Euro-2013 en Suède, Mondial-2015 au Canada et désormais JO-2016 au Brésil, de Linköping à Sao Paulo en passant par Montréal, c'est la même chanson: les Bleues s'évertuent à descendre du quart après avoir dominé la partie, laissant leur objectif de première médaille dans les limbes.
Après le parcours des joueurs de Didier Deschamps jusqu'à la finale de l'Euro-2016 et les titres continentaux des U19 garçons et filles, la mésaventure des Bleues embrunit tout à coup le bel été du foot français.
. Mental
Si les Françaises se baladent dans les phases éliminatoires, comme aux qualifications à l'Euro-2017 (sept victoires en sept matches, 21 buts marqués, aucun encaissé), elles butent sur le moindre obstacle sous pression, comme les Etats-Unis au premier tour des Jeux cariocas (revers 1-0) ou donc vendredi face aux Canadiennes.
"Cette équipe manque de flamme dans les moments importants. En trois ans, quand on a été mené au score, on n'est revenu qu'une fois. On n'arrive pas à passer ce palier", a cinglé le sélectionneur Philippe Bergerôo.
"Dans ma causerie d'avant-match, j'ai dit qu'en gagnant ce (vendredi) soir on avait deux matches supplémentaires. On n'a pas su assumer ce match qui était psychologiquement très important", a-t-il aussi pesté.
"Sous contrat jusqu'en 2017", le technicien a évacué la question de son maintien. Mais son incapacité à fortifier ce mental défaillant et sa charge assez cassante envers son groupe introduisent forcément le doute quant à son avenir à la tête des Bleues.
. Réservoir
"On a un championnat compliqué, où il y a trois, quatre matches dans l'année qui sont difficiles, c'est aussi une cause" des maux bleus, a avancé Bergerôo, coutumier de la critique du championnat.
De fait, Lyon et le PSG, Juvisy dans une moindre mesure, écrasent toute concurrence dans une compétition à deux vitesses. Les internationales ne connaissent donc une opposition relevée qu'en Ligue des champions.
Il y a aussi le secteur offensif qui coince. Quand l'incontournable Eugénie Le Sommer connaît un coup de moins bien, flagrant vendredi, les solutions sont minces, entre une Marie-Laure Delie en déclin et une Claire Lavogez encore juste.
. Fin ?
"Cette génération aura payé tous ses problèmes mentaux", a lâché Bergerôo. A-t-il ainsi signé la fin d'un groupe ? Quel impact aura cette énième déception, assortie des propos cash de l'entraîneur ?
Parmi les huit rescapées des JO-2012, lorsque la France avait perdu la petite finale contre le Canada déjà (Bouhaddi, Renard, Bussaglia, Abily, Necib, Thomis, Delie, Le Sommer), plusieurs ont dépassé ou frôlent la trentaine.
D'un autre côté, elles pèsent ensemble plus de mille sélections et ont engrangé de l'expérience; il n'est pas évident que la relève soit mieux armée sur le plan mental...
L'avenir se fera en tout cas sans une figure emblématique du foot féminin français, Louisa Necib-Cadamuro, qui a décidé de raccrocher les crampons à l'issue des JO pour se consacrer à sa vie de famille.