"Gagner moche? La réponse est oui à 100%, la victoire est impérative à Caen", admet Rudi Garcia. Mais l'entraîneur olympien ajoute tout de suite: "Si on joue dix matches moches, on n'en gagnera pas beaucoup, on a plus de chances si on joue dix matches bien. Mais on a vite besoin de gagner un match, il faut que ça soit celui-là".
Mercredi à Saint-Etienne, l'OM a plutôt bien joué, mais perdu à deux minutes de la fin (2-1), un poignard enfoncé dans le cœur en pleine crise.
Marseille est largué au classement, très loin du podium espéré, ses supporters boudent et les renforts espérés au mercato n'arrivent pas, ni Mario Balotelli, toujours au cœur de complexes négociations, ni un latéral gauche.
Rolando lui aussi est prêt à faire un vilain match si nécessaire. "Si on me donne un papier disant qu'on va gagner à Caen en jouant moche, je le signe de suite", sourit-il.
Mais, comme Garcia, il ajoute que "pour gagner, normalement, tu dois jouer. Pas pour la beauté du jeu, mais parce qu'on a une équipe pour".
"Récupération psychologique"
Il faut éteindre l'incendie, et "s'il faut jouer moche 90, 25 ou 5 minutes, le plus important c'est de gagner" à Caen, "mais pour nous, le plus simple est de jouer, c'est notre ADN", insiste le colosse du Cap-Vert.
De toutes façons, "la victoire est toujours obligatoire quand on s'appelle l'OM", conclut le défenseur, amené à jouer encore un rôle de chef en l'absence d'Adil Rami pour encore trois semaines, en raison d'une blessure aux ischio-jambiers.
Dans la tempête, le patron technique de l'OM continue d'appuyer sur tous les leviers. La semaine dernière il a fait venir le coach mental Denis Troch, ancien entraîneur, et après la tragédie de Saint-Etienne il a bossé sur "la récupération psychologique".
"On sait ce qu'il faut faire : travailler dur, explique Garcia. Ce sont les joueurs qui sont sur la pelouse, il faut qu'ils y soient dans les meilleures conditions. Il faut qu'ils soient convaincus que le contenu nous portera vers la victoire".
En effet l'OM a mieux joué contre Monaco (1-1) et Saint-Etienne qu'en décembre, et surtout que contre Andrézieux au premier match de l'année, l'étiage du long fleuve pas tranquille de cette saison, où l'OM a été humilié par un club amateur (2-0) en Coupe de France.
"Evidemment besoin de Payet "
Parmi ses nouvelles solutions, Garcia a aussi pris un risque managérial en laissant sur le banc son capitaine, Dimitri Payet.
Pas de psychodrame: "C'était un choix tactique, j'avais besoin d'utiliser les espaces, des joueurs de course", a-t-il répété.
"On ne va pas se cacher, il a été moins bien, depuis la reprise, je l'ai trouvé moins performant, mais il travaille fort", a développé Garcia.
Mais "on a évidemment besoin de Dimitri Payet, un de nos top joueurs comme Thauvin, insiste le coach. Le capitaine en-dehors du terrain joue son rôle à merveille, il assume, est toujours prêt à défendre ses coéquipiers, toujours le premier à monter au front".
Accusé de trop positiver en conférence de presse, malgré la crise, Garcia s'en est expliqué.
"J'ai un groupe à gérer, toute personne qui gère de l'humain a intérêt à appuyer sur du positif. Si vous voulez que tous les gens qui travaillent avec vous s'écroulent, soulignez les points négatifs", conclut-il.
Garcia a encore essayé un nouveau ressort. Lui qui rechigne à s'appuyer sur les statistiques n'a pas refusé celle mise en valeur par les journalistes et très favorable pour l'OM à Caen: 9 victoires et 2 nuls.
"Il faut se servir de tout ce qui est positif, répond-il, même si c'est une autre saison, une autre équipe. Ca veut dire qu'on sait le faire à Caen, mais il n'y a pas d'autre résultat envisageable que de gagner". Même moche.