L'idée n'avait rien de farfelu et rien n'indiquait quel fiasco elle allait en réalité causer. De tout ce que Bruno Genesio avait décidé de mettre en place, mercredi sur la pelouse du Camp Nou, absolument rien n'a fonctionné. La défense à trois - qui était le système le plus à même d'embêter le Barça sur le papier - s'est révélé être la pire option face aux attaques placées et aux dédoublements des coéquipiers de Lionel Messi qui se sont faufilés avec une aisance ahurissante dans les espaces laissés entre les latéraux et les axiaux. Le milieu de terrain n'a assuré aucune forme de transition en première période et les latéraux, censés amener le surnombre, n'ont quasiment pas pointé le bout de leur nez. Même si la marche était trop haute avec un Lionel Messi des grands soirs, l'OL peut nourrir quelques regrets.
Aucune transition offensive en première période
Il faut avoir deux lectures de la prestation de l'OL qui a bel et bien été inégale. En première période, les hommes de Bruno Genesio n'ont pas vu le jour. Acculés dans leurs 30 derniers mètres, les lacunes défensives n'ont pas été les seules responsables de la déroute. À la récupération du ballon, très peu de situations ont pu être amorcées et les attaquants lyonnais - Fekir, Depay ou Dembélé - n'ont jamais été trouvés dans les conditions qui font parfois de l'OL une équipe redoutable dans l'exercice des contres. Alors que Tanguy Ndombélé s'est mué en métronome (96 ballons touchés), Lucas Tousart est apparu limité dans son utilisation du ballon.
Plus agressifs au retour des vestiaires, plus hauts sur le terrain, le pressing amorcé par le milieu de terrain a permis aux Lyonnais de réduire l'écart et de se prendre à rêver que leurs failles puissent être finalement compensées. "Je n'ai aucun regret sur le système mis en place, rétorquait Bruno Génésio en zone mixte. Je regrette simplement que nous n'ayons pas su faire en première période ce que nous avons fait en seconde". C'est ici que la seconde lecture intervient. Car en dépit des 20 minutes où les Lyonnais se sont mieux comportés collectivement, un contre les a définitivement fait sombrer et la sortie de Mendy, couplée à un retour à 4 derrière, a fait s'écrouler le château de cartes pour les dix dernières minutes de la rencontre.
Passés par différents états, les Rhodaniens ont surtout échoué à mettre en pratique ce qu'ils avaient eu l'ambition d'entreprendre en théorie. Le plan concocté devait amener une solution tactique qui n'a jamais vu le jour et le seul salut de coéquipiers de Nabil Fekir est venu d'une volonté plutôt que d'une organisation.
"Autant en première mi-temps on a eu du mal à exister face à la pression de Barcelone avec beaucoup de déchet technique, autant en deuxième mi-temps on les a pressé plus haut, on a récupéré plus haut et on a mieux utilisé les ballons", concédait Bruno Genesio. Les défaillances individuelles, à l'image de celles de Memphis Depay ou Nabil Fekir, ont achevé l'infime chance qu'il restait une fois tout le reste envolé. L'histoire, en somme, d'une équipe irrégulière qui montre en Ligue des champions les mêmes limites qui lui font défaut en championnat cette saison. En conclusion, l'obstacle était sans doute trop haut mais l'OL avait tout de même les moyens pour mieux sauter.