D'un naturel discret et réservé, Edson Mexer (29 ans) nous a retrouvé au centre d'entraînement de La Piverdière jeudi midi, quelques minutes seulement après l'entraînement du Stade Rennais. Le défenseur mozambicain, qui vient de devenir papa, a ainsi fait le point sur son évolution et celle du groupe depuis l'arrivée de Sabri Lamouchi. Un entretien pour 'Goal France' au cours duquel il se dévoile un petit peu, mais pas trop, pour ne pas trahir sa pudeur habituelle.
En 82 matches de Ligue 1 avec le Stade Rennais, vous n’avez été remplaçant que 3 fois. Cela en dit long sur votre statut au club aujourd’hui...
Mexer : Je ne connaissais pas ces chiffres. Je suis très heureux d’avoir joué tous ces matches pour un club comme le Stade Rennais. C’est synonyme d’un joueur qui travaille bien à l'entraînement, qui est appelé souvent et qui répond sur le terrain. C’est très gratifiant.
Avec l’arrivée de Sabri Lamouchi, les cartes ont été redistribuées, mais lui aussi vous fait confiance. Comment se passe le travail à ses côtés ?
Dès qu’il est arrivé, ça a été une nouvelle vie pour nous tous. C’est un nouvel entraîneur, il a changé les choses. C’est comme un nouveau départ.
Son management et ses principes de jeu sont-ils bien différents de ceux de Christian Gourcuff ?
C’est difficile à dire. Chacun à sa philosophie de jeu et d’entraînement. De ce que j’ai vu, il est plus dynamique, plus proche des joueurs. Il est là, il intervient. Il est actif pendant les séances. Il travaille un peu à l'italienne, sûrement parce qu'il a joué là-bas.
Ces dernières semaines, Jérémy Gélin vous a accompagné en défense centrale. Que pensez-vous de ses débuts en professionnel ?
Il a un grand futur devant lui, d'énormes qualités. Il une très bonne relance, il est intelligent dans le jeu. De belles choses l'attendent.
En tant que joueur d’expérience, ressentez-vous le besoin de le conseiller ?
Oui, oui. Quand l’entraîneur est arrivé, il m’a demandé de parler plus. Je suis un peu réservé. Il m’a dit que ce qu’il me manquait c’était d’avoir un rôle de leader derrière, que j’étais un joueur très important et que je devais plus communiquer, autant avec Gélin qu’avec les autres.
Comment vous sentez-vous dans ce nouveau rôle ?
Je pense que j’ai grandi grâce à ça parce que j’étais un peu trop réservé.
La surprise, c’est la relégation sur le banc de Joris Gnagnon. Même s’il n’est pas toujours facile de parler des autres, auriez-vous mis une pièce sur un tel scénario ?
L’entraîneur fait ses choix, il faut les respecter. C’est bon pour nous tous. Autant pour Joris, que pour moi, Ramy (Bensebaini) ou Gélin. Il y a de la concurrence derrière et ça nous motive encore plus à bosser. Tout le monde peut jouer. Et si tout le monde peut jouer, c’est à l’entraîneur de faire ses choix.
Du coup, vous aussi, vous êtes concerné. Si vous n'êtes pas bon, vous pourriez aller sur le banc...
Exactement. Tout le monde ressent cette pression et ça nous motive tous à travailler dur.
"Même s’il n’est pas très content en ce moment, sur le terrain ça ne se voit pas. Il est très professionnel", nous disait Sabri Lamouchi mercredi à propos de Joris Gnagnon. Comment le trouvez-vous ?
C’est un joueur qui avait la confiance de l’ancien entraîneur et du public. Un joueur de futur pour le club. Dans ce type de situation, moi non plus, je ne serais pas satisfait. Mais il doit continuer à faire ce qu’il fait, c’est à dire travailler parce que l’entraîneur compte sur tout le monde. Il peut entrer comme je peux sortir, ça peut changer. C’est comme ça.
Pour vous, en revanche, tout semble très bien se passer. Vos blessures, c’est de l’histoire ancienne ?
Je crois et je l'espère. Je fais un gros travail de prévention pour ne plus avoir de blessures et pour moi, c’est du passé.
Qu’est-ce que vous avez changé concrètement dans votre quotidien ?
Principalement l’alimentation. À partir du moment où mon épouse est arrivée, ça a changé. J’habitais seul et je ne m’alimentais pas bien. Je me reposais peu. Quand on habite seul on se pose moins à la maison. Maintenant ce n'est plus le cas, j’ai une alimentation variée... Je pense que ça m’a beaucoup aidé.
Justement, vous êtes papa depuis peu. Félicitations ! Qu’est-ce que ça change dans votre quotidien de footballeur ?
J'ai pu voir avec d’autres joueurs, plus vieux, que l’arrivée d’un enfant est toujours une bonne chose. On est plus relâché. Moi qui habitait seul, l’arrivée de mon fils m’apporte plus de motivation. Quand je rentre chez moi, je vois mon fils, je l’embrasse, je pense que ça me motive beaucoup et ça me fait avancer.
Avec votre enfant et votre femme installée à Rennes, vous êtes là pour rester alors ?
Ça dépend... Je suis là, au service de Rennes, je suis très heureux ici. Mais si une proposition d’un plus gros club arrive et que tout le monde est d’accord, pourquoi pas.
Est-ce qu’on peut dire que les blessures dont vous avez été victime ont freiné votre évolution ? Parce qu’à un moment on vous annonçait quand même à l’Inter Milan…
C'est sûr. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais si vous avez bien fait attention, mes blessures sont toujours arrivées quand j’étais à mon meilleur niveau. Après, il fallait retrouver le rythme à chaque fois. C’était compliqué pour moi.
Vous aviez démarré très fort à Rennes et il y a eu tous ces pépins physiques. Aujourd’hui, vous considérez-vous comme fragile physiquement ?
Je ne suis pas un joueur fragile. Comme je l’ai dit, il y a peut-être une explication à travers l’alimentation, le manque de prévention. Aujourd’hui, je fais plus de renforcement musculaire.
Le constat qu’on peut faire, c’est que les supporters vous apprécient, mais ne vous connaissent pas beaucoup. Pourquoi cette discrétion ?
C’est difficile de répondre à ça (rires). Mais bon... Je suis un étranger, je vis dans un pays que je ne connais pas. Je suis ici pour travailler. Sortir trop, m’exposer sur les réseaux sociaux... Je le fais chez moi au pays. Ici, je sors du club, je rentre à la maison, je me promène. J’ai une vie tranquille.
Où vous sentez-vous le plus à l'aise pour vous exposez du coup ?
J’ai une maison à Lisbonne mais ma terre c’est le Mozambique. Avec ma femme, on va sûrement habiter au Portugal après ma carrière. Je pense que je pourrais offrir une meilleure vie à mes enfants.
Comprenez-vous les joueurs qui ont besoin de se montrer en dehors des terrains ?
C’est ma manière d’être, les autres font ce qu’ils veulent.
On se demande d’ailleurs comment ça se passe dans le vestiaire. Vous parlez portugais, français, vous avez un binôme ?
Je parle français, un peu quoi. Les bases. En anglais, sur le terrain avec Koubek. On parle beaucoup tous ensemble. On rigole. Le vestiaire est très sain.
Propos recueillis par Benjamin Quarez & Gary De Jesus, à Rennes.