L'affiche de cette 7e journée au Stade Pierre-Mauroy est pourtant alléchante : un choc pour possiblement décrocher la place de leader, des retrouvailles entre deux voisins qui ne s'étaient plus affrontés depuis 2015... Mais est-ce vraiment un derby, dans un stade vide et silencieux ?
"Le derby, ce sont vraiment les supporters qui le personnalisent. Surtout qu'aujourd'hui, il n'y a quasiment plus de joueurs du cru dans les effectifs. Il y a le chambrage et tout le folklore qui va avec, mais surtout une énorme ambiance dans le stade pour pousser son équipe à battre le grand rival", explique à l'AFP Franck Deffenain, président de la section de supporters des Dogues, "Le Chagnot".
Pour ce supporter propriétaire d'un bar à Tourcoing, dans une métropole lilloise soumise à un couvre-feu sanitaire à partir de 21h00, le contexte sera particulièrement sombre dimanche.
"Triple peine"
"C'est la triple peine : on ne peut pas aller au stade, je ne peux pas diffuser le match dans mon café et je ne peux pas le regarder avec des amis car il y a le couvre-feu. On est puni de tous les côtés...", déplore-t-il.
Même avis chez un Ultra lensois, qui préfère parler sous le sceau de l'anonymat en raison de l'atmosphère toujours bouillante des jours précédant un derby : "C'est frustrant de ne pas pouvoir aller dans le parcage. Ça n'aura pas la même saveur. Dans un stade vide, ça va vraiment être morose", estime-t-il.
Et cela pénalise les deux équipes, juge l'entraîneur lillois Christophe Galtier.
"Un derby, ce sont des ambiances et là n'y en aura pas donc, automatiquement, ça change énormément de choses. Les supporters des deux clubs n'existent qu'à travers ce genre de matches-là", fait valoir le technicien, concentré néanmoins sur l'objectif sportif.
"Il y aura beaucoup de supporters devant les télés et on se doit d'être à la hauteur de ce rendez-vous pour eux qui sont privés de beaucoup de choses depuis le mois de mars", martèle Galtier.
Abords du stade interdits
"La saveur n'est pas la même, c'est une évidence, mais il y aura bien un derby", souligne Franck Haise, le technicien lensois. "L'idée c'est de faire honneur au maillot, comme les joueurs le font depuis le début de la saison", affirme l'entraîneur des Sang et Or.
Dans le silence du stade Pierre-Mauroy, les deux équipes tenteront de confirmer leur très bon début de saison respectif. Si les Lillois, toujours invaincus, étaient attendus aux avant-postes, le parcours du promu artésien est plus surprenant. Ce qui promet une opposition animée entre deux formations plutôt offensives.
En attendant, les supporters ont déjà lancé la confrontation. Dans la nuit de dimanche à lundi, des Lensois se sont introduits au Domaine de Luchin, le centre d'entraînement du Losc, pour remplacer un drapeau lillois par un étendard aux couleurs Sang et Or...
Et la Préfecture du Nord, pour éviter tout débordement, a interdit samedi aux supporters de circuler aux alentours du Stade Pierre-Mauroy dès 14h00 dimanche, sous peine d'une forte amende et d'une peine de prison.
"Avec le contexte du huis-clos et le fait qu'il n'y ait pas eu de derby depuis longtemps (cinq ans), il y a peut-être plus de chambrage cette année", estime auprès de l'AFP Mathieu Fourdrinier, secrétaire de la Fédération Lens United, qui regroupe plusieurs sections de supporters. "Même s'il n'y a pas de supporters, avant et après le match, ça restera un derby !"