Le club breton a décidé de crever un abcès qui gonflait depuis longtemps. La saison dernière déjà, Lamouchi (en poste depuis un peu plus d'un an) appréciait peu l'interventionnisme du président dans le vestiaire et le mercato d'été avait encore creusé le fossé entre les deux hommes.
Sourd aux demandes de son technicien concernant un renforcement défensif, Létang avait tout misé sur un recrutement offensif censé être haut de gamme, mais qui a largement fait pschitt.
Symbole de ce ratage - pour le moment - Hatem Ben Arfa, forfait dimanche, dont les difficultés d'intégration dans le collectif sont criantes.
Mécontent de son remplacement à Montpellier il y a huit jours - après une nouvelle prestation très médiocre, malgré un but sur un tir dévié - il se serait accroché avec son coéquipier Benjamin Bourigeaud à l'entraînement la semaine dernière, selon L'Équipe.
Les cas Ben Arfa et Niang
"Dans l'histoire du Stade Rennais, est-ce qu'il y a eu beaucoup de joueurs de la qualité d'Hatem, avec ce parcours, qui sont arrivés dans ce club ? Je ne pense pas", s'était félicité à son arrivée Létang, qui entretient une relation personnelle forte avec lui depuis leur passage au Paris SG.
Force est pourtant de reconnaître que pour le moment, ça ne s'est pas vu, même si un joueur qui n'avait pas joué depuis plus d'un an mérite une certaine bienveillance. Son profil de "soliste" le rend difficilement compatible avec le jeu voulu par Lamouchi, et avec 2 buts et une passe décisive en 8 matches de Ligue 1, il est loin de l'apport escompté.
Et que dire de Mbaye Niang, dont les frasques hors du terrain nourrissent davantage les commentaires à Rennes que ses rares prestations... "Nous sommes très content du travail réalisé par le staff (...) il y a une volonté de s'installer dans le temps et de laisser le staff travailler" disait, il y a un mois encore, Létang.
Mais ce discours ne masquait pas les problèmes bien réels qui dépassent de très loin les "cas Ben Arfa et Niang". Arrivé quasiment à la moitié du championnat, Rennes n'a ni onze de départ clair ni schéma de jeu affirmé.
Rythme de relégable
Les Bretons n'ont pris que 10 points sur les 11 dernières rencontres, un rythme de relégable. Plus frappant encore, ils ont ouvert le score lors de 12 des 15 journées, mais n'ont que 4 succès au final.
Après la gifle contre Strasbourg (4-1), malgré une ouverture du score, Lamouchi a parlé de "naufrage collectif" et dit que les joueurs avaient "abandonné". L'ont-ils abandonné, lui ?
Toujours est-il que Rennes a choisi de se séparer de l'homme qui l'a ramené en Europe et conduit aux portes d'un 16e de finale historique pour le club, provoquant la stupeur voire la colère de beaucoup de supporters sur Twitter.
Le club n'avait pas besoin de ça. Le ciel du Stade Rennais s'était déjà assombri il y a quelques semaines avec le scandale du "fichage ethnique" au Paris SG, à l'époque où Létang supervisait le secteur sportif parisien, avant de faire venir à Rennes Marc Westerloppe, figure centrale de cette polémique, comme responsable du suivi et du développement individuel des joueurs du club breton.
Pour en revenir au poste d'entraîneur, l'intérim sera assuré par Julien Stephan, l'entraîneur de la réserve (fils de Guy, adjoint de Didier Deschamps), retenu par le club il y a quelques semaines alors que Thierry Henry le voulait dans son staff à Monaco.
En attendant que Létang fasse jouer son réseau et son carnet d'adresses pour trouver un entraîneur qui saura remettre l'équipe en musique, avec Ben Arfa en chef d'orchestre.