Ce surnom, il le gagne lors de la saison 2020-2021, celle du retour de Lens en Ligue 1. Perforateur de défenses adverses, Jonathan Gradit est cette année-là l'un des joueurs parcourant le plus de mètres vers l'avant balle au pied.
Mais, si Lens termine cette saison-là à un très honorable 7e rang pour son retour dans l'élite, le club Sang et Or pèche par ses largesses défensives, avec 54 buts encaissés en championnat, soit au moins sept de plus que tout autre membre du top 7.
Deux ans plus tard, le changement de dimension de l'arrière-garde artésienne est éloquent: Lens est, avec 27 buts encaissés en 35 journées, la meilleure défense du championnat. De loin, puisque Nice, deuxième, pointe à sept unités.
Cette stabilité nouvellement acquise, Lens la doit notamment à des recrutements intelligemment effectués depuis son retour en première division (Facundo Medina en 2020, Kevin Danso en 2021, le portier Brice Samba en 2022), mais aussi à une signature faite alors que le club était encore en Ligue 2: Jonathan Gradit.
Contrairement aux trois autres, le natif de Talence (Gironde) n'a jamais été appelé en équipe nationale. Du haut de ses 30 ans, il ne le sera sans doute jamais.
Contre Reims, la semaine dernière, c'est pourtant lui qui a symbolisé la solidité du bloc défensif lensois.
"Des vertus incroyables"
Après l'expulsion de Kevin Danso à la 19e minute, puis le penalty encaissé dans la foulée, Lens a repris le dessus pour l'emporter 2-1.
"On a montré des vertus incroyables et une solidarité qui fait notre force depuis toujours", a réagi Jonathan Gradit après le match, refusant de s'approprier cette victoire du collectif.
Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il a sauvé Lens au retour des vestiaires, d'un tacle impeccable sur Folarin Balogun. Puis qu'il a à nouveau privé l'attaquant anglais d'une occasion de but en toute fin de match, scellant le succès lensois.
"Pour une équipe, d'avoir des bases solides avec des guerriers, c'est évidemment essentiel", a salué le coach lensois, Franck Haise, vendredi en conférence de presse, citant notamment son défenseur central.
Avant de devenir l'un des "guerriers" de l'exceptionnelle saison lensoise, Jonathan Gradit a connu un parcours particulièrement heurté.
Formé aux Girondins de Bordeaux, il est victime d'une infection à 18 ans, et est écarté par le centre de formation girondin.
Il reprend le football au niveau amateur, à Bayonne en CFA (division 4). Puis passe six des sept saisons suivantes en Ligue 2, avec une seule incursion en Ligue 1, pour une saison cauchemardesque avec Caen, 19e et relégué.
Un passé qui lui permet de réaliser ce que vit Lens cette saison: "Des moments comme ça, on n'en vivra peut-être plus. Il faut savourer ce qu'on est en train de faire", a-t-il dit après la victoire contre Reims.
Assuré du podium, Lens est à trois matches d'aller chercher encore plus grand: la deuxième place, synonyme de qualification directe pour les phases de groupe de Ligue des champions. Cela passe notamment par une victoire à Lorient. Sans Danso, suspendu. Avec, à nouveau, un Gradit décisif?