Ce jeudi, à l'occasion de la deuxième journée du Groupe C du Mondial, le Danemark affronte l'Australie. Victorieuse de sa première rencontre face au Pérou, l'équipe scandinave est en bonne position pour s'inviter au second tour. Un nouveau succès et elle devrait être assurée de voir les huitièmes avant même le dernier match de poule face à l'Equipe de France. C'est notamment ce qui lui souhaite Lars Jacobsen, son ancien joueur.
International à 85 reprises entre 2006 et 2016, Jacobsen (38 ans) est aujourd'hui à la retraite. Mais, il est resté proche de sa sélection nationale, puisqu'il analyse toutes les rencontres de l'équipe pour le compte du groupe Eurosport Danemark, où il travaille depuis la fin de sa carrière de joueur. Pour Goal, et après avoir donné de ses nouvelles, l'ex-joueur de l'En Avant Guingamp a bien voulu nous parler de sa sélection et évaluer la mutation qu'elle a connue depuis la prise de fonction du nouveau sélectionneur, le Norvégien Age Hareide. Tout en veillant bien sûr à ne pas trop en dire vu l'opposition qui se profile le 26 juin prochain au Stade Loujniki de Moscou.
Comment allez-vous ? Etes-vous un footballeur retraité heureux ?
Absolument, un retraité très heureux. Cela fait deux ans que j'ai arrêté ma carrière de joueur. C'est passé très vite d'ailleurs, je ne m'en suis même pas rendu compte. J'exerce comme consultant à la télévision danoise et je suis content de ce travail. Nous animons des émissions où on discute du football danois, de notre sélection nationale, de la Premier League et de la Ligue Europa aussi. D'une certaine façon, je reste donc encore connecté au football. Je regarde beaucoup de matches. La différence avec avant, c'est que j'étais actif, et là et je reste calé à un endroit à analyser les rencontres avec des amis (rires). Mais bon, je pense avoir fait mon temps comme joueur. J'étais professionnel pendant presque 20 ans. Maintenant, je profite de ma vie. Donc, oui on peut dire que je suis heureux.
Une reconversion comme coach cela ne vous a pas tenté ?
Non, pas vraiment. Peut-être dans le futur, on ne sait jamais. Mais, le travail du coach est exigeant et vous contraint à de grands sacrifices au quotidien. Aujourd'hui, j'essaye d'être plus présent auprès de ma famille et mon nouveau travail actuel me le permet.
Quel souvenir gardez-vous de votre passage à Guingamp ? Et suivez-vous toujours les résultats de l'équipe ?
Oui, je les suis encore. J'ai passé deux très belles années là-bas. J'ai apprécié, et ma famille également. C'était un très bel endroit. Et un club très bien structuré, qui s'est bien développé ces derniers temps. Tant au niveau de son équipe professionnelle, de son stade et de ses équipes de jeunes. Je les suis chaque semaine et je regarde leurs matches autant que je peux. Je suis content qu'il y ait encore des gars avec qui j'ai joués. Et je prends du plaisir à les regarder.
Qu'avez-vous le plus aimé dans le championnat français ?
Jouer au Roudourou ! C'est sûr que ce n'est pas un très grand stade, mais l'ambiance y est magnifique. Avec de remarquables supporters, qui soutiennent toujours leur équipe. Sinon, bien sûr, j'ai aimé disputer les grands matches dans ce championnat. Je suis notamment très heureux d'avoir connu de grandes victoires comme celles qu'on a signées contre Paris. C'était mémorable. Jouer au Vélodrome, au Parc des Princes et dans le nouveau stade de Lyon c'était aussi quelque chose. C'est le genre d'atmosphère qu'on aime quand on est un footballeur professionnel. J'ai été très chanceux de connaitre ça.
Et qu'est-ce qui vous a le moins plu en France ?
Rien. Je ne peux rien dire de tel. J'ai pratiquement tout aimé durant mon passage chez vous. La France, c'est un très beau pays. Je n'ai pratiquement que de bons souvenirs de là-bas, et aujourd'hui encore, on essaye avec ma famille de s'y rendre pendant les vacances. Je me suis d'ailleurs rendu à Guingamp avec mon fils le mois dernier pour un tournoi de jeunes qu'il a joué. Et on en a profité pour faire un détour par le Vélodrome. Je pense que la mentalité française et le style de vie ont changé quelque chose en nous. La France est donc définitivement un pays qui garde une place spéciale dans nos cœurs.
Vous continuez de suivre certainement avec beaucoup d'attention la sélection du Danemark. Que pensez-vous de cette équipe aujourd'hui ?
C'est une équipe talentueuse. Il y a encore beaucoup de jeunes joueurs. Ils restent sur une bonne série de résultats et sont en pleine confiance. Ils reviennent de loin. La fin de la campagne qualificative pour le Mondial a été très réussie avec notamment des succès face à la Pologne et l'Irlande. Ils ont le moral au plus haut et il me tarde de voir comment cette sélection va se comporter à la Coupe du Monde. Je pense qu'ils ont de très bonnes chances de franchir la phase des poules. Bien sûr, il y a le match contre la France qui sera très difficile. Mais, ça sera le dernier match de groupe et on espère qu'on sera déjà en bonne position de se qualifier avant cette rencontre. L'Australie ça ne devrait en principe pas être trop compliqué. Mais je suis confiant comme le reste des Danois. Certes, ce groupe est jeune et n'a pas vraiment l'expérience de ce genre de compétitions, mais malgré ça, je les vois quand même passer au moins la phase des poules.
