Après la défaite inaugurale contre la France (1-0), la Mannschaft avait la gueule de bois et Gosens s'est même retrouvé au coeur d'une polémique pour avoir violemment chargé au visage le défenseur français Benjamin Pavard, resté sonné sur le coup.
Mais sa prestation samedi à Munich contre les champions d'Europe en titre a mis tout le monde d'accord: Robin Gosens (26 ans), intenable sur son aile gauche, a sonné le réveil de l'Allemagne, menée au score en début de rencontre après le but de Cristiano Ronaldo (15e).
"Je dois me pincer, je n'y crois pas encore", a-t-il plaisanté après le match. "Je suis ultra "happy" (heureux, NDLR), je vais en profiter ce (samedi) soir et demain (dimanche) encore un peu. Et ensuite on se concentre sur la Hongrie (mercredi prochain)."
Le natif d'Emmerich, sur les rives du Rhin, aurait pu ouvrir la marque de manière mémorable, d'une reprise de volée en ciseau, finalement annulée pour hors-jeu (5e)...
Peu importe: Gosens a amené l'égalisation d'un centre puissant que le Portugais Ruben Dias a malencontreusement catapulté dans sa propre cage (35e).
Peu adepte de la langue de bois
C'est à nouveau un de ses ballons qui a amené le but du 2-1, avec une action achevée par un centre de Joshua Kimmich et un nouveau "c.s.c." de Raphaël Guerreiro (39e).
Juste après la pause, son centre rasant depuis l'aile gauche a été dévié dans la cage par Kai Havertz.
Puis Gosens a marqué à son tour: il a alourdi le score d'une tête puissante (4-1, 60e), soit son deuxième but en sélection, et il a cédé sa place dans la foulée sous l'ovation de l'Allianz-Arena qui scandait son nom, apparemment victime d'un petit souci musculaire aux adducteurs : "Je suis sorti à temps", a-t-il aussitôt dédramatisé.
De quoi s'attirer les éloges de son sélectionneur: "Il a été combattif, toujours dangereux sur le but adverse, c'est ce dont nous avons besoin", a commenté Joachim Löw.
Son premier but avec l'Allemagne, Gosens l'avait marqué en match de préparation contre la Lettonie (7-1) début juin et sa réaction contrariée avait pris les supporters allemands à contre-pied: "J'en ai raté un", avait pesté Gosens, peu adepte de la langue de bois.
N'a-t-il pas clamé, sans détour, ses ambitions ? "Nous avons le potentiel pour devenir champions d'Europe", a prévenu ce joueur aux faux airs de Lukas Podolski, l'ancien attaquant de la Mannschaft.
"Je ne vois pas trop la ressemblance, mais je voudrais bien avoir sa patte gauche", a ajouté ce caractère spontané, peu adepte de la langue de bois et auteur d'une autobiographie intitulée: "Rêver vaut la peine".
Chemins de traverse
Cette performance à l'Euro est un bel aboutissement pour un latéral qui a pris les chemins de traverse avant de rejoindre la Mannschaft, quittant l'Allemagne pour s'aguerrir aux Pays-Bas (Vitesse Arnhem, Dordrecht, Heracles) avant d'atterrir à l'Atalanta en 2017.
Quoi qu'il en soit, son éclosion au plus haut niveau n'est pas une surprise pour les supporters de la "Dea".
Gosens, qui étudie la psychologie du sport parallèlement à sa carrière professionnelle, est l'un des hommes forts du système de Gasperini à Bergame, où les latéraux sont des rampes de lancement très utilisées pour amener le danger dans la surface adverse.
Il a d'ailleurs connu sa saison la plus prolifique pour sa quatrième année en Serie A avec 11 buts et 6 passes décisives.
La principale crainte pour les tifosi de la Dea est de le voir partir, la presse évoquant depuis quelques semaines des offres le concernant. Et lui-même regarderait probablement avec intérêt des propositions venues d'Allemagne, où il a crevé l'écran samedi.