Pelé n'avait jamais remporté la médaille d'or aux Jeux mais, avait-il lancé mi-juin en riant, "c'est parce je ne les ai jamais joués!"
En battant l'Allemagne en finale des JO-2016 samedi (1-1 a.p., 5-4 t.a.b.) au Maracana, son lointain successeur, également formé à Santos et porteur du N.10 auriverde, a donc fait mieux que tant de gloires, aux R olympiques damnés (Romario, Ronaldo, Roberto Carlos, Rivaldo et Ronaldinho).
"Ney" vainc aussi sa propre part maudite: s'il croule sous les titres en club, à Santos puis au FC Barcelone, son histoire en équipe nationale n'était jalonnée que de désillusions jusqu'à ce 20 août 2016.
A une exception près, la Coupe des Confédérations 2013 remportée contre la grande Espagne (3-0 en finale) et dont il est élu meilleur joueur.
Mais de part et d'autre dans le temps, Neymar voguait de bateau ivre en galère.
Copa America 2011: à 19 ans, il traverse sa première compétition majeure de manière assez anonyme, pour une élimination dès les quarts, crête haute et tête basse.
JO-2012: son bon tournoi (3 buts, 2 passes décisives) s'achève dans l'amertume d'une défaite en finale, face au Mexique (2-1).
Mondial-2014: unique Brésilien à vraiment répondre aux attentes (4 buts, une passe décisive), il se blesse en quart. Et échappe du coup au fameux 7-1 encaissé en demi-finale face à l'Allemagne.
Copa America 2015: au premier tour, provoqué par les Colombiens, il perd ses nerfs. Carton rouge, quatre matches de suspension.
En 2016, à la demande du Barça, Neymar doit faire l'impasse sur la Copa America du Centenaire en juin, où la Seleçao, orpheline de son talent, se fait piteusement éliminer dès le premier tour, avec comme seule victoire un ironique 7-1 face au modeste Haïti...
- Tir au but vainqueur -
C'est dire la valeur de l'or olympique pour ce "futebol" polytraumatisé; c'est dire si Neymar revient de loin.
Y compris à Rio-2016. A l'orée du tournoi, son style de vie hors terrains, très people bling-bling, est questionné, et après deux 0-0 initiaux contre l'Afrique du Sud et l'Irak, il devient la cible, voire la risée du public et de la presse.
Car s'il a fait deux matchs corrects, il a échoué à être décisif, son rôle naturel statut oblige, lui le Ballon de Bronze 2015 derrière les intouchables Messi et Cristiano Ronaldo.
Après le deuxième nul vierge, le capitaine quitte le stade furieux, sans un mot. Le sélectionneur, Rogerio Micale, le défend en chapitrant les journalistes: "Si nous ne respectons pas les cracks, bientôt, ils ne voudront plus venir avec nous".
Mais sous une pression énorme, l'attaquant positionné en meneur de jeu répond sur le terrain: au pied du mur, il abat celui du Danemark (4-0) pour la qualification puis contourne en quart celui des Colombiens sur coup franc, son premier but (2-0).
En demi-finale, il explose le Honduras (6-0): deux passes décisives et deux buts, dont le plus rapide de l'histoire des JO, dès la 15e seconde. "Un monstre", se pâme Micale.
Et en finale, il ouvre le score d'un coup franc direct puis réussit le tir au but vainqueur.
A 24 ans, capitaine d'un or olympique inédit, Neymar a avancé sa chaise vers la table du "Roi" Pelé.