Agée de 30 ans, la Lyonnaise a été décisive avec son club lors des deux dernières finales de Ligue des champions remportées par l'OL en 2016 et 2017 aux tirs au but. En sélection, elle a connu moins de réussite dans cet exercice à l'image de l'élimination en quarts de l'Euro 2013.
Malgré la qualité de jeu souvent déployée, la France n'a encore jamais réussi à gagner de titre international. Est-ce la bonne cette fois ?
"On l'espère. On va déjà jouer les trois matches (de poule), se donner comme objectif de passer les quarts de finale car ce n'est encore jamais arrivé pour l'équipe de France. Après, petit à petit, on se mettra un objectif (...) Même si on nous met favorites parmi certaines nations, on est en construction. On a fait une très bonne saison avec la sélection, on a peaufiné notre jeu, on a progressé, mais on doit rester humble et avoir les pieds sur terre."
En décembre dernier, la Fédération Internationale de l'Histoire et des Statistiques du Football vous a désignée "meilleure gardienne du monde". Cette distinction est-elle importante pour vous ?
"J'ai été surprise. Je n'étais pas au courant. Sur Twitter, j'avais des messages de félicitations. Je n'avais jamais entendu parler de ce titre. Après, il y avait quand même une énorme fierté car cela récompense le travail que je fais depuis plus de quinze ans. Je suis fière de l'avoir remporté et maintenant que je sais qu'il existe, j'essaierai tous les ans de le garder à la maison."
Vous considérez-vous justement comme la meilleure gardienne du monde ?
"Je pense que je fais partie des meilleures gardiennes. Après comme je le dis assez souvent, je ne l'ai pas encore assez démontré avec l'équipe de France. Je le montre avec mon club mais en équipe de France, ce n'est pas encore ça."
Qu'est-ce qui change en équipe de France, pourquoi êtes-vous moins performante ?
"Il y a un 'switch' que je dois faire au niveau de mon style de jeu qui n'est pas forcément évident. J'ai un nouveau sélectionneur qui me demande quelque chose de complètement différent. Ce qui fait que j'apporterai à l'équipe de France et serai la meilleure, c'est si j'arrive à l'aider à passer ces quarts, ces demies, aller en finale et faire quelque chose."
En quoi les attentes du sélectionneur sont-elles différentes ?
"À l'époque, avec Gérard Prêcheur à Lyon, il me demandait énormément de repartir derrière. Il y avait des relances qui pouvaient être parfois risquées et qui pouvaient nous mettre en difficulté. Aujourd'hui en équipe de France, on me demande d'être sobre et de ne prendre aucun risque. Moi je suis quelqu'un de très joueuse et qui aime bien repartir propre et essayer de repartir court. C'est cette chose là que je dois me mettre en tête, essayer de ne pas prendre de risque pour ne pas mettre en difficulté l'équipe".
Il y a deux ans, l'entraîneur des gardiennes des Bleues parlait de saute de concentration à votre sujet. Est-ce que vous pensez avoir passé un cap à ce niveau ?
"C'est vrai que c'est un mot qui revient souvent quand on me caractérise. Je ne sais pas si c'est réellement un manque de concentration. Quand je reçois le ballon ou quand je suis dans le match, je suis concentrée à 200%. Des erreurs techniques, je pense que ça arrive à tout le monde, les joueuses ou les gardiennes, malheureusement, nous, ça se voit très vite. Moi je dirais que c'est surtout une étiquette qu'on m'a mise sur le dos et que les gens ont du mal à enlever."
Propos recueillis par Adrien de CALAN.