Le week-end dernier, le joueur de 26 ans a rendu Bollaert-Delelis incandescent, ivre de joie: la petite trouvaille du mercato lensois n'a laissé aucune chance à Ivo Grbic, le gardien de Lille, pour offrir aux Sang et Or leur premier Derby du Nord en Ligue 1 depuis 2006. Une éternité.
Quasiment 17 ans jour pour jour après le dernier but d'un Polonais avec le Racing (Jacek Bak), le natif de Gdansk a crucifié le Losc à un quart d'heure de la fin et mis un terme à une disette interminable pour les supporters artésiens.
Déniché aux Etats-Unis
Il serait pourtant réducteur de ne parler de Frankowski que par le prisme d'un seul match, d'un seul tir, aussi victorieux soit-il. Car le Polonais, déniché par le coordinateur sportif Florent Ghisolfi aux Etats-Unis (Chicago Fire), s'était déjà signalé depuis ses débuts en L1, à Rennes le 8 août (1-1). Il avait remplacé Deiver Machado comme piston gauche, lui le droitier. Et l'on apercevait déjà sa vivacité, sa qualité technique et son sens du collectif.
Ces qualités lui ont permis de délivrer trois passes décisives à destination de Seko Fofana, Simon Banza et Gaël Kakuta, une à chaque sortie. "Quand il y a de la réussite, ou des aspects décisifs dans son jeu, c'est encore mieux", saluait récemment son entraîneur Franck Haise.
Ce dernier semble dorénavant le privilégier comme premier choix, à gauche du milieu à quatre, dans un rôle où ses qualités offensives sont évidentes, et où l'aspect défensif doit encore être peaufiné.
"Il est calme, talentueux et peut jouer à plein de postes. Peu importe où il joue, il est très bon. Je pense que sa plus grande qualité est l'intelligence de jeu. Il est très juste techniquement et sublime souvent les autres", commente le gardien Jean-Louis Leca.
Le Racing dispose d'un élément en pleine forme, une recrue d'emblée sur le pont et dans le rythme. Et ce, grâce à une saison calquée sur l'année civile outre-Atlantique, lui offrant le luxe de marquer avec sa franchise américaine, le 2 août contre Philadelphie, soit à peine une semaine avant de porter les couleurs lensoises.
Pologne et Lens, duo historique
Sa capacité d'adaptation a été aidée par une mentalité exemplaire, comme le souligne son entraîneur: "C'est un joueur ouvert, souriant, et aussi intelligent que technique. Cela fait beaucoup de bons éléments pour s'acclimater et s'intégrer facilement."
Ce tableau ressemble à celui d'autres renforts attirés par les dirigeants lensois depuis deux ans maintenant. "De nouveau, nous avons eu des recrues avec beaucoup de qualités footballistiques et humaines", atteste Haise.
"C'est un garçon très attachant, très professionnel, abonde Leca. Quand il est arrivé, il a dit qu'il n'avait pas trouvé qu'un club de football, mais une famille."
La famille lensoise a décidé de faire un peu de place à une nation polonaise qui lui a si souvent rendu service. Et si Przemyslaw Frankowski ne s'inscrit pas dans cette ex-célébrissime filière, il permet à certains de retrouver des fragments d'un drapeau encore bien ancré dans la région.
Charge à lui de confirmer toutes les belles dispositions entrevues et de suivre les traces des Joachim Marx, Pawel Kryske ou encore d'Eugeniusz Faber, buteur emblématique (53 buts entre 1971 et 1975) décédé vendredi. Quoi de mieux pour lui rendre hommage que de briller face à l'OM dimanche (20h45) au Stade Vélodrome ?