Le roi des penalties doit partager son trône: Sommer a réussi à maintenir son équipe en vie alors qu'elle a été réduite à dix à partir de la 77e minute avec l'exclusion de Freuler. Mais ses multiples arrêts décisifs n'ont pas suffi en raison des échecs des siens dans la séance de tirs au but face au portier de la "Roja", Unai Simon.
Après 120 minutes de haut vol, la séance avait pourtant bien débuté pour le gardien de Mönchengladbach: il a vu la tentative du capitaine espagnol Sergio Busquets s'écraser sur son poteau, puis a stoppé le tir de Rodri. Mais sur la dernière frappe de Mikel Oyarzabal, Sommer a plongé du mauvais côté.
"Le trophée de meilleur joueur, moi, je le donnerais à Sommer", a salué Unai Simon après la victoire espagnole, en reconnaissance de l'énorme prestation offerte par son homologue suisse vendredi soir.
Grand artisan de l'élimination des champions du monde français en huitièmes de finale après avoir repoussé l'ultime tir au but de Kylian Mbappé (3-3 a.p., 5 t.a.b. à 4), Sommer a semblé pouvoir rééditer son exploit.
La rage de Moreno
Ses sauvetages consécutifs ont fait rager l'attaquant espagnol Gerard Moreno, qui a fini par frapper le poteau avec son crampon après une énième tentative loupée en fin de partie.
Il a successivement découragé tous les attaquants espagnols qui ont tenté leur chance. Ni Dani Olmo, ni Ferran Torres, ni Alvaro Morata, ni Mikel Oyarzabal n'ont réussi à trouver la brèche avant la séance de tirs au but.
Il s'est ainsi rappelé au bon souvenir des Espagnols, lui qui avait déjà stoppé deux tentatives de Sergio Ramos en novembre 2020 lors du nul 1-1 contre l'Espagne en Ligue des nations.
Mais l'Euro s'est brutalement et finalement arrêté pour l'élégant gardien helvète, qui avait brièvement quitté la "Nati" après le match face à l'Italie afin de rejoindre son épouse allemande Alina pour la naissance de leur deuxième fille, Nayla.
Un parcours qui dépasse déjà les espoirs initiaux de la sélection helvète qui a bataillé en début de tournoi avant l'électrochoc face aux Turcs (3-1), où Sommer a enchaîné quatre belles parades qui ont permis aux siens de préserver leur avance.
"Federer du foot"
A 32 ans, Sommer incarne l'humilité suisse: "Malgré son physique de play-boy, il ne se met jamais en avant. Dans le vestiaire, c'est un leader, mais toujours calme, qui dit les choses clairement mais sans s'énerver. Il dégage une tranquillité qu'il sait transmettre à l'équipe", avançait Steve von Bergen, son ex-équipier en équipe nationale, dans 'Paris Match Suisse' le 15 juin.
"Nous y avons toujours cru. Même avant le match, nous avons dit que quoi qu'il arrive dans le match, peu importe que nous soyons menés ou que les choses aillent bien, nous jouons jusqu'à la fin, nous n'abandonnons jamais. C'est toujours "tout est possible". Nous y croyons", avait déclaré Sommer au micro de la 'RTS' après le retentissant succès contre les champions du monde français.
Ce portier très agile, capable de rester très longtemps sur ses appuis avant de plonger, a été d'ailleurs qualifié par le quotidien romand '24 heures' de "Federer du foot suisse" pour son image de gendre idéal épargné par les polémiques.
La Suisse aura marqué cet Euro par son parcours au-delà des espérances. Mais l'on retiendra surtout ce gardien qui a sorti la France et le tir de Mbappé, puis frustré l'Espagne autant qu'il a émerveillé l'Europe.