Il y a des matches qui traversent les époques. Ce Manchester City - Tottenham en sera un, assurément. Il a réservé aux spectateurs et aux observateurs un tourbillon de buts, d'actions et de faits de jeu après une première manche qui avait pourtant été particulièrement terne. Et à ce petit jeu, ce sont les 'Spurs' qui ont eu le dernier mot.
Un début de match à couper le souffle
Avant de parler du match dans sa globalité, il faudrait presque isoler la première demi-heure. Elle aurait tendance à éclipser tout le reste parce qu'elle a été complètement folle. Dès la troisième minute de jeu, Sterling, servi par De Bruyne après une action de grande classe du Belge, a ouvert les hostilités avec une frappe enroulée parfaite (1-0, 3e). Mais Tottenham s'est révolté sous l'impulsion de son homme en forme en 2019, Heung-min Son, très attendu après le forfait d'Harry Kane. Le Sud-Coréen a exploité instanément une mauvaise remise de Laporte pour égaliser d'un tir peu académique (1-1, 7e), avant de redonner l'avantage aux Spurs dans la foulée sur un délice de frappe enroulée qui ne devait rien à personne cette fois-ci (1-2, 9e) ! Douché, le public de l'Etihad Stadium n'a pas eu le temps de douter.
Quelques secondes plus tard (!), Bernardo Silva, décalé côté droit, a répondu du tac au tac avec une frappe contrée qui a fait mouche (2-2, 10e). En transe, le peuple de l'Etihad Stadium a basculé dans la folie lorsque Raheem Sterling, à la réception d'un caviar de Kevin De Bruyne au second poteau, a permis aux Citizens de repasser devant (21e). Il fallait se pincer pour y croire, peut-être, ou vraiment réaliser que ce match n'est pas un jeu vidéo. C'est bien simple : jamais, dans l'histoire de la Ligue des champions, 5 buts n'avaient été inscrit en 21 minutes.
La pluie de buts a alors cessé jusqu'à la mi-temps, mais l'intensité, elle, n'a pas baissé. Et on a été aussi proche du 4-2 que du 3-3 sur la fin de ce premier acte où les lignes ne se sont pas resserrées. Heung-min Son, vraiment intenable, aurait pu inscrire un nouveau bijou sur une action de grande classe conclue par une frappe qui a rasé la lucarne (42e). Les hommes de Guardiola, de leur côté, ont mutiplié les situations chaudes sous l'impulsion de De Bruyne et Bernardo Silva, les deux créateurs absents à l'aller.
De Bruyne, quel show !
Au retour des vestiaires, les Spurs, remodelés en 4-4-2 à plat après la sortie de Moussa Sissoko et l'entrée de Llorente, ont continué à souffrir dans des proportions énormes. Hugo Lloris a alors sorti le grand jeu sur une reprise à bout portant de Sterling après une action d'école (50e), avant de sortir une parade encore plus spectaculaire sur une frappe sèche de De Bruyne (51e). En face, Ederson lui a répondu devant une tentative de Son (55e). Mais l'Etihad Stadium a basculé dans l'extase quand Sergio Agüero, décalé par le virtuose De Bruyne, a redonné une qualification virtuelle aux Citizens d'un tir limpide au premier poteau (4-2, 52e). Les Spurs, sous l'eau tactiquement après le changement d'organisation, ont pourtant trouvé les ressources pour répondre ! Llorente, entré en jeu avant la pause, a effectué une reprise du genou pour envoyer son équipe au paradis - un but validé après utilisation de la VAR (4-3, 70e).
L'ascenseur émotionnel de la VAR
Manchester City ne pouvait pas lâcher les armes. Pas maintenant. Pas après tout ce qui s'était passsé. De Bruyne, absolument exceptionnel, a continué à distribuer les caviars jusqu'au bout, et Sterling est resté incisif jusuqu'à la fin. L'attaquant anglais a bien failli délivré tout un peuple en déclenchant une frappe victorieuse dans les arrêts de jeu mais son but a été refusé pour une position de hors-jeu d'Agüero (90e+1). Une décision lourde de conséquences, après intervention de la VAR, qui a envoyé les Tottenham dans le dernier carré de la Ligue des champions pour la première fois dans l'histoire du club londonien. Il se frottera à l'Ajax, une équipe aussi folle que lui. Avant ce match, Pep Guardiola avait annoncé une soirée spéciale, murmurant avec sa voix posée : "le football est un jeu, c'est toute la beauté du sport" . Il l'a appris à ses dépens ce soir. Mais il mérite un coup de chapeau, lui aussi. Comme tous les acteurs de cette soirée inoubliable.