers pour tous ceux qui tapent à la porte de l'équipe première ou qui entrent au centre de formation. L'été dernier, Jean-Luc Ruty est arrivé. C'est lui le boss, mon interlocuteur numéro un. Je recueille des informations en interne et en externe et il devrait bientôt y avoir d'autres observateurs en Ile-de-France pour superviser le potentiel des joueurs franciliens. Les débriefings sont faits lors d'une réunion hebdomadaire. Si des jeunes nous intéressent, on les invite pendant les séances ou on organise des stages pendant les vacances. Et si l'un d'eux répond à nos attentes, on rentre en contact avec le club et sa famille dans l’espoir de lui proposer un projet sportif cohérent, toujours avec l’accord du directeur du centre [Jean-Luc Ruty] et de Pierre Dréossi, le manager général.
Avant d'intégrer la cellule de recrutement du Paris FC, Emanuel Tando était entraîneur chez les jeunes du club francilien. "Le Paris FC va aller de l'avant avec Jean-Luc Ruty"
Jean-Luc Ruty, c'est quelqu'un de connu, qui a une certaine renommée. Il a passé plus de dix ans à Sochaux, à Toulouse, et un passage en Afrique. Il est vraiment expérimenté. Je le découvre parce qu'il vient d'arriver, mais j'adore sa philosophie, sa manière de faire les choses. Il est vraiment axé sur la formation des jeunes, sur la progression à la fois individuelle et collective avec un objectif clair pour lui : bien les préparer pour qu'ils soient pros demain. Il fait partie des encadrants des U17 DH et il suffit de voir l'équipe pour comprendre qu'il aime le jeu. C'est à l'image de sa philosophie. Ça joue vraiment bien au ballon, c'est agréable, et je pense que le club va aller de l'avant avec son expérience et son expertise.
Une attractivité grandissante au Paris FC ?
Ça fait presque huit ans que je suis au club et on n'a jamais eu de centre de formation. Cette année, c'est la première. On va déménager à Orly où des travaux ont été entrepris. On va avoir des terrains extraordinaires, un cadre de travail fabuleux. Je n'ai jamais connu ça depuis que je suis ici. L'équipe première marche bien, les jeunes aussi. Il y a des réelles avancées positives et j'ai vraiment espoir pour l'avenir. Je pense que le club va dans la bonne direction. D'autant que le Paris FC est l'une meilleures école de foot en région parisienne. Chez les 2002 et 2003, plus de dix joueurs de chez nous ont été à Clairefontaine et ont signé dans des clubs pros. Malheureusement, on n'a pas pu les garder. Mais aujourd'hui, avec notre statut et les installations qui arrivent, l'objectif sera de les conserver pour qu'ils jouent en équipe première demain.
Ancien joueur du Paris FC, le défenseur Ibrahima Konaté porte maintenant les couleurs du RB Leipzig. L'exemple Ibrahima Konaté
Il y a une part de regrets d'avoir vu partir nos jeunes, mais dans le cas d'Ibrahima Konaté, c'était impossible de le garder. Ce fut le cas pour lui, mais aussi pour Rayan Aït-Nouri (Angers), Kylian Gasnier (Rennes) et Nordi Mukiele, par exemple. Tous ces joueurs, on n'a pas pu les conserver parce qu'on n'avait pas l'agrément. Mais aujourd'hui, ils sont dans des clubs pros. Certains sont pros. On ne peut que s'en réjouir et être fier pour ces gamins, parce que la finalité de notre métier c'est aussi ça.
"Je remercie le club de m'avoir permis de devenir recruteur"
Ma vocation première, c'est d'entraîner et de former des jeunes joueurs. J'ai fait ça pendant plus de 16 ans avec de grands souvenirs comme la demi-finale de Gambardella perdue avec le Paris FC contre les Girondins de Bordeaux d'Enzo Crivelli en 2013. C'est ce qui m'anime le plus et je pense que j'y retournerai un jour. Aujourd'hui, je suis titulaire du BEF (UEFA A) et j'ai la volonté de passer d'autres diplômes. Avec le temps, je me suis rendu compte que les métiers d'entraîneur et de recruteur pouvaient être liés. En soit, l'entraîneur est aussi un peu recruteur. Il doit faire des choix en mettant les joueurs aux bons postes, ce qui rejoint un peu notre travail. C'est pour ça que je n'ai pas de mal à faire ce métier de recruteur, à la seule différence près que je ne suis plus sur le banc de touche. Je peux observer plus facilement les vingt-deux acteurs sur le terrain et voir les joueurs qui ont un profil intéressant qui correspond à l'image du club. C'est passionnant, instructif et je remercie le club de m'avoir permis de devenir recruteur.
