Tout un peuple attendait ce duel sous tension depuis quatre jours et une débâcle alarmante. Fessée par la Croatie (3-0), l'Argentine a bien montré un autre visage pour tenter de sauver sa peau contre le Nigeria, ce mardi. Mais après avoir fait à peu près tout ce qu'il fallait faire en première période, elle a sombré dans des proportions inexplicables en seconde. Proche du traumatisme, elle a finalement décroché sa qualification au bout de la nuit, sur un but de Marcos Rojo.
Messi a montré la voie
Tout avait si bien commencé par l''Albiceleste'. Plus équilibrée, plus structurée, elle a passé 10 minutes à observer son adversaire pour prendre confiance progressivement, avant de mettre le pied sur l'accélérateur. Très attendu, Lionel Messi a répondu présent. Le natif de Rosario a déclenché énormément de situations dans cette première période globalement maîtrisée par les hommes de Sampaoli dans tous les secteurs de jeu. Et c'est Messi, évidemment, qui a mis les siens sur la bonne voie en exploitant une passe lumineuse de Banega pour faire un enchaînement contrôle--foulée-frappe à la hauteur de ce qu'il est (1-0, 14e).
La star du Barça a alors commencé à trouver des circuits de plus en plus nets. Higuain, qui a reçu l'un de ses caviars, a failli en profiter pour faire le break (27e). Sur coup-franc, aussi, Messi a donné des sueurs froides aux 'Super Eagles', à l'image de sa frappe enroulée sur le poteau après un réflexe d'Uzoho (34e). En face, le Nigeria n'était pas sorti de sa torpeur, se contentant de balancer de longs ballons comme une bouteille à la mer.
Le navire argentin est donc revenu à la surface, mais il ne fallait pas grand-chose pour le faire tanguer. C'est l'impression qu'il dégageait. Et le grain de sable a été un penalty, dès le retour des vestiaires, après une faute de Javier Mascherano. Victor Moses l'a transformé sans trembler (1-1, 49e). Tout était à refaire pour l'Argentine. C'était le constat du moment. Mais ce seul but a suffi à redonner une autre couleur au match.
Plus incisifs, les 'Super Eagles' ont alors régné au milieu et multiplié les incursions dans la surface adverse pendant de longues minutes. L'explosif Musa a fait de grosses différences quand les lignes se sont étirées. Chaque perte de balle a engendré une situation dangeureuse. Sur l'une d'elle, le Nigeria a failli faire mouche. Ighalo, alors à la lutte avec Rojo, a vu le ballon atterrir sur la main du défenseur argentin, mais l'arbitre du match, après utilisation de la VAR, n'a pas sifflé penalty (77e). L'Argentine était toujours en vie. Elle a alors pris des risques considérables, en laissant des espaces immenses dans son dos, pour renverser cette situation mal engagée.
L'histoire nous dit que les héros sont souvent inattendus dans ces cas-là. Il l'a été pour l'Albiceleste quand le défenseur Marcos Rojo, au bord du KO quelques minutes plus tôt, a repris un centre désespéré de Mercado pour libérer les siens (2-1, 86e). Elle s'est accrochée à ce bien jusqu'au coup de sifflet final, instant de la délivrance pour toute une nation. France-Argentine est déjà dans toutes les têtes.