Vahid Halilhodzic a été intronisé coach du FC Nantes début octobre et s'il a pris une équipe qui était en grande difficulté (19ème au classement), il a su la faire remonter à la 10ème place de Ligue 1.
Avant le match de ce soir contre Saint-Etienne ce vendredi soir (20h45), le technicien s'est confié à l'Equipe sur différents sujets.
L'après défaite à Bordeaux (3-0)
"Au club, il y avait de la morosité partout. Les gens venaient travailler sans envie. Pour moi, Nantes, c'était spécial : il y avait une culture, une tradition, un esprit familial. Je suis arrivé trente ans plus tard et je n'ai rien retrouvé de tout ça. Rien. Quand je suis entré dans ma chambre d'hôtel après le match à Bordeaux, je me suis posé des questions : est-ce qu'il faut continuer ou dire stop ? Parce que je savais quelle énergie on devrait tous avoir, pas seulement Vahid. Pour moi, ça voulait dire que ce serait entre douze et quinze heures par jour : pas de famille, pas de sortie, pas de vie privée. Rien. Seulement : hôtel, Jonelière, hôtel, Jonelière."
Les résultats immédiats
"C'est facile de critiquer, mais la façon dont mon prédécesseur (Miguel Cardoso) voulait jouer, ça ne marchait pas. Chacun a sa vision du jeu et sa communication. Aujourd'hui, tu peux gagner l'élection présidentielle dans des pays comme les États-Unis ou la France grâce à la communication. Le football est un petit peu différent. Tu peux bien communiquer, mais c'est le terrain qui parle. Dire qu'on joue bien, qu'on a le ballon, alors qu'il n'y a pas d'occasions, ça peut plaire à certaines personnes. Vous, les journalistes, vous adorez les discussions d'un Guardiola. C'est un grand entraîneur qui a gagné des titres, mais s'il avait Dijon ou Guingamp, est-ce qu'il aurait les mêmes discussions sur la possession ? À mon arrivée j'ai beaucoup écouté, j'ai vu tout de suite pourquoi ça ne marchait pas."
Le travail et la rigueur
"Le haut niveau, c'est de la rigueur. Toutes les équipes sont plus ou moins bien organisées. Si vous n'avez pas de rigueur défensive, vous passez à côté. Quand on se demande pourquoi le Paris-Saint-Germain ne réussit pas en Ligue des Champions, moi je connais la réponse... Mais ce n'est pas mon problème."
Emiliano Sala
"Quand je suis arrivé, j'ai eu une discussion avec chaque joueur. Certains étaient dans la morosité totale, sans envie, sans ambition. Ils me disaient : ça va, ça va. Quand on te dit deux fois ''ça va'', c'est que ça ne va pas. Emiliano, il me l'a dit trois fois. Donc ça n'allait vraiment pas ! On a parlé, je l'ai un peu chambré : ''Tu sais, j'ai joué au même poste il y a quelques années. Un attaquant de Nantes qui ne marque pas vingt buts, ce n'est pas un attaquant.'' Il m'a regardé, je ne sais pas ce qu'il a pensé... On a travaillé. C'est un battant, un guerrier."
Les conditions d'une mission réussie
"Si on ne descend pas. Ce n'est pas du tout une phrase à la Guy Roux. C'est juste que si on perd deux, trois matches... Après Saint-Étienne, ce sera Marseille (le 5 décembre), Montpellier (le 15 décembre)... On verra fin décembre si on peut avoir d'autres ambitions. Je connais assez le football pour ne pas tomber dans le piège du relâchement. Surtout moi-même. Si je me relâche, ça va être une catastrophe."