"La xénophobie de l'oligarchie raciste du Pérou s'est déchaînée contre notre noble équipe nationale. Le Venezuela a élevé la voix pour protester contre la xénophobie, la violence et l'agression contre La Vinotinto" (vin rouge, surnom de la sélection), a lancé le président lors d'une cérémonie en présence de militaires à Caracas.
"Nous leur avons donné une leçon de football (...) Envieux! Méchants! Mauvais! Aussi de s'en prendre aux nobles hommes et femmes vénézuéliens qui vivent là-bas et dont le travail est surexploité", a-t-il aussi déclaré. "Racistes, xénophobes nous vous attendons au tournant!"
Les deux nations, des poids légers du football sud-américain, sont des rivaux directs pour la qualification au Mondial-2026 au Mexique, Etats-Unis et Canada. Le Venezuela est le seul pays d'Amérique du sud footballistique (Suriname et Guyana font partie de la Concacaf) à ne s'être jamais qualifié pour une phase finale d'une Coupe du monde. Mais il a étonnamment bien commencé sa campagne (4e sur 10 au classement provisoire).
A l'opposé, l'équipe du Pérou a mal entamé les éliminatoires (dernière position) et fait l'objet de vives critiques dans le pays.
Mardi soir, les Vénézuéliens ont arraché le nul (1-1) dans un stade où étaient présents des milliers de Vénézuéliens, faisant partie des 1,5 million de migrants vivant au Pérou.
Cette émigration massive provoquée par une crise sans pareil avec une contraction de 80% du PIB a permis à des groupes criminels vénézuéliens de s'implanter dans plusieurs pays d’Amérique latine, dont le Pérou, suscitant des réactions hostiles aux Vénézuéliens en général.
A l'issue du match, les joueurs vénézuéliens se sont plaints de la police locale. "Ils m'ont frappé", a déclaré, via les médias de sa Fédération, Nahuel Ferraresi, le défenseur du club brésilien de Sao Paulo, en montrant des bandages à la main droite.
"Nous sommes allés remercier les supporteurs" dans les tribunes, raconte le défenseur, assurant que des policiers "se sont mis en colère, je ne sais pas ce qui s'est passé, et ils ont sorti leurs matraques pour nous frapper".
Des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux montrent les joueurs de la sélection s'expliquant de manière virulente avec des policiers péruviens, dont certains brandissaient leur matraque.
Sans faire directement référence à cette affaire ou à celle qui a opposé au Brésil des supporters argentins à la police, la Confédération sud-américaine de football (Conmebol) a souligné que "d'éventuelles sanctions" sont des "attributions exclusives" de la FIFA.
"Séquestration"
La Conmebol a toutefois déclaré qu'elle "condamnait toute forme de violence et qu'elle coopérerait toujours avec les actions visant à bannir la violence, le racisme, la xénophobie".
"Qu'un événement footballistique d'une telle importance ait été utilisé comme un champ de bataille pour exposer les passions les plus basses de la xénophobie anti-vénézuélienne par une autorité policière péruvienne, est pour le moins embarrassant", a réagi le ministère vénézuélien des Sports.
Avant la rencontre, la police péruvienne avait procédé à un contrôle d'identité inhabituel autour du stade ciblant les Vénézuéliens, alors qu'un décret entré en vigueur la semaine dernière autorise le gouvernement à expulser rapidement les étrangers. Ce contrôle policier a suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux.
Et, mercredi matin, le ministère des Affaires étrangères du Venezuela a protesté avec force contre le non-décollage de l'avion de la sélection: "C'est de la séquestration pour se venger de notre équipe qui a joué un match extraordinaire (...) un nouvel acte arbitraire contre les Vénézuéliens".
Les autorités aéroportuaires péruviennes ont démenti cette version, arguant de "problèmes techniques qui se produisent dans les aéroports" et réfutant un quelconque "problème de migration ou de l'Etat (péruvien)".
Finalement, le vol de la sélection vénézuélienne est parti avec quatre heures de retard de Lima.