"Ce n'est peut-être pas la crise, mais on s'en rapproche", a avoué le capitaine Dimitri Payet dans les couloirs de La Beaujoire. La désillusion à Nantes (3-2), mercredi, suit un pâle 0-0 contre Reims et l'infamant 4-0 de Francfort.
Un cauchemar de défense
La sixième défaite de l'OM en 16 journées de Ligue 1, soit une de plus que toute la saison dernière, avant même la trêve hivernale, doit beaucoup à une défense calamiteuse.
Les filets de l'OM ont déjà été troués 25 fois, seuls les trois relégables, Dijon, Amiens et Guingamp, ont fait pire. En versant les 13 buts de la campagne européenne dans la passoire, l'OM frôle les 2 buts par matches (38 en 21 rencontres).
Adil Rami va mieux qu'en début de saison, mais il n'a pas retrouvé son autorité, et le retour de Rolando après six mois sur le flanc (tendon d'Achille) n'a pas résolu tous les problèmes.
Mercredi, les Canaris ont trop facilement franchi la défense marseillaise, et Steve Mandanda n'arrive toujours pas à retrouver son niveau. Il n'est pas fautif sur les buts, mais 'Il Fenomeno' au meilleur de sa forme aurait pu en sortir un ou deux.
La relance de Jordan Amavi, entré en fin de match après 250 minutes de frigo en L1, n'a rien donné, et Bouna Sarr n'est plus le meilleur 'rookie' du couloir droit.
Esprit es-tu là ?
La saison dernière, les Olympiens surgissaient de n'importe quel placard pour renverser les matches mal embarqués et marquer des points précieux.
Le souffle de la saison passée n'est plus. Menant deux fois au score, elle s'est laissée battre par Nantes.
Dans l'engagement, le rugueux Nicolas Pallois a donné une leçon de bravoure aux défenseurs marseillais. Et Emiliano Sala une leçon de vivacité à Valère Germain et Kostas Mitroglou, attaquants de l'OM hantés par le doute.
Au moins les Phocéens n'ont-ils jamais abdiqué mentalement, tentant jusqu'au bout de sauver un point contre les Jaunes. Florian Thauvin a cherché des brèches pendant 96 minutes, sans réussite, hormis sur son penalty.
Même les poltergeists ont semblé s'en mêler, un poteau, une jambe ou un torse se dressant devant les ballons chauds des Marseillais à Nantes.
Mais surtout trop d'erreurs individuelles plombent cette équipe pour les recenser toutes ici.
Garcia l'exorciste
C'est la thèse privilégiée par Rudi Garcia. Mais l'entraîneur ne parvient pas à retrouver la bonne formule, celle qui avait fait de son équipe un superbe finaliste de la Ligue Europa l'an dernier.
Dans sa communication, le technicien, s'il admet que la campagne européenne a été totalement ratée, dédramatise. Il rappelle toujours que le retard n'est pas irrémédiable au classement de L1, à trois longueurs du podium. Mais ses éléments de langage sont parfois exagérés. Contre Reims, s'il a reconnu que la seconde période avait été ratée, il a parlé de première mi-temps "de haute volée", une expression flatteuse, l'OM avait juste correctement dominé pour se créer trois occasions.
Quand on lui reproche de tâtonner dans le système de jeu, il répond qu'"une équipe doit savoir jouer dans plusieurs schémas pendant le même match".
Mais sa "compo" laissant Dimitri Payet sur le banc à Nantes (il est entré pour le dernier quart d'heure) a surpris. Sans "Dim" ni le jeune Maxime Lopez, la transition défense attaque manquait de fluidité. Mercredi soir, il a encore pointé les réelles erreurs individuelles , des buts "pris sur exactement les choses qu'on avait montrées aux joueurs (...). A se demander à quoi ça sert de faire des préparations de match..."
Ce discours ne rassure pas les fans de l'OM, qui vont trembler jusqu'au match à Saint-Étienne, dimanche. Défaite interdite, sinon ce sera vraiment la crise...