Ils auraient mérité le Ballon d'Or : Paolo Maldini

L'histoire de Paolo Maldini, c'est l'histoire d'un garçon précoce qui ne pouvait pas échapper à un destin de footballeur (son père Cesare fut le capitaine de l'AC Milan victorieux de la Coupe des Champions 1963). Lancé à 16 ans en Serie A, puis trois ans plus tard avec la Nazionale, il comptait déjà 3 C1 et quatre scudetti à 25 ans.
Pour sa première entrée en jeu avec Milan (contre Udinese le 20 janvier 1985), il était tellement surpris qu'au moment de rentrer sur le terrain, il avait oublié de lacer ses chaussures. Son professionnalisme, son sérieux, et son exigence envers lui-même lui ont permis de se maintenir plus de 25 ans au haut niveau. "C'est le joueur le plus doué et le plus travailleur que j'ai jamais vu, Il était un footballeur complet avec un vrai leadership et la capacité rare d’être fiable dans la défense et créatif dans l’attaque", avouait Andreï Chevtchenko il y a quelques années.
Défenseur élégant et de grande taille, il impressionnait par son calme, sa polyvalence et sa constance dans les duels. Il a commencé sa carrière comme arrière gauche, mais a dépanné brillamment comme défenseur axial et même comme arrière droit grâce à son aisance balle aux pieds. En Serie A, Il a défié les meilleurs attaquants du monde, et le Brésilien Ronaldo a gardé beaucoup d'admiration à son égard : "Le défenseur le plus coriace auquel j'ai eu à faire face c'est Paolo Maldini". Quand cette phrase vient d'un attaquant aussi redoutable qu'Il Fenomeno, elle redouble du sens.
Paolo Maldini pouvait donc évoluer à tous les postes de la défense, mais il a surtout régné sur son couloir gauche, en défense comme en contre-attaque, n'hésitant pas à travailler son physique en salle de musculation, notamment les ischios afin de parfaire sa force de frappe. Et sa pointe de vitesse même à la fin de sa carrière demeurait respectable. Son intelligence de jeu et son abnégation lui permettaient de contrôler son secteur avec assurance.
À vingt ans, il ridiculisa Michel, la vedette du Real. Puis il musela parfaitement Romario lors de finale de Ligue de Champions 1993/94 à Athènes. Sa régularité lui a permis de rester un maillon fort de deux grands Milan (celui de Sacchi-Capello dans les années 90, puis celui d'Ancelotti dans les années 2000) remportant au passage 5 C1 en 8 finales. Des rares fois, quelques joueurs lui ont donné du fil à retordre, comme Kiriakov à l'EURO 1996 ou même Beckham en éliminatoires du Mondial 1998. Au point que son père, dans les vestiaires, lui passa un savon en public, ce qui ne l'empêchait pas d'avouer, le reste du temps : "Mon fils est un meilleur footballeur que je ne l'ai été". Un très bon footballeur doté aussi des grandes qualités humaines et qui fut toujours fair-play envers ses adversaires.
Hélas, la carrière de Paolo fut aussi parsemée de quelques échecs et de quêtes inabouties. S'il a remporté 26 titres, le ratio de ces succès dans les finales est à peine de 56%. Son parcours avec la Nazionale dans les grandes compétitions résume assez bien ces infortunes : trois éliminations de suite aux mondiaux 1990, 94, 98 dues à la loterie des tirs au but, dont une très cruelle face au Brésil en finale de la Coupe du Monde aux Etats Unis. Une Coupe du Monde qui lui a permis de finir 3e au classement du Ballon d'Or à la fin de l'année. Véritable patron de la défense, il a parfaitement pallié l'absence dans l'axe de son capitaine Franco Baresi qui n'a joué que 2 matches. Il conclut sa longue carrière avec la sélection par un Mondial Sud-Coréen dramatique sur le plan collectif et individuel puisque c'est lui qui devait être au marquage de Jung Hwan, auteur de but en or face à l'Italie en huitièmes de finale.
Avec son club il a aussi connu quelques désillusions marquantes, la plus notable restera sans doute cette finale de Ligue des Champions perdue à Istanbul face à Liverpool (3-3, tab 2-3), alors qu'il a ouvert brillamment le score dès la 1ère minute et que son équipe comptait trois buts d'avance à la pause. Deux autres finales européennes perdues contre le cours du jeu face à Marseille en 1993 et l'Ajax en 1995 noircissent encore un peu le tableau. Le caractère de Paolo l'a toujours aidé à se relever de ses défaites grâce à son professionnalisme et sa volonté constante de briguer de nouvelles quêtes. Pour preuve, Il a arrêté sa carrière à 41 ans après plus de 900 matches sous la tunique des Rossoneri. C'était au Stade Artemio Franchi sous les chaleureux applaudissements des supporteurs florentins. Des remerciements en honneur de tout ce qu'il avait pu accomplir et qui venaient en écho aux sifflets reçus une semaine plus tôt de la part d'une frange d'ultras de la Curva Sud avec lesquels l'histoire s'est mal terminée. Un épilogue contrasté à l'image de sa carrière qui malgré sa grandeur aurait pu être encore plus réussie. Maldini, lui, voulait seulement laisser le souvenir d'un joueur correct, respectueux et surtout fidèle à ses équipes. C'est réussi !