Nous avions rencontré Stanley Nsoki en mars et septembre 2020 et à chaque fois notre entretien n'avait pu être publié à cause de la Covid-19. D'abord car le championnat s'est tout simplement arrêté et la seconde fois car le jeune défenseur formé au Paris Saint-Germain a contracté le virus. Un an plus tard, et avant de retrouver le PSG avec Bruges, il revient sur son arrivée en Belgique, ses deux saisons difficiles à Nice et ses années dans le club de la capitale.
Que connaissiez-vous du championnat belge avant de le rejoindre ?
Honnêtement, je ne connaissais pas bien le club le championnat. Quand les membres du club se sont présentés à moi, j’ai eu l’oreille attentive. Ils m’ont présenté le club, leur intérêt pour moi, ce qu’ils voulaient faire de moi ou ce qu’ils voulaient que l’on fasse ensemble. C’était très intéressant et j’ai tout de suite accroché. Et c’est pour ça que j’ai pris la décision de venir ici.
Quand les joueurs signent dans un club, le mot projet revient souvent, quel est le projet qui vous a été présenté ?
Le projet qui m’a été présenté était qu’il voyait en moi un gros potentiel en défense axiale, mais ils trouvaient que jusqu’à présent, notamment à Nice, je n’avais pas réellement eu l’occasion de l’exploiter. Et ils étaient persuadés qu’avec mes qualités et le potentiel qu’ils voient en moi, ils pouvaient m’aider à passer un pallier et que moi aussi, à force de travail, je puisse aider l’équipe à atteindre ses objectifs. Tout le monde sait qu’en Belgique, Bruges est le club et qu’il a pour objectif de tout gagner et sur la scène européenne d’être plus compétitif que l’année passée.
Quand ils sont venus vous voir, ils connaissaient parfaitement votre profil, vos qualités ou vos axes d’amélioration…
Franchement, ils ont très bien fait leurs devoirs. Et ça m’a surpris. Ils ont relevé mes qualités, mes défauts et mes axes d’amélioration. Quand ils me parlaient, j’avais l’impression de me voir dans un miroir.
Le club dispose aussi d’installations que l’on ne trouve pas ou peu en France, quel a été votre sentiment la première fois que vous les avez visitées ?
En voyant les installations du club, j’ai dit : « Ah ouais quand même ». Honnêtement, c’est loin d’être ce que j’ai connu à Nice ou même au PSG. En termes d’infrastructures, Bruges est aussi très bien armé et c’est aussi ce qui m’a démontré, au-delà des paroles, qu’il y avait des moyens qui étaient mis en place pour réussir. Et en général cela suscite aussi de l’attente en retour. Ici, tu as un terrain couvert, quatre terrains de qualité, une cellule médicale qui est très présente, des cellules dédiées à la performance, la préparation physique ou la data. C’est vraiment très complet et c’est ce qui m’a convaincu de venir ici.
Tu as joué cinq matches de championnat, quelles sont tes impressions sur le niveau ?
J’ai été agréablement surpris. Lors du premier match face à l’Union Saint-Gilloise, qui est un promu, il y avait beaucoup d’intensité. Ça jouait sans aucun complexe. En comparaison avec la France, ici, c’est un jeu beaucoup plus direct, beaucoup plus intense dans tous les domaines. C’est un championnat, moins médiatisé mois exposé, mais ça n’enlève en rien la qualité. Ailleurs, il y a peut-être plus de talents ou de cracks, comme on aime dire, mais ici, il y a vraiment un bon niveau. Ce jeu direct avec parfois des longs ballons, c’est formateur pour moi, car ce n’est pas ce que j’ai connu à Paris, à Nice ou en même en jeunes.
Même si vous évoluez désormais dans un championnat moins important, vous allez finalement découvrir l’Europe avec Bruges plutôt qu’avec Nice. Ce transfert est-il une progression ou une régression ?
Personnellement, je pense que c’est une progression. J’arrive dans le meilleur club du pays, même si la Belgique ne fait pas partie du Big five européen, ça n’enlève en rien la qualité qu’il y a dans ce championnat. Beaucoup de grands joueurs en sortent. Aujourd’hui, j’arrive dans un club qui joue la Ligue des champions, que je n’ai jamais joué donc c’est un pas en avant. Même si à Nice, ça ne s’est pas déroulé comme espéré sur le plan sportif, j’avais peut-être d’autres domaines dans lesquels progresser avant de prendre mon envol sportivement. J’ai fait des erreurs, mais j’ai toujours essayé de prendre du recul et de voir ces deux dernières saisons comme formatrices. En arrivant à Bruges, je suis plus armé mentalement et c’est ce qui me faisait défaut.
Quel regard portez-vous sur votre dernière saison à Nice ?
