Après la Roma, Rudi Garcia n’a pas choisi la facilité en optant pour l’OM, mais il y a une forme de continuité dans son défi. Marseille, sa passion, son ébullition, a des allures de Ville Éternelle. Garcia connaissait la musique et s’est rapidement fixé une mission : dénicher quelques cadres sur lesquels s’appuyer dans ce contexte. Depuis le début de sa carrière, le technicien a toujours entretenu des relations étroites pour bâtir ses équipes. Deux joueurs illustrent à merveille sa méthode.
Le relationnel : un mentor pour Gervinho
La relation de confiance entre Rudi Garcia et Gervinho remonte à une dizaine d’années. L’international Ivoirien débarquait de Bereven, petite commune de la Belgique flamande, lorsqu’il a connu le technicien, au Mans, du haut de ses 20 printemps. Entre les deux, la greffe prend immédiatement. Gervinho devient un maillon fort d’une des générations les plus talentueuses du club sarthois (Sessègnon, Romaric, Basa, Pelé…).
Un an après son départ à Lille, Garcia fait donc logiquement appel à son poulain pour renforcer sa bande de jeunes talents. Par ses partitions offensives, le LOSC devient une attraction de la Ligue 1, et Gervinho franchit encore un palier : une première saison fructueuse (13 buts, 3 passes décisives), puis la plus belle campagne de sa carrière (15 buts, 10 passes décisives). La réussite personnelle et collective de l’ailier (doublé Coupe-Championnat en 2011), tape dans l’œil d’Arsène Wenger. Gervinho, alors à son apogée, signe à Arsenal, mais l’aventure anglaise tourne court.
"Qu’est-ce que j’ai appris à Arsenal ? Pour être honnête, pas grand-chose" , lâchera l’Ivoirien après deux saisons ternes. Garcia lui tend la main pour rebondir à la Roma. Les mots claquent encore. "La différence fondamentale entre la Roma et Arsenal est au niveau du coaching. Ici, mon coach Rudi Garcia me donne confiance, car je sais qu’il croit en moi" . En Italie, le lien devient fusionnel, jusqu’à la fin. Quand son mentor est débarqué, Gervinho fait ses valises dans la foulée. Cap sur la Chine. Là encore, le discours du joueur en dit long. "Quand ils ont mis fin à son contrat, c’est comme s’ils avaient mis fin au mien…".
Le domaine technique : un guide pour Eden Hazard
L’éclosion d’une pépite est une aubaine pour un entraîneur, mais c’est aussi une tâche délicate. Car elle requiert une mise en condition parfaite, une exposition mesurée, dosée, pour ne pas griller les étapes. Le cas d'Eden Hazard est donc une des grandes réussites de Rudi Garcia. Dans cette mission-là, son tact et son art de la communication laissent place à un plan technique taillé sur mesure pour la progression du jeune Belge. En 2008, Hazard a déjà fait quelques bribes de match quand Garcia prend le relais. L’enjeu consiste alors à couver le prodige, l’accompagner simplement dans sa progression, sans jamais dénaturer son jeu. Un an plus tard, Eden Hazard devient de fer de lance de l’attaque lilloise aux côtés de Gervinho.
Les chiffres démontrent l’efficacité de la méthode Garcia. Comme Gervinho, Eden Hazard entretient un feeling particulier avec le technicien, davantage basé sur une compréhension parfaite de son bagage technique, avec un rôle de leader offensif, sur un côté, d’abord, puis dans une position plus axiale. Après une dernière saison énorme (20 buts, 16 passes décisives en 2011-12), Hazard reste encore le joueur le plus décisif de l’ère Garcia à Lille, suivi par… Gervinho.