Remake de la finale de 1996, cet Ajax-Juve était particulièrement attendu pour une multitude de raisons. On espérait voir la virtuosité collective de cette génération dorée de l'Ajax, par exemple. On espérait aussi voir Cristiano Ronaldo, retapé pour l'événement, enfiler son costume de Terminator dans un de ces combats du printemps taillés pour lui. On peut le dire, l'affiche a tenu toutes ces promesses puisqu'on a vu un peu de tout cela à la fois, dans une sorte de tourbillon d'actions qui n'a laissé de répit à personne, des joueurs aux entraîneurs, en passant par les chanceux telespectateurs.
Tout est allé si vite, si fort. Sur son premier mouvement collectif, la Juve a fait passer un frisson dans l'enceinte d'Amsterdam lorsque Federico Bernardeschi, bien servi plein axe, s'est retourné avec une feinte de corps pour trouver une position de frappe et déclencher un tir très pur, au-dessus (2e). L'Ajax a répondu avec un pressing haut, et c'est Ziyech, audacieux sur ses frappes, qui a réveillé les siens (5e, 11e, 17e). Mais la plus belle opportunité de cette première période fut à l'actif de Van de Beek, seul en pleine surface avec le but grand ouvert, et malheureux sur sa frappe en pivot (24e). Très incisif, Bernardeschi a répondu par une action similaire, sans plus de réussite (38e), après s'être fait reprendre in extremis par un De Jong quelques minutes plus tôt (28e).
Et Cristiano Ronaldo dans tout cela ? Seul dans sa bulle, le Portugais est longtemps resté caché dans la nasse, avant de commencer à pointer le bout de son nez sur quelques frappes imprécises, histoire de régler la mire 29e, 31e), puis de surgir, comme toujours, pour débloquer la situation sur un coup de tête parfait après un appel plein axe qui l'était tout autant (0-1, 44e). On se disait alors que la Juve avait fait le plus dur en passant devant à ce moment-clé, juste avant la mi-temps. C'était mal connaître l'Ajax.
Car dès le retour des vestiaires, David Neres, mis sur orbite côté gauche, a déclenché un raid en solitaire pour se jouer de toute la défense de la Juve et conclure sa course par une frappe enroulée qui a fait mouche (1-1, 46e). Ce but a fait exploser la Johann Cruyff Arena, qui a eu droit à un temps fort intense des siens pendant les minutes qui ont suivi. Neres, intenable, s'est même vu refuser un nouveau but pour une position de hors-jeu (52e). Créative, généreuse et franchement brillante sur certaines phases, cette jeune équipe de l'Ajax a aussi pu constater que la Juve est de ces équipes qui laissent planer une menace constante. Ainsi Bernardeschi a falli refroidir encore l'ambiance en réclamant un penalty sur un centre (53e).
La dernière demi-heure a vu l'intensité retomber un peu, par bribes, mais l'Ajax n'a jamais lâché les armes. Veltman, par deux fois, aurait pu libérer les siens (64e, 65e), tout comme le jeune Ekkelenkamp, sans complexe et auteur d'un enchaînement de grande classe juste après son entrée en fin de match (81e). Mais la Juve aurait pu porter l'estocade, aussi, lorsque Diego Costa, bien en jambes après son entrée lui aussi, a semé la pagaille et trouvé le poteau sur une frappe croisée à quelques minutes de la fin (84e). Rideau. On en est resté là. Tout se jouera à Turin après ce score qui n'a rien d'éliminatoire pour l'Ajax... On a hâte d'y être, vraiment.