La faillite du football champagne d'Hansi Flick

Le FC Barcelone quitte la Ligue des champions la tête haute. Sans honte, mais avec des leçons à tirer — notamment sur le plan défensif. Les sept buts en dix tirs cadrés de l'Inter n’ont fait que mettre en lumière un mal récurrent présent depuis le début de saison, un mal qui a coûté cher et qui continue de punir les Blaugranas ces dernières semaines. Les chiffres sont implacables.
L’édition 2024-2025 de la C1 restera gravée dans l’histoire du club pour bien des raisons — certaines peu flatteuses. Jamais le Barça n’avait encaissé autant de buts en une seule campagne européenne. En 1999-2000, le club en avait concédé 23 en 16 rencontres. Cette saison, ce sont 24 buts en seulement 14 matches, soit deux buts par matchs en moyenne : un fardeau trop important pour un prétendant au titre. Même avec 43 buts marqués.
Ces 43 buts, c’est l’autre lecture de cette longue saison catalane. Un Barça offensif, excessivement offensif. La débâcle défensive à Milan n'a rien d'un accident. Le matchs du Barça ont trop souvent offerts des scénarios ouverts, spectaculaires, qui laissent trop souvent le verdict au hasard.
Encaisser des buts, c'est devenu une fâcheuse habitude pour le Barça au cours du dernier mois. Tout a réellement basculé lors du match à Dortmund, où trois buts encaissés ont failli précipiter une élimination en Ligue des champions. Depuis, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 16 buts concédés en sept rencontres. Seule la réception de Majorque a permis aux hommes d'Hansi Flick de conserver un clean sheet. Pour le reste, le Celta, et l’Inter à l’aller, en ont inscrit trois chacun, le Real Madrid deux en finale de Coupe du Roi, et même le relégué Valladolid est parvenu à faire vaciller les Catalans.
Le facteur physique n’est pas étranger à cette hémorragie. Dans un système qui repose fortement sur un pressing haut et un piège du hors-jeu, l’usure s’est peu à peu fait ressentir, et avec, les failles d'un système tactique audacieux. La défense en a été la première victime, perdant en rigueur et en synchronisation.
À cela s’ajoutent les prestations déclinantes de Szczęsny. S’il avait rassuré en début de saison, plusieurs fautes de main et de positionnement sont venues ternir son image : une erreur grossière contre le Celta, une sortie ratée face à l’Inter, ou encore ce coup franc de Mbappé en finale de Copa sur lequel il n’a pu intervenir. La sérénité qu’il avait réussi à instaurer semble s’être évaporée.
Avec 163 buts marqués, ce Barça est le plus prolifique de l'histoire du club. Mais l’arrière-boutique, elle, laisse perplexe : déjà 66 buts encaissés toutes compétitions confondues, à trois unités du podium des pires défenses du siècle (établi… l’an dernier) et à douze du record peu flatteur de 78 buts, datant de la saison 2000-2001.
Il faut néanmoins louer à les prouesse d'Hansi Flick : sa première saison à la tête du Barça dépasse largement les attentes. Héritier d’un projet laissé par Xavi, l’Allemand a redonné souffle, idées et ambition à un collectif en quête de repères. Mais l’heure est venue de se livrer à une forme d’introspection.
Aussi séduisant soit-il, le football total prôné par Flick -tout en intensité, en verticalité et en prise de risque- trouve ses limites au plus haut niveau. Cette volonté d'attaquer pour toujours marquer un but de plus que son adversaire ne peut compenser indéfiniment ce déséquilibre assumé.