Cet hiver, Falcao n'a pas disputé la moitié des rencontres de Monaco. Le Tigre, blessé contre Lyon à la cuisse gauche le 4 février, a pris son temps pour revenir. Histoire d'être totalement remis physiquement et d'éviter toute rechute musculaire à moins de trois mois du Mondial.
A 32 ans, après tout ce qu'il a enduré, le Colombien prend le plus grand soin de son corps. Il n'a, par exemple, pas joué à Strasbourg le 9 mars. La mauvaise qualité du terrain de la Meinau et la réputation d'une défense centrale adverse rugueuse l'ont incité à ne pas prendre de risque.
Désormais, chaque jour passé le rapproche un peu de son rêve de footballeur. "Pour moi, jouer ce tournoi, le plus beau, avec sa sélection, est un rêve", explique-t-il.
S'il veut être en Russie, la blessure lui est donc interdite. Sous peine de voir encore son rêve brisé.
Le traumatisme de 2014
Le souvenir de la blessure à Lyon contre le club amateur de Chasselay le 22 janvier 2014 est toujours ancré dans sa mémoire. La rupture des ligaments croisés de son genou avait à l'époque traumatisé la Colombie entière. A tel point que Soner Ertek, le défenseur qui l'avait involontairement blessé, fut même la cible de graves menaces.
Le "Tigre", capitaine et buteur en sélection, était alors le fer de lance de la 'Tricolor'. Après avoir triomphé à l'Atlético Madrid, il venait de signer avec l'AS Monaco un contrat de cinq ans pour un salaire annuel de 15 millions d'euros. Il était surtout le meilleur buteur d'une sélection en passe de faire oublier sa piteuse absence du Mondial-2006 en Allemagne.
Le Brésil attendait Falcao. Il vit finalement James Rodriguez, autre Monégasque qui signa au Real Madrid grâce à son Mondial. Malgré les meilleurs intentions du monde, malgré une flopée de chirurgiens et de kinés, Falcao dut, lui, renoncer.
Claudio Ranieri, accusé en interne d'avoir fait prendre des risques inconsidérés à sa star contre une équipe de 4e division, fut remercié en fin de saison. Et Falcao mit deux ans à s'en remettre. Traînant son spleen à Manchester United avec un Van Gaal peu compréhensif, puis à Chelsea avec un Mourinho peu serein.
Monaco aux petits soins
En juin 2016, le président Dmitri Rybolovlev, qui voyait le plus gros investissement de l'histoire du club se consumer et perdre chaque jour de sa valeur sportive, lui proposa un deal: revenir en Principauté se refaire une santé physique, dans un club où tout serait fait pour permettre sa résurrection.
Le joueur a compris son intérêt, après la mise en place d'un plan de reprise progressive avec les staffs sportif et médical. Il devait être au pic de sa forme physique à l'hiver 2016-2017.
Tel a été le cas. Sa belle fin de saison dernière lui a même permis de se rappeler aux bons souvenirs de l'Europe et de remporter le titre au dépens du PSG. Le début de la suivante fut de la même veine. Avec 13 buts en 10 journées, Falcao affolait les compteurs.
Moins enclin à vouloir séduire l'Angleterre ou le Real, il en a profité pour prolonger son contrat à Monaco jusqu'en 2020 avec une baisse de près de 50% d'un salaire, toujours néanmoins astronomique (8 millions d'euros annuels).
Les deux parties s'y retrouvent: le club garde sa tête de gondole, et Falcao sait que tout sera mis en œuvre pour qu'il vive enfin son rêve, dans des conditions optimales.