C’est sûr que cette saison-là a été particulière pour tous les footballeurs. En plus, pour nous les résultats n’ont pas suivi, ça manquait parfois d’automatismes, peut-être aussi de leadership dans le vestiaire. Quand les résultats étaient mauvais, on devait vite se reconcentrer parce que trois jours après on avait un match européen, ça ne nous a peut-être pas aidé. Sur cette période, je me rappelle que quand deux semaines s’étaient écoulées, j’avais l’impression qu’il y en avait eu cinq. La tête gonflait un peu et c’était quelques fois difficile à gérer. Après janvier, je ne jouais quasiment plus et j’ai dû prendre mon mal en patience. À ce moment-là, il y avait deux solutions : soit je baisse les bras, soit j’en fais plus à l’entraînement, et même si d’autres bénéficient de plus de temps de jeu, il ne faut pas douter de ses qualités. C’est ce que j’ai essayé de faire. Regardez, aujourd’hui, je suis à Bruges, je suis beaucoup plus épanoui ici. Je peux faire ce que j’aime et tenter de démontrer mes qualités. Ce n’était pas une saison facile, mais c’est aussi dans la difficulté qu’on se découvre.
Est-ce que tu as été frustré de ne pas avoir eu de temps de jeu pour démontrer que tu pouvais réagir sur le terrain ?
Avec la crise sanitaire, il fallait relativiser, la santé était plus importante. La saison dernière, j’ai eu du temps de jeu. Je ne fais pas partie de ceux qui peuvent dire : ''on ne m’a pas donné ma chance". J’ai joué, parfois j’ai été mauvais. Le coach a fait ses choix. Pendant trois mois, c’était frustrant de plus transpirer que la plupart des autres joueurs à l’entraînement et de ne pas pouvoir ne serait-ce que s’échauffer une fois et entrer, même quand l’équipe mène trois ou quatre zéros. Le message était clair. Il faut ravaler sa frustration et bosser, c’est la meilleure réponse qu’on peut donner.
Le hasard du tirage au sort de la Ligue des champions vous a offert un double affrontement contre le PSG, votre club formateur. C’était écrit ?
Forcément, ça fait bizarre de retrouver le Paris Saint-Germain à peine quelques semaines après avoir intégré mon nouveau club. C’était sans doute écrit, oui, il n’y a pas de doute je pense (Il sourit.) Sur l’instant T, je n’ai pas éprouvé plus d’excitation que ça mais, petit à petit, ça commence à monter avec l’approche de cette échéance. Ce n’est pas forcément le PSG en particulier, mais plus la compétition qui fait que l’adrénaline monte.
Quand tu as quitté le PSG, tu as dit : « J’avais besoin d’autre chose ». Tu avais besoin de quoi ?
J'avais besoin de temps de jeu en continuité dans un projet ambitieux. Au PSG, quand tu t'entraînes avec des joueurs de cette qualité tous les jours, c'est un privilège. Mais le problème, c'est qu'il n'y avait pas de continuité entre les entraînements et les matchs. Je pensais, en toute modestie, qu'avec la qualité de mes entraînements, je pouvais me montrer un peu plus. Je ne revendiquais rien de particulier, parce que j'étais quand même dans un vestiaire avec beaucoup de poids et un club dans lequel il y a une certaine pression. Donc sa place, il faut vraiment la mériter.
Pourquoi les jeunes formés ont tant de difficulté à percer en pro et finissent par quitter le PSG ?
Ce sont avant tout des choix personnels.Pour ma part, j'étais à la recherche de quelque chose que Paris ne pouvait pas me proposer, en terme de continuité dans un groupe professionnel, de suivi personnel, de progression en tant que footballeur et même en tant qu'homme. Trouver tout ça à Paris, c'est assez compliqué parce que c'est une équipe qui veut tout gagner, donc ce n'est pas possible d'avoir dix joueurs formés chez toi mais qui sont inexpérimentés pour remporter la L1 et affronter les meilleurs en Ligue des champions. Mais ce n'est pas non plus impossible. Presnel (Kimpembe) et Adrien (Rabiot) l'ont montré.
À Paris, il y a eu beaucoup des doutes sur vos qualités. Et puis en arrivant chez les pros, une vraie progression comment tu expliques cela ?
J'ai toujours cru au travail, à l'abnégation. Le jour où je vais en pro, ça me tombe dessus mais quand j'y suis, je fais ce pourquoi on m'a appelé. Tu viens à l'entraînement en toute humilité, surtout quand tu arrives dans ce vestiaire, avec des joueurs que tu as l'habitude de voir sur ta PlayStation où à la télé, tu te tais, tu travailles et t'écoutes, surtout Thiago Silva. C'est vraiment le joueur qui m'a impressionné par ce qu'il dégageait. Je me souviens quand j'ai fait ma première entrée au Parc (victoire 3-1, face à Caen en décembre 2017), il était toujours là à communiquer. Quand il me parlait, j'avais envie d'aller dans son sens.
Beaucoup de joueurs qui quittent Paris disent que ça leur fait du bien de quitter leur cocon. Était-ce votre cas ?
C’était bien d’être parti parce qu’à Paris, avec de tels joueurs, on est toujours un peu considéré (dans le vestiaire) comme le petit qui est passé par la petite porte. Tu gardes cette image de petit. Quand je suis arrivé à Nice, j’ai eu cette impression d’être un joueur à part entière dans le groupe et que je pouvais postuler dans une place dans le onze de départ.