"Dans mon programme de remise en condition, je mélange la méthode occidentale avec ce à quoi nous sommes habitués en Asie", expose Eduardo Santos à l''AFP'. "Je ne peux pas arriver en Chine et demander aux joueurs chinois, qui sont suivis par la médecine chinoise depuis leur enfance : 'Allez, quoi, oublie ce que tu fais d'habitude'. Je n'aime pas ça".
Le spécialiste âgé de 38 ans, arrivé au Shanghai SIPG en tant que (probable) premier médecin du foot "transféré" contre une indemnité substantielle (1 million d'euros), y est devenu un adepte de l'acupuncture.
Crâne chauve et bouc bien taillé, le Brésilien est officiellement "responsable du département médical" du SIPG, où il se félicite d'avoir la confiance de l'encadrement technique, d'abord Andre Villas-Boas, avec qui il travaillait déjà à Saint-Pétersbourg, puis depuis novembre 2017 un autre Portugais, Vitor Pereira.
Il y dispose aussi d'un staff étoffé de huit personnes, toutes chinoises en partie parce qu'il voulait apprendre à leur contact.
Ouverture d'esprit
Santos affirme avoir décliné des offres de poids lourds européens pour continuer à travailler en toute liberté au sein d'un SIPG "ouvert d'esprit". À ses yeux, certains clubs européens n'accordent pas encore assez d'importance au développement de leur département médical.
"Pour moi, c'est très, très étrange", explique l'ancien médecin du Vitesse Arnhem (Pays-Bas). "Ils doivent investir dans leur équipe médicale, pas uniquement pour avoir les meilleures machines du monde. Ils ont besoin d'investir pour les personnes qui travaillent ici".
Si son avis compte, c'est qu'il a quelques succès médicaux à son tableau de chasse. Prenez Hulk, le "Monsieur muscles" du football brésilien. "À une époque, il avait de nombreuses blessures, beaucoup de problèmes. En regardant Hulk, vous vous dites : 'Wow, c'est un joueur très fort'. Mais il avait des muscles faibles, des mollets en mauvais état", diagnostique Santos.
"Il avait beaucoup de puissance au niveau des quadriceps", à l'avant des cuisses, "mais rien dans les mollets. Nous avons donc commencé à rééquilibrer ses muscles après une évaluation personnelle, qui nous a permis de trouver le problème et d'établir le programme de guérison et de prévention. Et depuis ? Plus de problèmes" pour l'attaquant de 31 ans.
David Luiz, Falcao, Mangala...
Ces résultats spectaculaires suscitent pour le moins de la méfiance de la part du milieu médical international. "Je suis un scientifique, je me base sur des travaux publiés", explique par exemple au magazine 'France Football' le docteur Jean-Pierre de Mondenard. "S'il veut lever les doutes, il ne doit pas rester dans le mystère parce que c'est ce mystère qui entraîne les soupçons".
Douteux ou pas, certains viennent de loin pour consulter celui que la presse française a surnommé, avec une pointe de suspicion, 'docteur miracle' en 2015, quand il a remis sur pied le défenseur David Luiz en un temps record.
Alors au PSG, le Brésilien voulait absolument disputer le quart de finale de Ligue des champions contre Barcelone malgré une blessure à un mollet. Et à la surprise générale, défiant tout diagnostic, il avait pu disputer 69 minutes du match aller et l'intégralité du retour... Sans pour autant éviter la sèche élimination du PSG.
Autres patients du docteur brésilien : le gardien international brésilien de Watford Heurelho Gomes, le défenseur français Eliaquim Mangala (prêté à Everton par Manchester City), le Belge de Tottenham Mousa Dembélé, ou encore le Colombien de Monaco Radamel Falcao.
"Nous ne faisons pas de miracles", assure malgré tout Santos, sans pouvoir s'empêcher de rosir quand on lui rapporte le surnom de "docteur miracle". "Je fais de la science, et bien sûr les résultats que j'ai sont très, très bons. Dans le foot, la plupart des blessures concernent les mollets. Au SIPG, nous n'avons pas ce genre de blessures".