Treizième de Ligue 1 la saison passée au terme d'un exercice plein de promesses, l’Amiens Sporting Club avait brillamment réussi son retour dans l'élite, acquis à la faveur d'un but totalement fou inscrit par Emmanuel Bourgaud à la 96ème minute de l'ultime journée du championnat de Ligue 2 sur la pelouse du Stade de Reims (1-2). Pourtant, au vue de leur statut de promu, l'objectif des Picards ne pouvait être autre que celui de se maintenir. Néanmoins, se cantonner au maintien aurait presque été une suprise, tant le recrutement du club fondé en 1901 avait été effectué avec intelligence. Un mix parfait entre des joueurs habitués aux joûtes du championnat de France, tels que Serge Gakpé, Mathieu Bodmer ou encore Issa Cissokho, et des éléments venus de l'étranger apportant une réelle valeur ajoutée, à l'image de Gaël Kakuta, Prince Guano, Bongani Zungu et surtout Moussa Konaté, auteur de 13 buts dès sa première saison en France.
Un mercato à l'accent international pas au goût de l'entraîneur
Alors forcément, au vue de la réussite de ce mercato estival, l'entraîneur Christophe Pélissier souhaitait reproduire l'équation cet été. "On avait fixé des axes d’améliorations de l’équipe sur deux profils : des joueurs étrangers et des joueurs français connaissant la Ligue 1. Pour permettre à la fois de trouver un équilibre dans le vestiaire et par rapport au jeu (...) Je souhaite maintenant des joueurs qui connaissent le championnat français et en plus, je n’avais pas d’exigence. C’était une discussion pour avoir un mix, un panachage entre les joueurs d’avenir, d’expérience, français et étrangers" , détallait-il au Courrier Picard au mois d'août dernier.
Sauf que malheureusement pour le principal intéressé, il semblerait que cet équilibre réclamé n'avait pas été entendu par ses dirigeants, à son grand regret. "À l’heure actuelle, les joueurs qui sont arrivés, à part Dreyer en doublure de Gurtner, aucun ne connaît le championnat français. C’est un constat" , avait-il ajouté, amer, tandis qu'une autre recrue en la personne d'Eddy Gnahoré, le français de 24 ans prêté par le club de Palerme, n'a encore jamais évolué dans le championnat de France. Depuis, le Toulousain Alexis Blin est venu garnir les rangs de l'Amiens SC. Sauf que ce dernier n'a pris part qu'à deux rencontres cette saison pour cause de blessures. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le début de saison amiénois semble en partie donner raison à Christophe Pélisser.
À l'image de Rafal Kurzawa, international polonais, 201 minutes de Ligue 1 disputées pour un but inscrit, qui semble rencontrer quelques difficultés à s'adapter à son nouvel environnement. "Le plus gros problème de Kurzawa est qu’il ne parle pas le Français. S’il ne l'apprend pas et ne commence pas à communiquer il peut être difficile pour lui de s’adapter et de montrer sa valeur", a analysé pour 'Goal' le journaliste Kamil Tybor, travaillant pour le média polonais iGol.pl, avant de réclamer de la patience pour celui qui a disputé la Coupe du Monde avec la Pologne cet été. "L'Amiens SC semble être un club parfaitement adapté à ce joueur. Rafal ne joue pas trop pour le moment, mais l'entraîneur du club est un homme très raisonnable et je pense que Kurzawa finira par le convaincre de ses qualités. Si Christophe Pellisier parie sur lui et lui fait confiance, Rafal pourra le récompenser".
Des recrues qui, paradoxalement, apportent satisfaction
Pourtant, depuis le début de saison, ce sont bel et bien les autres joueurs internationaux débarqués cet été qui se doivent de tenir le navire à flot, eux qui doivent eux aussi s'adapter à un nouveau pays, une nouvelle culture et surtout un nouveau football. Ainsi, certes le Brésilien Ganso, annoncé comme le futur prodige de la Seleçao à ses débuts, le Suédois Emil Krath et l'Iranien Saman Ghoddos ont tout l'air de bonnes pioches pour le moment, mais cela n'empêche pas le club de pointer à une inquiétante 18ème place au classement, avec 10 points au compteur après 11 journées. Et alors que se profilent deux déplacements délicats à disputer, à Nice ce samedi soir (20h00) puis à Toulouse lors de la 13ème journée... L'inquiétude est de mise.
Si la situation n'incite guère à l'optimisme pour les pensionnaires du Stade de la Licorne, leur salut devra vraisemblablement passer par ces mêmes recrues qui, presque paradoxalement, semblent aussi bien digérer leur arrivée que le début de saison manqué sous leurs nouvelles couleurs. À l'image d'Emil Krafth, l'une des révélations du championnat à son poste, mais surtout de l'attaquant iranien Saman Ghoddos, arrivé d'Östersunds contre 4 millions d'euros et déjà auteur de 3 buts, de grande classe qui plus est, et de 2 passes décisives. "C’est un joueur qui a une mentalité collective et c’est ce qui compte le plus. (...) Il marque des buts, mais fait aussi des passes décisives et peut jouer plusieurs rôles différents. C’est quelque chose que nous voulions au club" , avait déclaré Christophe Pélissier juste après son arrivée. Est-ce que l'entraîneur avait vu juste sur ce coup ? Il semblerait que oui. Est-ce que cela sera suffisant ? Rien n'est moins sûr.