L'heure de la reprise a sonné pour les Angevins. Ce lundi, à 16 heures, les hommes de Stéphane Moulin reprendront l'entraînement avant d'attaquer une nouvelle saison en Ligue 1. En marge de ce rendez-vous, 'Goal' s'est entretenu avec le préparateur physique du SCO Benoît Pickeu, qui est aussi le frère du directeur sportif Olivier Pickeu. L'occasion d'en savoir plus sur son métier et la manière dont il a préparé la reprise.
Comment avez-vous préparé la reprise et quels éléments avez-vous pris en compte ?
On s'est eus plusieurs fois au téléphone avec le coach. Même si on était en vacances, il a fallu s'appeler car il y a eu des modifications sur les matches amicaux, sur les joueurs qui allaient travailler avec nous. Ce sont des paramètres qu'il faut prendre en compte. Je lui ai demandé, comme toujours, s'il souhaitait qu'on reparte avec la même philosophie ou s'il voulait modifier certaines choses. Il m'a fait son constat, on a posé les jalons ensemble. Et de mon côté, je lui ai proposé ma prépa.
Allez-vous repartir sur les mêmes bases justement ?
Il y aura toujours des ajustements. C'est ça qui est passionnant, et c'est nécessaire. Je ne vais pas tout dévoiler, mais dans la philosophie le coach souhaite qu'au niveau athlétique, on reste une équipe très performante. Il a des exigences fortes et veut qu'on continue dans ce sens-là. Comme peut l'être l'état d'esprit chez nous, l'aspect athlétique est un de nos fonds de commerce. Il faut qu'on entretienne cela parce que ça fait partie des clés de notre réussite.
Quelle est l'organisation interne au SCO d'Angers sur cet aspect bien spécifique de la préparation physique ?
Un collègue s'occupe du centre de formation, et je gère seul la préparation de l'équipe pro. Ce qui ne veut pas dire que je ne travaille pas en collaboration avec l'ensemble du staff, qui a son mot à dire. Je travaille beaucoup avec le staff médical. On a une grande complicité et une grande connivence.
"Je préfère qu'on soit à 90% pendant 6-8 mois plutôt qu'à 100% d'entrée et que ça ne dure pas" Comment éviter les blessures tout au long de cette préparation souvent rude pour les organismes ?
C'est l'une de nos missions avec le staff médical. Je dois permettre aux joueurs de trouver et conserver leur forme. Pour cela, il est important de prévenir et éviter les blessures. Notre travail est basé là-dessus. C'est de l'exigence au quotidien et lors de la première semaine on va être dans des conditions privilégiées. Tous les intervenants du staff médical vont faire des bilans. Avec les kinés, on va tirer des profits, on va prévenir certaines blessures en fonction des problèmes de chacun. Que ce soit au niveau de la cheville pour l'un ou un mauvais placement de genou pour l'autre. Ce sera à nous de mettre en place des choses.
Les joueurs ont-ils reçu un programme spécifique à respecter cet été ?
Oui, on fonctionne encore comme ça. Moi, je suis encore un petit peu à l'ancienne, j'aime bien le format papier (rires). Du coup, tous les joueurs ont reçu un papier sur lequel ils avaient leur programme. Ils ont aussi reçu un mail au moment où commençait la prépa. C'est pour ça que j'ai eu le coach au téléphone pendant les vacances par exemple. On a eu le cas avec Ryan Aït-Nouri, qui était en sélection, il a fallu réadapter son programme. On s'est aussi appelés plusieurs fois avec Abdoulaye Bamba. Il était à l'étranger et n'avait pas forcément la structure pour suivre le programme que j'avais demandé. Il est parti aussi quelques jours en sélection et n'a pas été retenu au final, mais il a eu des périodes de congés plus courtes que les autres, ce qui a nécessité des adaptations.
Peut-on craindre une période plus délicate sur le plan physique pour vos joueurs durant la saison ?
Il faut justement qu'on fasse en sorte qu'il n'y en ait pas. Moi, je préfère qu'on soit à 90% pendant 6 à 8 mois plutôt qu'on soit à 100 ou 120% tout de suite et que ça ne dure pas. C'est l'intérêt du football. On peut aussi avoir des joueurs en capacité de compenser les méformes des uns et des autres. Par expérience, on sait très bien que n'importe quel joueur ne sera pas à 100% toute la saison. En revanche, même s'il n'est pas à 100%, un joueur peut être indispensable à l'équipe. C'est toute l'adaptation que tu vas mettre en place dans la charge de travail qui va te permettre de garder ce niveau de performance.
"Baptiste Santamaria : c'est une machine, je l'appelle le '4x4' !" D'autres aspects, psychologiques par exemple, vous obligent-ils à dépasser vos fonctions pour permettre à vos joueurs de garder ce niveau de performance ?
Le coach prend une grande part sur cet aspect, mais on a tous notre rôle à jouer. Même si je me concentre d'abord sur ma fonction première, il est certain que j'interviens aussi là-dessus.
Comment jugez-vous l'évolution au club dans votre domaine ces dernières années ?
Si je me réfère aux statistiques, je pense que c'est très positif. Aujourd'hui, nos joueurs sont capables de courir de longues distances. Et non seulement ils sont capables de courir longtemps, mais ils arrivent aussi à enchaîner avec des prises d'initiative. Notre équipe montre qu'elle arrive à gérer les courses à haute intensité, qu'elles soient offensives ou défensives. C'est une belle évolution et il faut absolument entretenir cela, sans oublier ce qui fait notre force.
Au sein du collectif, il y a l'exemple Baptiste Santamaria, qui est le joueur qui a parcouru le plus de distance en Ligue 1 cette saison (442,8 km). Quel est son secret ?
C'est déjà un gros potentiel. Il a un vrai coffre, une VMA de coureur à pieds avec des qualités de footballeur. Il a un super compromis morphotype, capacité aérobie et force. En plus, il a joué tous les matches. Je l'appelle le "4x4". C'est une machine. Il passe partout, il prend des coups, il se relève. C'est vraiment l'image du "4x4". Je suis exigeant avec lui, je ne le lâche jamais, mais ça répond et il en rigole. D'ailleurs, il me dit souvent : "tu ne vas pas me lâcher avec tes renforcements ?" Mais il sait que je si je dois lui mettre un renforcement à la dernière journée, je le ferai et il ira. Pour moi, c'est top de bosser avec quelqu'un comme lui.