L'improbable parcours de Martinez

Mercredi, il sera l'un des atouts du Racing, qui va défier Marseille au Stade-Vélodrome en 8e de finale de la Coupe de la Ligue. A 29 ans, le natif d'Orange (Vaucluse) réalise son meilleur début de saison : 17 titularisations sur 18 matches de L1, ponctuées par ses deux premiers buts en élite ces dernières semaines.

Une talonnade au Roazhon Park de Rennes (1-4) le 2 décembre suivi d'un astucieux pointu contre Caen (2-2) à la Meinau une semaine plus tard, et entretemps un match héroïque face au PSG (1-1): Pablo Martinez savoure, à 29 ans, la plus belle semaine de sa jeune carrière en L1 (78 matches).

"Je n'ai pas mis de buts en quatre ans et là j'en marque deux en une semaine, c'était un peu l'euphorie dans la famille. Mais ma réussite je la prends avec beaucoup de recul, je garde les pieds sur terre. Je vais avoir 30 ans et tout cela peut se terminer très vite alors je profite", raconte à l'AFP le défenseur franco-espagnol.

Son état d'esprit actuel résulte d'un début de carrière chaotique. Formé à Nîmes jusqu'à 18 ans, Pablo Martinez s'est égaré ensuite deux saisons à Majorque (Espagne) avec qui il n'a jamais joué en Liga. A 20 ans: "Retour à la maison chez papa-maman", et au club amateur d'Uzès, dans le Gard, en CFA2 (5e échelon).

"Un puits d'amour"

"J'ai réussi à reprendre une licence après six mois sans club mais j'avais pris six kilos. C'était vraiment du foot loisir. Il fallait aussi que je gagne ma croûte alors ma mère m'a engagé comme chauffeur-livreur dans l'entreprise familiale", se rappelle-t-il.

Sur le terrain il obtient la montée en CFA (4e échelon) et le défenseur axial rejoint Martigues (CFA) avec un contrat aspirant qui lui permet de se consacrer entièrement au football. Mais il n'est pas conservé malgré la montée en National et retourne à Uzès en CFA. A 22 ans, il doit à nouveau travailler.

A la plateforme logistique d'une enseigne de supermarché de Nîmes, l'ancien responsable qui l'a alors embauché se souvient de lui: "Ce garçon, c'est un puits d'amour. Il s'est adapté en une semaine. Les collègues le poussaient à continuer le foot et nous lui avons aménagé des horaires", a confié à l'AFP Christian Dubrulle, 62 ans, aujourd'hui à la retraite et "fier" de la réussite de son ancien employé.

Le déclic ? Il arrive à Uzès de manière improbable. Monté en National avec le club gardois, et après une bonne saison à ce niveau, Martinez est proposé au Gazelec, entraîné à l'époque par... Thierry Laurey. Après deux montées successives avec le club corse, Martinez découvre à 26 ans la Ligue 1 avec le "Gaz" avant de rejoindre Angers, sans succès, puis de répondre à l'appel de Laurey à Strasbourg en 2017. Un pari réussi pour l'entraîneur alsacien.

"Quelque part il a un parcours à la (Dimitri) Lienard. Aujourd'hui ces garçons ont faim parce qu'ils ont connu des moments difficiles. Pablo, c'est pas Beckenbauer, mais c'est un soldat et pour le passer...", décrit Laurey. "C'est un joueur de devoir, corrobore le directeur sportif Kader Mangane. C'est un guerrier qui ne lâchera jamais."