La France reste "le pays où je suis né, c'est là-bas que j'ai grandi, donc oui ce sera un peu spécial", confiait Nego dans un entretien fin mai à l'AFP.
Après plusieurs années en Hongrie et un trophée de meilleur joueur du championnat en 2019 avec son club de MOL Fehervar (ex-Videoton), le latéral de 30 ans a décroché l'automne dernier la consécration suprême: sa convocation par le sélectionneur Marco Rossi, juste à temps pour l'Euro.
Né en janvier 1991 à Paris de parents guadeloupéens, Loïc Nego, voix douce et attitude réservée, a grandi à Garges-lès-Gonesse, dans la banlieue nord de la capitale, dans un milieu modeste. Il fréquentait à l'époque un certain Wissam Ben Yedder, aujourd'hui chez les Bleus.
A 15 ans, le talentueux footballeur rejoint le centre de formation du FC Nantes. "C'était un garçon d'une rare gentillesse, un peu écorché vif", raconte Matthieu Bideau, qui l'a recruté.
"Ce qu'on avait aimé avec mon collègue Philippe Casagrande, c'était son côté félin, très technique mais aussi virevoltant et dynamique", décrit-il.
Didier Roumazeille, directeur technique du FC Bourget qui avait auparavant accueilli Nego, évoque lui aussi "de grosses qualités footballistiques, une intelligence de jeu" et "quelqu'un de travailleur, très à l'écoute".
Rome, Liège et Charlton
En 2011, le jeune homme s'envole pour l'AS Roma. "Après, il s'est perdu en route, il a eu de multiples expériences" (Standard de Liège, Charlton) jusqu'à son arrivée en Hongrie, rappelle Matthieu Bideau.
"Il a trouvé sa place là-bas", estime le Nantais, resté en étroit contact avec lui. "Il y a six mois, il m'a appelé pour me dire : "J'ai acheté une maison à Maman". Pour lui, c'était le Graal."
Matthieu Bideau se souvient encore de la soirée du 12 novembre quand, à la 88e minute du match de barrages face à l'Islande, son "fiston" comme il aime l'appeler, sauva son pays d'adoption de la défaite en égalisant.
"Quand j'ai appris ça, j'ai dit à ma femme, le Bon Dieu existe", lance-t-il.
"Bravo mon Loïc! Lajos!", hurle alors le commentateur de la télévision hongroise.
"Tout le monde était heureux et fier de ce que j'avais accompli", sourit le défenseur.
Au moment d'entrer en jeu, Nego savait qu'au bout l'attendait une rencontre contre la France, qui plus est "à domicile", Budapest étant une des 11 villes hôtes de la compétition européenne.
"J'avais en tête que je pourrais revoir d'anciens camarades et que ça pourrait être chouette", dit-il, en allusion à Ben Yedder et Griezmannn, avec qui il a remporté en 2010 le Championnat d'Europe U19, sous le même drapeau tricolore.
"Ça va être un plaisir. Un peu de stress mais même eux, ils en auront un peu."
"Choix du cœur"
"Aujourd'hui c'est tout pour la Hongrie", insiste Loïc Nego, qui ne "regrette pas du tout" d'avoir pris la nationalité hongroise.
"Un choix du cœur", qui n'a pas suscité de débats dans ce pays d'Europe centrale, malgré la politique généralement anti-immigration du Premier ministre Viktor Orban, mais aussi parce qu'il n'allait pas "faire la fine bouche".
"Je savais que ma probabilité de jouer en équipe de France était proche de zéro, donc j'ai sauté sur l'occasion qui m'a été offerte".
Il aime sa vie à Budapest, "une très belle ville" où il habite avec sa femme et ses deux enfants, même si la langue est "un peu compliquée".
Les espoirs de la Hongrie, qui fait face à des adversaires de taille dans un groupe F réputé "de la mort" (France, Allemagne, Portugal), paraissent infimes. Surtout après sa défaite 3-0 mardi face aux hommes de Cristiano Ronaldo.
"On va jouer les coups à fond", promet néanmoins le trentenaire, qui espère profiter du moment pour "se montrer" et pourquoi pas se faire remarquer par un grand club.
Une perspective tout à fait "possible", selon Matthieu Bideau. "Il est frais mentalement et n'est pas usé par le football, il en a sous la semelle".
Une chose est sûre: samedi à 15H00, les proches de Nego seront tous derrière leur écran. "Si lui marque et que l'équipe de France gagne, je serai très content", souffle Didier Roumazeille.