Ce mecredi soir (20h45), l'Atalanta peut remporter son premier titre majeur depuis 1963 et la Coupe d'Italie décrochée contre le Torino. 56 années d'attente pour les tifosi du club de Bergame qui pourraient bien exulter en cas de succès de leur équipe face à la Lazio au Stadio Olimpico de Rome. Longtemps dans l'anonymat, surtout au niveau européen, la formation lombarde montre les crocs depuis quelques années, sous l'impulsion de Gian Piero Gasperini, l'entraîneur qui a pris les commandes du club en 2016.
Meilleure attaque de Serie A
Adepte d'un jeu offensif avec plus de deux buts par match en Serie A (73 réalisations en 36 rencontres), l'entraîneur de 61 ans a su se relever de son échec à l'Inter Milan en 2011 (seulement cinq matches sur le banc après quatre défaites) pour revenir sous le feu des projecteurs. Son équipe, à deux journées de la fin, occupe la quatrième place synonyme de Ligue des champions la saison prochaine. Un véritable pied de nez à l'AC Milan et l'AS Rome, ses deux concurrents dans la course à la C1. "Toutes les autres équipes, en particulier les grandes, doivent travailler pour se rapprocher de la Juventus, a commenté Gasperini en conférence de presse mardi. Pour nous, il est difficile de maintenir ce niveau car ce n'est pas récompensé. Un mécanisme de méritocratie plus grand pour ceux qui atteignent certains objectifs serait plus juste."
Il est vrai que voir l'Atalanta finir la saison sans titre ni qualification en Ligue des champions serait cruel tant l'équipe de Bergame a animé à sa manière la saison de l'autre côté des Alpes. La meilleure attaque du championnat a pu compter sur quelques individualités remarquables pour se frayer un chemin au milieu des mastodontes du football italien. Duvan Zapata avec ses 22 réalisations, trois de plus que Cristiano Ronaldo, en est le parfait exemple. Buteur intéressant à Naples, l'Udinese mais également à la Sampdoria, le puissant avant-centre colombien est devenu une valeur sûre pour son équipe qui a eu le nez creux.
Gian Piero Gasperini n'a pourtant jamais varié ses principes avec son schéma à trois défenseurs axiaux. Le technien de 61 ans a continué de miser sur ce système depuis maintenant trois saisons et la réussite est bien là. Si cela apporte des garanties derrière, ce dispositif permet à l'Atalanta d'avoir une relance propre (84% de passes réussies en championnat) et d'ouvrir de nouvelles possibilités sur les ailes. Le pressing insistant et les efforts collectifs sont devenus la norme pour la récupération du ballon, avec des projections rapides pour porter le danger dans les 30 derniers mètres. "Nous avons beaucoup changé par rapport à l'année dernière, commente Gasperini. Nous avons ajouté de nouveaux joueurs, cela a pris du temps. En jouant les nombreux matches auxquels nous avons été confrontés, nous avons réussi à faire ces statistiques extraordinaires. Aucune équipe ne fait ces résultats par hasard."
Au coeur de la réflexion de l'entraîneur italien, les individualités occupent une grande place. S'il a conscience d'avoir posé de solides bases au sein du club de Bergame, Gasperini a souhaité mettre en avant les performances de ses hommes. "Si l'Atalanta est à ce niveau depuis si longtemps, peut-être devrions-nous revoir l'évaluation de ces joueurs. Quand nous parlons de Gomez, Ilicic, Zapata ou De Roon, vous devez vous demander s'ils réussiraient aussi bien dans les grandes équipes. Je pense que oui. L'Atalanta est certainement le fruit de mon travail, mais surtout de la performance de ces joueurs sinon ce serait plus difficile pour moi."
Un nouvel Ajax potentiel selon Capello
L'Atalanta bouscule les codes et la hiérarchie en Italie avec son jeu séduisant qui est devenu sa marque de fabrique. Papu Gomez et les siens ont décroché plusieurs succès de prestige notamment dans cette Coupe d'Italie avec le triomphant succès (3-0) en quart de finale contre la Juventus, quadruple tenante du titre. De quoi enchanter Fabio Capello qui n'a pas hésité à faire le parallèle entre les performances de La Dea et de l'Ajax Amsterdam en Ligue des champions. "On peut dire que tout a commencé là-bas (à Bergame), parce que les joueurs de Gasperini défendent en un contre un et que la Juve n'est pas habituée à ce niveau de pression pour le match entier. Nous devrions parler et faire l'éloge de l'Ajax, et à juste titre, mais contre Atalanta, la même chose s'est produite pour la Juve. Les deux équipes jouent le ballon au sol, elles attaquent l’ensemble du terrain avec beaucoup de joueuts et ne vous laissent pas de place. Ce que nous avons vu ici à Turin (lors du quart de finale retour) s'est déjà passé à Bergame", a commenté l'ancien entraîneur de l'AC Milan sur 'Sky Italia'.
Difficile de dire si la prophétie de Capello se réalisera la saison prochaine. En attendant, avec ces ultimes échéances, l'Atalanta peut valider un cycle vertueux avec un titre et une présence en C1 à la rentrée. Une belle prouesse pour un club encore habitué au ventre mou il y a quelques années. Désormais les équipes de Serie A craignent le club de Bergame et notamment les déplacement au Stadio Atleti Azzurri d'Italia. Une première victoire à souligner.