Huit victoires en huit matches, dont deux coup sur coup contre Brescia et la Fiorentina, les deux dernières équipes sacrées, ont offert la place de leader à la Juventus. Elles sont aussi venues confirmer l'évidence, le club turinois veut gagner partout, y compris chez les féminines.
"On est une équipe avec beaucoup de filles qui n'avaient jamais évolué ensemble, donc ça n'était pas facile. Mais il y a tellement de professionnalisme et de disponibilité de la part des joueuses et surtout du staff... On essaie d'atteindre notre objectif, qui est le scudetto et la qualification pour la Ligue des champions", a confié à l'AFP l'attaquante Simona Sodini.
Comme quelques autres joueuses de l'effectif, Sodini évoluait la saison dernière à Coni (Cuneo en italien), le club dont la Juventus a racheté la licence pour débuter directement en Serie A. Beaucoup d'autres sont arrivées des meilleures équipes féminines italiennes, Brescia en particulier, attirées par l'opportunité unique de jouer pour le plus grand club du pays.
En photo avec Dybala
"Une jeune fille qui supporte la Juventus a aujourd'hui la possibilité d'y jouer. Jusqu'alors, elle ne pouvait même pas y penser puisque l'équipe n'existait pas. On offre une possibilité à des passions qui jusqu'ici risquaient de rester étouffées", explique Stefano Breghin, le responsable de la section féminine du club.
Habituée à la première place et à rien d'autre, la Juventus s'est donc donné les moyens d'immédiatement balayer la concurrence italienne.
"Le budget n'est pas encore bien défini puisque la majorité des activités liées au foot féminin sont intégrées dans celui du foot masculin. Mais on a un budget suffisant pour atteindre l'objectif fixé par le club, à savoir essayer de devenir le plus vite possible une équipe de niveau international, pas seulement national", assure Breghin.
En vitrine du Juventus Store de la Via Nizza à Turin, l'immense photo des internationales italiennes Sara Gama et Martina Rosucci entourant Paulo Dybala montre également que la Juve a décidé de réellement mettre en avant sa nouvelle équipe, dans un pays où le football féminin a bien besoin d'un coup de pouce.
Avec à peine 23 000 licenciées selon l'UEFA, contre plus de 100 000 en France et plus de 200 000 en Allemagne, l'Italie est en effet à la traîne des meilleures nations européennes.
Bientôt l'Inter ?
"En Finlande ou en Suède, c'est très populaire de jouer au foot chez les filles. J'ai l'impression que ça n'est pas encore le cas ici, mais ça progresse. Et que la Juventus lance une équipe féminine, c'est un grand pas dans la bonne direction", estime l'arrière finlandaise Tuija Hyyrynen.
En attendant, dans une Serie A à 12 équipes, seule la Fiorentina et la Juventus sont là pour représenter les grands clubs du 'Calcio'. L'Inter Milan pourrait arriver la saison prochaine, alors que la Lazio Rome est coincée en milieu de tableau de Serie B. Pour le reste, aucune trace dans l'élite de l'AS Rome, de Naples ou de l'AC Milan.
"On est encore amateures. Mais on va vers le semi-professionnalisme, puis à l'avenir vers le professionnalisme. La Juve a débuté ce parcours et on espère voir l'année prochaine d'autres grands clubs masculins pour que les projecteurs soient encore plus braqués sur le foot féminin", veut croire la gardienne Laura Giuliani, qui a connu le monde "pro" en Allemagne.
Car pour la Juventus, dont l'objectif à moyen terme sera nécessairement de concurrencer Lyon, le PSG ou Wolfsburg en Ligue des champions, la question du statut professionnel va rapidement se poser, comme le confirme Stefano Breghin.
"Ca nous limite un peu dans le choix des joueuses étrangères parce que beaucoup sont professionnelles dans leur pays. C'est compliqué de proposer à une professionnelle de redevenir amateure pour rejoindre notre équipe."