Capable d'évoluer en défense et au milieu, le joueur arrivé en provenance des Orlando Pirates (D1 sud-africaine) a su profiter de sa polyvalence pour s'imposer comme un cadre aux yeux de l'entraîneur rémois David Guion.
"Il remplit parfaitement le rôle que je voulais lui confier en apportant sa valeur athlétique, sa puissance et son état d'esprit", a expliqué à l'AFP le technicien, qui a déjà utilisé Munetsi à 22 reprises cette saison.
Tantôt au milieu, son poste de prédilection, tantôt dans l'arrière-garde rémoise, au gré des blessures et des suspensions de la charnière centrale Wout Faes - Yunis Abdelhamid, Munetsi (24 ans) répond présent.
"Quand l'entraîneur me donne ma chance, quel que soit le poste, je dois donner le meilleur de moi-même. Ce qui compte avant tout, c'est le groupe", assure à l'AFP l'athlétique international zimbabwéen (1,87 m).
Première entre Zimbabwéens
"Au-delà de sa polyvalence et de ses qualités de footballeur, il a un état d'esprit exemplaire qui lui permet de progresser, on le voit bien cette saison. Pour un entraîneur, ce garçon, ce n'est que du plaisir", loue son entraîneur.
Des qualités que Munetsi dit puiser dans l'éducation qu'il a reçue.
"Mes parents m'ont appris à respecter, aider et aimer les autres. Dans le sport, être un bon coéquipier, une bonne personne, ça aide aussi beaucoup", estime le milieu qui reconnaît avoir grandi dans "une famille très éduquée".
Formé dans ce pays très pauvre du sud de l'Afrique, où le football est populaire malgré une équipe nationale modeste (112e au classement Fifa), Munetsi y a régulièrement croisé la route d'un certain Tinotenda Kadewere.
"Il jouait pour l'école voisine, on s'affrontait souvent et il y avait une certaine rivalité entre nous deux (rires) ! Mais on est rapidement devenu de bons amis en se retrouvant en sélection chez les U17", raconte-t-il.
Tino Kadewere évolue désormais à Lyon et Munetsi à Reims. Quand les deux joueurs se sont retrouvés en novembre dernier (victoire 3-0 de Lyon), ils n'ont pas pu cacher leur fierté.
"On s'est dit qu'on marquait l'histoire de notre pays, se félicite le Rémois. C'était la première fois que deux joueurs zimbabwéens s'affrontaient en Europe."
"Donner de l'espoir"
En sélection, ils forcent également l'admiration de leurs partenaires, dont la plupart évoluent en Afrique ou dans des clubs européens mineurs. "On nous pose toujours beaucoup de questions sur la vie en Europe, sur la L1, sur (Kylian) Mbappé", s'amuse Munetsi.
Lorsqu'il est devenu professionnel à 19 ans en Afrique du Sud, Munetsi a souhaité rendre au Zimbabwe ce qu'il lui avait apporté : "Au début, j'aidais mon frère et ma soeur. Puis, j'ai voulu créer ma fondation."
Aujourd'hui, celle-ci finance notamment la scolarité de 60 enfants de Mabvuku, la banlieue de la capitale, Harare, où le joueur a grandi. "Certains jeunes garçons tombent dans la drogue et certaines jeunes filles sont mariées de force au lieu de poursuivre leurs études ou leur carrière, c'est d'autant plus frappant avec la crise que nous traversons. On essaie de les aider, leur donner de l'espoir", explique Munetsi à l'AFP.
Ainsi, chaque mois, le joueur consacre une partie de son salaire à sa fondation, soutenue par l'Unicef, et ce malgré la récente baisse de salaire collective consentie par l'effectif rémois, afin d'aider le club à passer la crise.
"La pandémie est une période difficile pour tout le monde mais nous sommes privilégiés de pouvoir continuer à jouer. On se doit d'apporter de l'espoir et de la joie aux autres", conclut Marshall Munetsi.