Un doublé devant l'OM (3-0) dimanche à la Mosson, six buts en onze rencontres : le nouvel attaquant de Montpellier, âgé de 24 ans, claque et éclate en ce début de saison où il se révèle au grand jour et rompt les amarres avec les saisons-galères.
"Je vis une étape importante à Montpellier où je prends mon envol. Après dix ans à Bordeaux, qui me tient à cœur, j'ai fait le bon choix" assure Gaetan Laborde d'une voix posée à l'AFP.
L'avenir verrouillé sous un plafond de verre au sein de son club formateur, qu'il a rejoint à l'âge de 14 ans en provenance de Mont-de-Marsan, il choisit l'exil et un contrat de quatre ans à Montpellier. "Quand on ne te donne pas les cartes dans ton club, il faut aller voir ailleurs. A Bordeaux, l'étiquette du jeune du centre de formation était impossible à enlever pour s'élever. Comme mon statut n'évoluait pas, je me suis lassé", explique t-il.
"J'ai compris pendant le préparation qu'il fallait que je parte. Notamment quand le coach a fait jouer le milieu de terrain Younousse Sankharé en pointe pour le premier match officiel. Je suis un joueur qui marche beaucoup aux faits plus qu'à la parole", argumente t-il.
"La tête froide"
Avec trois prêts au Red Star (National), Brest et Clermont (L2), dans son cycle de formation, Gaetan Laborde s'était déjà éloigné de Bordeaux, cette fois il s'arrache aux racines du Sud-Ouest pour voler de ses propres ailes. "Partir à Montpellier c'est différent. Ce n'est pas un prêt, c'est l'avenir et Bordeaux le passé", souligne t-il.
Si Bordeaux rejette l'un de ses rejetons, Montpellier tend les bras à cet avant-centre avide de se fondre dans un collectif et de grandir. "Le coach m'a donné sa confiance et m'a dit qu'il comptait sur moi. Je me suis senti désiré. Cela a été un peu surprenant car je n'ai pas l'habitude d'entendre ce discours", assure Laborde, au transfert conforté par l'avis de son grand frère passé par le centre de formation héraultais.
"Avec Andy (Delort), on a besoin de se sentir en confiance, mis en valeur et peut-être même pouponner par les dirigeants. A Montpellier, il y a une atmosphère propice à notre épanouissement", juge t-il.
Laborde avance main dans la main avec Andy Delort, recruté à Toulouse, et le meneur de jeu Florent Mollet, débarqué de Metz, au cœur d'une attaque renouvelée. "La perspective de jouer avec Andy et Flo m'a poussé à venir à Montpellier. On a cette alchimie où on essaie de jouer au maximum pour les autres. Andy, je me vois en lui. On a un peu la même mentalité de battant et j'adore ça. C'est mon double sur le terrain", avoue-t-il.
Les deux avant-centres partagent ce goût de la bagarre, qui draine le pressing et éreinte les défenseurs adverses. Ils profitent de leur osmose pour planter onze buts à eux deux lors des sept dernières journées de Ligue 1. "Gaetan, c'est un battant. Il a la qualité pour faire beaucoup de bons appels et ne joue pas qu'avec le ballon. Il m'a ainsi permis de marquer le 3e but face à l'OM. Dans son jeu, c'est un altruiste", loue le milieu de terrain Paul Lasne. "Et dans le vestiaire, ce gars sympa est un fédérateur".
Loin de s'enflammer, Laborde préserve en mémoire les moments de disgrâce comme garde-fou. "Quand on a connu les bas-fonds, on a des choses à prouver et on ne veut pas revenir en bas. C'est aussi un gage pour maintenir notre état d'esprit et la tête froide. Si on garde tout ça, on peut réussir une belle saison". Le mode d'emploi d'un attaquant d'équipe, devenu buteur, pour sortir de l'ombre.