Confronté à des cris de singe de la part d'un pseudo supporter bourguignon, Gouano était allé à sa rencontre en plein match (conclu sur un 0-0), bien décidé à ne pas laisser passer cet incident "inadmissible au XXIe siècle".
Une attitude courageuse, très rapidement saluée par le monde du football et une partie de la classe politique, dont la ministre des Sports Roxana Maracineanu, qui souhaite le rencontrer pour évoquer ce fléau.
Devenu héros de l'anti-racisme malgré lui, le capitaine picard a expliqué qu’il ne pouvait pas agir autrement, en tant qu'homme et croyant. De confession catholique, il a vite prôné le pardon à l’égard de celui qui l'a insulté. "Ma croyance me porte à préconiser le pardon et l’amour", déclarait-il peu après les faits, indiquant qu’il ne porterait pas plainte, même s’il avait été touché sur le coup.
"Ce monsieur qui est en garde à vue m'a traité de singe mais c'est lui qui était en cage, avait-il poursuivi, interrogé par 'Le Courrier Picard'. C'est la morale de cette histoire".
"Un homme exemplaire"
Des paroles empreintes de sagesse et de panache pour un jeune joueur, mais qui ne surprennent guère à Amiens où il est unanimement apprécié. Son entraîneur Christophe Pelissier lui voue une confiance aveugle et voit en lui "un homme exemplaire".
Prince, comme tout le monde l’appelle au club, dégage une force tranquille : tant sur le terrain (60 matches de Ligue 1) où il fait preuve d'une autorité naturelle et d'une incontestable grinta, qu’en dehors, où sa gentillesse et sa disponibilité sont saluées par les supporters amiénois.
La brouille avec le kop de la Tribune Nord qui avait déployé en août dernier une banderole peu élogieuse à son égard ('Gouano, ton attitude n’a rien d'un Prince') est d'ailleurs oubliée.
A l’époque, le joueur avait plus ou moins boudé l’entraînement en se mettant en arrêt maladie quelques jours car il voulait partir à Anderlecht, mais les deux clubs ne s’étaient pas entendus sur le plan financier.
Pour autant, Gouano n’a jamais véritablement perdu l’amour et le cœur des fans, lui le Franco-Ivoirien, Parisien de naissance, qui se sent "un peu à la maison" à Amiens après avoir pas mal bourlingué ces dernières années en b(Juventus, Atalanta Bergame), au Portugal (Rio Ave, Guimaraes), aux Pays-Bas (Waalwijk) ou encore en Angleterre (Bolton).
Formé au Havre, il avait quitté la Normandie à 17 ans pour rejoindre la Vieille Dame, avant de connaître de multiples prêts.
Au total, le défenseur central, lié à Amiens jusqu’en 2021, a déjà connu onze clubs mais n'avait jamais dû affronter le racisme. "C’est une première. J’ai beaucoup joué, dans énormément de pays. Il fallait que je rentre en France pour voir ça...", avait-il déploré à l'issue de la rencontre à Dijon, bien décidé à combattre le racisme.