Titulaire pour son premier match avec l'Espagne vendredi face au Portugal en amical (0-0), Aymeric Laporte a frappé fort d'entrée: il a réussi à museler la superstar Cristiano Ronaldo et la redoutable attaque du Portugal, composée de Joao Félix, Diogo Jota et Bruno Fernandes, entre autres.
Un test en conditions réelles réussi haut la main à une semaine de la cérémonie d'ouverture de l'Euro, pour celui qui, il y a un mois encore, n'avait même pas de passeport espagnol.
Tout s'est accéléré ces dernières semaines pour le natif d'Agen (sud-ouest de la France), formé au Pays basque dès ses quinze ans, entre l'Aviron bayonnais (2009-2010) et l'Athletic Bilbao (2010-2018) avant son départ pour l'Angleterre en janvier 2018 pour 65 millions d'euros.
"Cela vient de loin. Ils m'avaient contacté quand j'étais en U19, c'était différent d'aujourd'hui. Là, Luis Enrique m'a appelé, il m'a demandé quelle était ma situation, l'envie que j'avais de défendre ce pays, de jouer au plus haut niveau, et je lui ai dit que je serais très heureux d'en être", a expliqué Laporte dans un espagnol parfait samedi en conférence de presse, assurant qu'il allait "tout donner" pour ce maillot.
Son histoire de rendez-vous manqués avec les Bleus a fini par l'en lasser. Laporte n'a jamais réussi à convaincre Didier Deschamps: après avoir été présent dans toutes les équipes de France de jeunes, il n'est jamais entré en jeu avec l'équipe de France A.
Appelé une première fois fin 2016, puis en mars 2017, il ne dispute pas une minute en match officiel. Convoqué à nouveau en août 2019, Laporte se blesse et manque le coche.
"Je suis sûr que notre relation restera cordiale. J'avais essayé de me mettre en contact avec lui mais ça n'avait pas pu se faire, sans doute parce qu'il avait dû changer de numéro. Cela ne me préoccupe plus aujourd'hui", a assuré Laporte samedi, naturalisé espagnol le 11 mai sur demande expresse de Luis Enrique.
"Ce qui me gêne, c'est ce qu'il peut dire et qui est mensonger", a réagi le sélectionneur des Bleus dans un entretien à la presse quotidienne régionale française. Laporte avait déclaré qu'il avait envoyé un message à Didier Deschamps mais qu'il n'avait jamais eu de réponse.
"Le seul message que j'ai eu de sa part date du mois d'octobre pour une situation précise où il avait été blessé en septembre, il n'était plus dans les prélistes. Il était dans celles des mois de novembre, mars, et dans celle-là aussi. Il n'y a pas de gâchis, c'est son choix. Je lui souhaite bonne route. Ça fait partie de sa liberté", a poursuivi le sélectionneur français.
En Espagne, sa sélection dans le groupe de la "Roja" pour l'Euro n'a pas fait débat. Les Espagnols se sont plutôt réjouis de récupérer ce solide défenseur central oublié par la France.
Laporte lui-même a célébré cette sélection, en changeant son nom sur Twitter pour Aymeric "Lapuerta", et en publiant ce message : "Tout le monde le sait, la situation est ce qu'elle est, et je suis très honoré et très fier d'avoir la confiance du sélectionneur de la sélection espagnole de football."
Son arrivée pourrait peut-être aider à faire oublier l'absence du capitaine habituel Sergio Ramos, longtemps blessé cette fin de saison au Real Madrid et non retenu par Luis Enrique pour l'Euro.
Vendredi contre le Portugal, Aymeric Laporte a été titularisé en défense centrale aux côtés de Pau Torres, et malgré un dégagement raté directement en corner, la charnière s'est montrée plutôt convaincante.
Laporte a une occasion en or pour reprendra le flambeau de Ramos pour incarner le renouveau de la "Roja" à l'Euro.