Le joueur débarqué à Monaco fin août n'est pas le même que celui qui avait traversé la Manche dans l'autre sens en 2017, contre 45 millions d'euros. "C'est un vrai homme, adulte, mâture, concentré au travail, un leader. Il a passé un cap", affirme Leonardo Jardim.
En deux saisons, celui qui avait découvert le haut-niveau en Principauté, a pris de la consistance. "Beaucoup de choses ont évolué et je suis devenu papa, explique Bakayoko. Jouer à Chelsea et Milan, deux grandes institutions, m'a aidé à grandir et être qui je suis aujourd'hui."
Quatre matches lui ont suffi pour stabiliser le milieu monégasque. "Il n'y a pas de secret, sourit-il. On se demandait si j'allais m'adapter rapidement. J'ai été très bien accueilli. Cela a été très facile. Je connaissais stade, environnement et méthodes du coach."
Les deux hommes n'avaient même jamais coupé les ponts : "Après mon départ, on continuait à se donner des nouvelles, révèle le joueur. Il m'encourageait, donnait son point de vue. Il m'a très bien accueilli, différemment de l'époque où j'étais jeune."
"Être plus décisif"
Car Jardim a l’œil. Il voit désormais un joueur "sortir deux heures après l'entraînement, après un gros travail individuel", et dont "la maturité a permis de changer de comportement".
"Lui, est proche des jeunes, concentré sur eux. Avec nous, il a fini le cursus et nous laisse tranquilles, sourit Bakayoko. Mais j'ai toujours su que pour donner le meilleur de soi-même, il fallait une bonne hygiène de vie, bien s'occuper de son corps. Je l'ai plus vérifié encore à Chelsea et Milan."
Il a gagné la confiance de Jardim. "J'attends que beaucoup se révèlent dans l'effectif, lance le Portugais. Comportement, attitude, professionnalisme, respect des autres sont importants. +Baka+ est déjà à ce stade-là."
Il a aussi le sens du collectif : protéger Fabregas, compenser les chevauchés de Golovin. "J'ai un rôle plus défensif, reconnaît-il. Ils sont plus joueurs de ballon que moi. Ils se projettent, sont passeurs. Il faut toujours regarder derrière eux. On arrive à s'entraider, compenser les manques de chacun. On l'a bien fait dernièrement."
Il se souhaiterait aussi personnellement "plus décisif". "Je suis bien, j'ai retrouvé mon football. Je dois continuer, mais aussi marquer et passer. C'est la prochaine étape de mon évolution."
"Rester ici"
Didier Deschamps le scrutera alors plus finement. "Bien sûr, je pense aux Bleus, rétorque Bakayoko. Mais les choses arrivent progressivement. Monaco doit remonter. Faire de bonnes choses collectivement peut permettre d'être récompensé individuellement."
Si après deux victoires, les sourires sont revenus, il calme les ardeurs: "Il faut y aller mollo, ne plus évoquer nos ambitions mais gagner des matches". Avant toutefois de poursuivre: "On n'est pas loin. Il faut rester costaud, ne plus laisser filer de points."
Car déçu par Chelsea avec qui il est lié jusqu'en 2023 mais dont il n'a "pas envie de parler pour ne pas se les les mettre à dos", il se verrait poursuivre, européen, en Principauté.
"Je tiens à ce club qui m'a beaucoup donné, conclut-il. J'y ai passé les meilleurs moments de ma jeune carrière. On n'a pas mis une option d'achat pour rien. J'espère qu'on fera beaucoup mieux que la saison dernière, que j'ai mal vécue, même loin. On verra alors ce que chacun veut. Mais je me vois bien rester ici quelques années."