Cette sélection peut-elle poser des problèmes à la France lors du Mondial ? Ou est-ce que la France reste malgré tout un niveau au-dessus.
Je pense qu'à ce niveau-là de la compétition, tout le monde peut poser des problèmes à tout le monde. Quand on voit le groupe de joueurs qui composent la France, c'est sûr qu'ils font partie des trois, quatre sélections qui sont au-dessus du lot. Mais, il sera plus question de savoir comment sera leur état d'esprit et comment tous ces joueurs vont se produire ensemble. Si on regarde bien, depuis 2006, la France a toujours eu des problèmes inattendus lors des grandes compétitions. Et cela peut encore se produire. Une entame compliquée, un groupe qui ne vit pas bien ou un joueur important qui se blesse et la machine déraille. L'ambiance à l'intérieur sera cruciale je crois. Mais, oui, vous avez raison, la France fait partie des toutes meilleures sélections et je m'attends à les voir au moins en quarts de finale. En effet, la logique voudrait qu'ils battent le Danemark. Cela dit, encore une fois, jouer le Danemark ne sera pas facile. On a aussi des arguments, et quelques bons joueurs. Je pense notamment à Christian Eriksen. Il peut faire la différence à tout moment. Par ailleurs, c'est toujours difficile de jouer contre une équipe qui est bien organisée, avec une bonne mentalité et des joueurs qui peuvent marquer de partout. Donc, ça ne sera pas de tout repos pour la France. Mais, il est vrai qu'ils partiront favoris.
De l'extérieur, nous avons l'impression que le style du jeu de Danemark a évolué ces dernières années, ces derniers mois. Notamment avec l'apport d'un Erikson plus performant et de Sisto. Vous êtes d'accord ?
Le Danemark a toujours eu de bonnes individualités. Et Eriksen et Sisto que vous citez avaient également participé aux précédentes campagnes de qualification. La différence c'est qu'aujourd'hui cette équipe sait jouer de manière différente. Parfois, ça joue très direct, très physique et en exploitant les qualités de nos grands attaquants. Mais parfois, ça peut aussi jouer de manière plus fluide en profitant des qualités que possèdent notamment Sisto et Eriksen, des joueurs qui sont à l'aise partout et qui nous permettent d'avoir l'emprise sur le jeu. Avec Eriksen, on a même une arme précieuse sur les coups de pieds arrêtés. En synthétisant, je pense que le style de jeu de notre sélection a changé dans le sens où il est aujourd'hui plus dynamique, plus flexible. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est plus technique, mais c'est sûr qu'avec un élément comme Eriksen on est mieux outillés dans ce registre. De plus, il a plus 70 capes à son compteur. Il est donc plus mature. Quant à Sisto, c'est aussi un très bon joueur. Il s'est illustré dans notre championnat, avant de filer au Celta Vigo. Il a été peut-être en difficulté dernièrement, mais il a prouvé qu'il pouvait s'imposer dans un grand championnat. Ça lui a octroyé de la confiance. Il sait aussi marquer des buts. Il s'améliore de plus en plus. De manière générale, je pense qu'il est toujours bien d'avoir au sein de son équipe des joueurs qui peuvent réaliser l'imprévisible. Et aujourd'hui, on les a. Avec ces deux joueurs-là en particulier.
Vous nous avez parlé des atouts de la sélection danoise, mais quelles sont ses faiblesses ? Ou alors vous souhaiteriez les garder pour vous ?
Oui, il vaut mieux que je les garde secret (rires). Mais bon, je pense que nos faiblesses sont connues de tous. On n'a pas un effectif aussi riche que ne peut en avoir la France ou l'Espagne. Il y a des postes clés où si on enregistre des défections pour cause de blessures, on sera dans l'embarras. Je pense notamment à Kasper Schmeichel. Ou alors, et je touche du bois, si Christian Eriksen venait à nous manquer ça serait problématique. Et c'est, je pense, le souci de toutes les sélections dites "petites" comme le Danemark. Notre vivier n'est pas aussi garni que celui des grandes sélections, où quasiment chaque élément est "changeable". Et c'est d'autant plus un souci que lorsqu'on se présente à une compétition telle que le Mondial où il y a beaucoup de matches à jouer et pendant des dates rapprochées.
Pensez-vous que la France peut gagner cette Coupe du Monde ?
Je dirais oui, mais elle n'est pas la seule. Il y a un nombre restreint d'équipes qui peuvent être championnes du monde et la France en fait assurément partie. Il y aura aussi l'Espagne et l'Allemagne qui sont toujours bien placées. Je n'oublie pas le Brésil et l'Argentine. Les Français font partie de ce groupe-là et donc je crois qu'ils peuvent gagner oui.