Des critères de recrutement bien précis
Depuis l'arrivée du nouveau directeur du centre, la priorité reste le football. On cherche avant tout des joueurs de foot avec une vraie intelligence de jeu. Mais il faut aussi prendre en compte l'aspect scolaire. L'éducatif est important comme le cadre environnemental. Si l'environnement n'est pas adapté à une bonne hygiène de vie ou que le gamin ne travaille pas bien à l'école, ça peut vite devenir compliqué. Étant à Paris, la proximité est notre meilleur atout pour favoriser la réussite de nos jeunes, éviter le dépaysement familial trop tôt. Nous tenons à conserver ce concon familial, et un juste équilibre pour nos joueurs. Tous ces volets sont primordiales même si, je le répète, on recrute d'abord des footballeurs.
Un lien fort lie Emanuel Tando et Jonathan Bamba, l'attaquant du Losc, également passé par le Paris FC. L'histoire forte avec Jonathan Bamba
Jonathan, ça c'est un footballeur. On a une histoire très particulière lui et moi. Je l'ai eu en U15 DH à l'UJ Alfortville lors de la saison 2010/2011. Dès son premier entraînement, je me suis dit qu'il allait finir professionnel. C'est le joueur le plus talentueux et le plus complet que j'ai eu à entraîner. En plus, c'est un garçon qui est d'une très bonne famille, respectueux et professionnel. Avec moi, il a joué tous les postes et il a toujours répondu présent. Maintenant, quand je le vois jouer, j'ai les larmes aux yeux et je me rappelle de notre discussion au moment de son départ à Saint-Etienne. J'allais au Paris FC et je lui avais dit que s'il maintenait son niveau, je ferais tout mon possible pour le faire venir ici. Et c'est ce qui s'est passé. Il y a trois ans, il est venu en prêt dès ma première année de recruteur au Paris FC. Tout s'est fait très vite. Il nous a fait six mois de qualité. Il a pu se montrer, avoir du temps de jeu. Ça a été bénéfique pour moi, mais surtout pour lui. Aujourd'hui, il est le troisième meilleur buteur de Ligue 1 derrière Mbappé et Neymar. C'est fantastique. J'avais dit qu'il serait une future star de la Ligue 1, je ne me suis pas trop trompé. Je le suis souhaite tout le bonheur du monde parce que c'est un super garçon.
"Moi-même j'ai été en centre de formation, à Sedan et au Stade de Reims. J'ai joué à tous les plus hauts niveaux nationaux, de Benjamins à Juniors. J'ai fait tous les Interligues avec Michel Roblès, CTD de la Seine-et-Marne à l'époque. J'ai aussi joué avec Mourad Meghni à l'US Torcy avant qu'il parte à Bologne. À Créteil, j'ai côtoyé Cédric Avinel, maintenant à l'AC Ajaccio. Ils font partie des personnes qui comptent comme Denis Lavagne qui m'avait recruté à Sedan. J'ai toujours été surclassé, mais je n'ai pas pu faire les sélections à Clairefontaine car je n'avais pas la nationalité française à l’époque. Plusieurs choses ont fait que je suis passé de l'autre côté de la barrière. Mais le foot, c'est ma vie. Ne pouvant pas être professionnel, j'ai passé mes diplômes d'entraîneur, et aujourd'hui je suis recruteur. Le football, c'est ma vie J'y ai fait de belles rencontres comme Abdou Diaby et Alex Song. À Sedan, j'ai aussi joué avec Christopher Samba qui a fait une belle carrière en Angleterre avant de partir à l'Anzhi avec Eto'o. Toutes ces personnes, et j'en oublie, ont compté à un moment donné." (Emanuel Tando)