Didier Deschamps avait parlé de "match de prestige" avant ce France-Espagne. Il n'a pas été riche en buts tricolores. Les Bleus ont ainsi pu se frotter à une équipe solide et qui sera très certainement au rendez-vous dans un an au Mondial en Russie. Privés de ballons pendant de longues séquences de jeu, les Bleus ont fini par céder (0-2). Ce sont pourtant eux qui ont été les premiers en action avec Kylian Mbappé, titulaire pour la première fois en équipe de France A (5e). Laurent Koscielny aurait pu marquer sans un sauvetage in-extremis de Gerard Piqué sur sa ligne (11e). Et c'est la Roja qui a mis la machine en route, poussée par Andrés Iniesta, auteur d'une frappe juste à côté du montant gauche (14e) et d'un extérieur du pied repoussé de belle manière par Hugo Lloris (28e), qui fêtait sa 87e sélection en équipe de France.
Revenus avec Tiémoué Bakayoko, auteur de sa première en Bleu, les Tricolores ont cru l'espace d'un instant ouvrir le score sur une tête d'Antoine Griezmann, mais l'arbitre, après avoir fait appel à la vidéo, a refusé le but. Une décision justifiée par le hors-jeu de "Grizou" (48e). Et c'est sur un penalty provoqué par Gerard Deulofeu que les Espagnols ont forcé la décision par David Silva (0-1, 68e) avant que Monsieur Felix Zwayer, l'arbitre du match, ne fasse appel une seconde fois à la vidéo sur un but de la tête de Deulofeu, encore lui. Un but d'abord refusé pour hors-jeu, puis accordé (0-2, 78e). Trois jours après sa victoire au Luxembourg (1-3), l'équipe de France retombe donc un peu sur terre au terme d'un match globalement décevant. Le chemin menant à la Coupe du monde 2018 est encore long et des doutes restent à lever.
Privée d'Olivier Giroud pendant plus d'une heure de jeu, l'équipe de France a systématiquement cherché à jouer au sol en son absence. Le premier relanceur, Hugo Lloris, avait pour consigne de chercher une solution au plus près. Sur la plupart de ses dégagements, le capitaine tricolore a appliqué la règle. N'Golo Kanté, Corentin Tolisso et Laurent Koscielny ont été ses cibles privilégiées pour la simple raison que les Bleus espéraient prendre le jeu à leur compte. Mais malgré cette stratégie, ils n'ont jamais réussi à se sortir du pressing adverse, en première comme en seconde mi-temps.
Entré en jeu contre le Luxembourg (1-3), samedi dernier, Kylian Mbappé (18 ans) goûtait cette fois-ci à sa première titularisation avec l'équipe de France A. Aligné en pointe dans un 4-4-2 en losange avec Kevin Gameiro devant et Antoine Griezmann en soutien, la jeune pépite de l'AS Monaco n'a eu besoin que de cinq minutes pour se procurer la première occasion, mais sa frappe en une touche sur un centre de Layvin Kurzawa a été repoussée par David De Gea. Le n°12 français n'a pas eu froid aux yeux. Il a beaucoup bougé. Par sa vitesse, il a mis plusieurs fois les défenseurs espagnols en difficulté. Il a aussi apporté quelques solutions dans le jeu en remise, mais n'a pas toujours fait les bons choix, comme sur sa frappe du gauche non-cadrée juste avant l'entrée en jeu d'Olivier Giroud à sa place (65e).
Alors qu'on attendait l'équipe de France en 4-3-3 avec Antoine Griezmann et Kylian Mbappé sur les ailes, elle a finalement joué une bonne partie du match en 4-4-2 losange avec Mbappé et Kevin Gameiro soutenus par Griezmann. Un schéma de jeu qui s'est avéré séduisant pendant le premier quart puisque Gameiro, sur un rush en solitaire d'abord (3e) puis Mbappé sur un centre de Layvin Kurzawa (5e) ont rapidement semé la panique dans la défense de la Roja. En position de meneur de jeu, Griezmann a réalisé quelques séquences intéressantes, montrant une certaine affinité avec Mbappé, mais ce sont des choses que l'on a vu l'espace de quelques instants seulement puisque l'Espagne a pris très vite le jeu à son compte, étouffant les Bleus. Mais avec Mbappé, à l'aise à deux pointes avec Monaco, Didier Deschamps pourrait être tenté de retenter l'opération. Le dernier mot reviendra donc au sélectionneur, qui a encore un an pour préparer son équipe, pas encore qualifiée pour la prochaine Coupe du monde malgré une belle marge.
L'équipe de France n'avait perdu qu'un seul de ses 16 derniers matches à domicile (13 succès, 2 nuls), c'était en finale de l'Euro 2016 face au Portugal (0-1).
Pour la première fois en France, l'arbitre allemand du match France-Espagne a pu tester les dispositifs de l'arbitrage vidéo. Situés dans un car régie, deux arbitres formés au processus ont donc assisté Felix Zwayer sur des situations de jeu précises. Et le dispositif a été efficace d'entrée puisque sur un but de la tête d'Antoine Griezmann dès l'entame de la seconde période (48e), l'arbitre de la rencontre a annulé la réalisation de l'attaquant de l'Atlético Madrid après avoir fait appel à ses assistants. Une décision qui a bien évidemment provoqué une vague de sifflets dans les tribunes du Stade du France. Un acte répété quelques minutes plus tard sur le second but espagnol, d'abord refusé pour hors-jeu, puis accordé à Gerard Deulofeu sur demande de l'arbitre du match (0-2, 78e). On se serait cru à un match du XV de France.