La concurrence chinoise
"Les situations en Chine et en Inde ne peuvent pas être les mêmes, parce qu'en Chine, la puissance du gouvernement soutient totalement" le championnat local, assure à l'AFP Praful Patel, le président de la Fédération indienne de football.
La Super League chinoise a dépensé plus de 400 millions d'euros pour attirer de grands noms du football mondial, le jeune Brésilien Alex Teixeira ou le récent quart de finaliste de l'Euro 2016, avec l'Italie, Graziano Pelle.
Le championnat indien, a contrario, n'a pas encore réussi à attirer des joueurs au sommet de leur forme. Les grands noms qui servent de produits d'appel à la compétition fermée, qui oppose huit équipes pendant onze semaines, sont ceux de joueurs en fin de carrière.
Diego Forlan, troisième de la Coupe du monde 2010 et vainqueur de la Copa America (2011) avec l'Uruguay, a fêté ses 37 ans en mai, John Arne Riise, vainqueur de l'épique finale de la Ligue des Champions 2005 avec Liverpool, a eu 36 ans le 24 septembre et Lucio, défenseur central champion du monde 2002 avec le Brésil, a, lui, fêté ses 38 ans en mai.
Malgré tout, Forlan veut croire que le championnat indien peut concurrencer son homologue japonais, par exemple, qu'il connaît bien pour avoir évolué pendant une saison avec le Cerezo Osaka.
"L'Inde est un pays très peuplé. S'ils continuent à faire ce qu'ils font au niveau du marketing, des stades, des équipes, s'ils font venir de bons joueurs, je pense que, dans le futur, le football pourrait devenir très populaire, comme cela l'est partout dans le monde", assure-t-il à l'AFP.
"Géant endormi"
En Inde, c'est le cricket qui est le sport roi et la sélection nationale n'est que 148e au classement Fifa, juste devant l'Afghanistan ou le Lesotho. Elle a d'ailleurs été humiliée l'an dernier par une défaite contre le tout petit Guam, 2-1 lors d'un match de qualification pour la Coupe du monde 2018.
"On a toujours parlé de l'Inde comme d'un 'géant endormi', a déclaré le président de la Fifa, Gianni Infantino, mardi à Goa. Mais je suis sûr que l'Inde est maintenant un 'géant passionné' de football. Le foot se développe en Inde et la passion va croissant année après année. Les résultats ne viendront pas immédiatement mais dans les années futures."
Les audiences réalisées par la Super League sont ainsi impressionnantes et le pays de 1,3 milliard d'habitants accueillera en 2017 la Coupe du monde des moins de 17 ans.
Arrivé en Inde cet été, Forlan sera aligné par le Mumbai City FC aux côtés du meilleur buteur indien de l'histoire, Sunil Chhetri. Une ligne d'attaque flamboyante qui fait du club de la ville la plus peuplée d'Inde l'un des favoris pour la victoire finale.
Fusion des deux championnats ?
Il devra notamment batailler avec le FC Goa de Lucio, entraîné pour la troisième saison consécutive par la légende brésilienne Zico, avec les Delhi Dynamos de Florent Malouda, coachés par le champion du monde italien (2006) Gianluca Zambrotta, ou encore le Chennaiyin FC de John Arne Riise. Ce dernier club est champion en titre et entraîné par le champion du monde 2006 Marco Materazzi.
"J'adresse mes compliments (à la Chine) mais, malgré tout, le football indien va dans la bonne direction", assure encore Praful Patel. La Fédération indienne chapeaute un autre championnat, la I-League, qui pourrait progressivement fusionner avec la Super League nationale.
"Nous aimerions voir une transition douce entre les deux championnats", explique le président, qui évoque un calendrier "d'une année ou deux". La Super League indienne fonctionne sur une logique de franchise, avec des clubs dont les propriétaires sont souvent des stars de Bollywood ou des joueurs de cricket.