Un pied à l'entraînement, l'autre dans l'entreprise, "j'ai besoin, pour mon équilibre personnel, de faire autre chose à côté du foot", raconte à l'AFP la Nantaise d'origine, six sélections, avant de débuter le Tournoi de France mercredi avec les Bleues.
Championne d'Europe des moins de 19 ans en 2016 avec Grace Geyoro et Marie-Antoinette Katoto, elle a jonglé entre sport et études jusqu'à obtenir son diplôme d'ingénieure, spécialité matériaux, à Polytech Paris-Saclay. Elle travaille désormais à temps partiel (40%) comme "Business developer" pour le chimiste Arkema, sponsor-titre du Championnat de France.
"C'est quelque chose de très aménagé, très approprié à mon profil atypique, je suis pleinement épanouie", savoure Matéo, au travail dans la journée et à l'entraînement en fin d'après-midi, cinq fois par semaine, avec son club, actuel troisième de D1 féminine.
Double activité ne signifie pas double charge mentale, selon sa coach au Paris FC qui n'y voit "aucun frein" dans son quotidien d'athlète, au contraire. "C'est un besoin pour certains et ça permet aussi de s'évader des exigences du haut-niveau, où il faut tout le temps être à 250%", explique Soubeyrand.
Statistiques personnelles record
Pour l'ancienne milieu de terrain, détentrice du record de sélections avec les Bleues, "plus vous habituez votre cerveau à réfléchir et prendre des décisions, et plus vous êtes attentionnée, engagée, capable de vous concentrer quand vous arrivez à l'entraînement".
L'ex-joueuse de Juvisy est persuadée que ce double projet a permis à Matéo, "assez effacée" et "qui manquait un peu de confiance en elle" en sélection jeunes, de gagner en assurance et d'exploiter au mieux ses qualités d'athlète.
"Elle a réussi ses études, elle porte des projets dans une grande société, toutes les prises d'initiative et la confiance en soi qu'on peut acquérir à travers un parcours professionnel, forcément ça rejaillit sur le terrain à un moment ou à un autre", affirme Soubeyrand, vantant des qualités "arrivées à maturité".
Remplaçante chez les Bleues mais indiscutable en club, la numéro 11 figure actuellement dans le Top 4 des meilleures buteuses (8 buts) et des meilleures passeuses (6 assists) du championnat.
A l'écouter, rejoindre un club plus huppé évoluant chaque année en Ligue des champions ne l'attire pas, du moins pour le moment. Elle rêve avant tout de qualifier son PFC pour les barrages de la Coupe d'Europe, ce qu'une 3e place lui assurerait en fin de saison.
"Le fait de se battre ensemble pour essayer d'atteindre cet objectif, et pas que ce soit déjà fait, c'est beau et motivant au quotidien. Chaque match est ultra important", lâche Matéo, sous contrat jusqu'en 2024.
"J'aime bien comprendre"
La jeune femme s'est construite au gré d'expériences variées, pratiquant l'athlétisme (100m haies, sauts en longueur et en hauteur, etc.) et le foot avant d'intégrer le pôle Espoirs de Rennes, forçant une nature "un peu timide".
"Une fois que je me sens bien, je suis de nature très sociable. J'aime bien apprendre des autres, m'inspirer d'eux pour ensuite l'appliquer à mon jeu. Je suis quelqu'un qui aime bien comprendre ce qui lui est demandé", se décrit-elle.
"Clara, on peut lui faire faire tout à partir du moment où on lui explique pourquoi. Si on l'a convaincue que c'était nécessaire pour la performance ou son évolution, elle est facilement 'entraînable', elle est hyper à l'écoute", confirme Soubeyrand.
Sa coéquipière Gaëtane Thiney est tellement élogieuse ("Altruiste, intelligente, mature, au top !") qu'on aimerait connaître les défauts de Matéo. "Vous pourrez lui demander !", rigole l'intéressée en retour.
L'attaquante doit désormais assumer davantage de responsabilités dans son club pour grandir encore, d'après sa coach.
"Quand on est décisif sur le terrain, en dehors on doit aussi être un modèle, un leader, un moteur. Il faut prendre le temps. Pour l'instant Clara est bien où elle est. Elle prend un peu plus de lumière qu'avant, il va falloir l'apprivoiser", remarque Soubeyrand.