"Koundé ? Ce n'est pas possible de le remplacer". Par ces mots, son entraîneur Gustavo Poyet a tout dit du garçon découvert en janvier. Jusque-là, le jeune de Landiras, commune des Graves proche de la forêt landaise, de taille correcte pour un central (1,80 m) mais au jump du tonnerre, côtoyait le groupe pro depuis plus d'un an mais sans avoir eu sa chance.
Polyvalent à droite ou dans l'axe, il est vrai qu'il était difficile de le fixer. Cela nourrissait une frustration. Dont il s'est servi. "Le plus important, c'est d'être sur le terrain avec les pros. Que tu joues à un poste qui est le tien ou pas. Faut toujours prendre ça positivement", assure-t-il.
Dans les faits, il a fallu plusieurs concours de circonstances pour que Jocelyn Gourvennec, alors sur la sellette, l'aligne en janvier à Granville (N2) en Coupe de France. Bonjour le cadeau empoisonné (défaite 3-1 en prolongation avec trois joueurs girondins exclus) ! Seulement Koundé, leader dans tous les catégories de jeunes, ne s'est pas défilé: il a assuré et même rassuré avec un calme étonnant.
ll éclipse Baysse
"J'ai mis du temps mais c'est comme ça, tout le monde est différent, juge-t-il. Certains arrivent à se mettre très vite au diapason, à un niveau d'exigence suffisant pour jouer très vite. Et d'autres mettent plus de temps, comme moi. Mais une fois que c'est parti..."
Tel un conte de fée, il a enchaîné les matches aux côtés de Pablo, de retour de prêt à qui on l'a associé rapidement au nom d'une complémentarité évidente. Et Paul Baysse de retour au club pour ramener des ondes positives dans un groupe meurtri en a été éclipsé...
Quant Gustavo Poyet est arrivé aux commandes techniques, Koundé l'a charmé. "L'émergence de Jules, c'est incroyable, confie le technicien uruguayen. Et je suis convaincu qu'il peut encore donner plus. Il a cette confiance pour sortir au milieu et apporter la supériorité avec la balle, il est tranquille avec le ballon, rapide balle au pied. J'aime ça chez un défenseur central". Pour finir par s'extasier: "Là, on a un joueur... Il est là pour des années!"
Au prix d'une remontée improbable, Bordeaux, solide, solidaire et réaliste, a décroché un strapontin européen et Koundé s'est encore bonifié.
"Faire un peu plus peur"
"Je pensais que j'allais m'adapter un peu moins vite", admet le joueur sollicité cet été par Séville mais qui devrait prolonger avec son club formateur. "Maintenant, je sais qu'il y aura plus d'attente forcément mais ça ne me pose pas de problème car j'exige aussi beaucoup de moi-même, je ne peux pas me reposer sur ce que j'ai pu faire de bien l'année dernière".
Avec des axes d'amélioration bien déterminés comme "l'agressivité, faire un peu plus peur, comme Sergio Ramos, dont j'essaye de m'inspirer".
En attendant, c'est à Kylian Mbappé que ses amis d'enfance le comparent, pour son âge similaire, ses facilités médiatiques et désormais, de manière plus inattendue, ses buts. En 20 matches en pro, il en a inscrit trois, le dernier jeudi dernier contre Ventspils en Europa League.
Appelé chez les U20 en mars dernier, avec les Espoirs en ligne de mire, il a surtout ouvert une brèche et dans son sillage, c'est toute la formation bordelaise qui en profite, héritage du titre de champion de France U19 décroché en 2017. Il était capitaine.
La saison dernière, il y avait eu la découverte par bribes de la patte gauche de Zaydou Youssouf. A l'intersaison s'est révélé le longiligne Aurélien Tchouaméni. Avec Koundé, décidément, les Girondins démontrent que l'atout jeunesse c'est tout bénéf en cette période d'incertitudes en coulisses.