C'était un autre temps. Une autre époque. Et pourtant, Philippe Hinschberger s'en souvient encore parfaitement. Le 3 octobre 1984, le FC Metz élimine le FC Barcelone en seizième de finale retour de la Coupe des vainqueurs de coupes, au Camp Nou. La seule victoire d'un club français à ce jour dans l'enceinte catalane. "C'était improbable. On peut rejouer le match dix fois et on serait éliminés dix fois", raconte pour Goal celui qui a joué et entraîné au FC Metz, et qui coache le GF38 en Ligue 2.
À l’époque, les Messins arrivent à Barcelone en position délicate après une défaite 4-2 à l'aller. Mais l'esprit revanchard. "On était hyper vexés, ils nous avaient pris pour des 'jambons', comme ils disaient. Et on voulait montrer qu'on valait mieux que ça, reprend Philippe Hinschberger. On avait un coach, Marcel Husson, qui était plutôt un homme de coups, capable de renverser des montagnes. On avait une belle équipe avec des Bocandé, Kurbos, Jean-Paul Bernad, Jean-Philippe Rohr, Bracigliano et j'en passe. On s'était préparés sereinement même si jamais on n'aurait imaginé pouvoir se qualifier."
Mais c'est bien Metz qui tient tête au favori ce jour-là. Menés au score, les Grenats réagissent par l'intenable Tony Kurbos. L'attaquant sonne la révolte et l'équipe barcelonaise de Bernd Schuster craque en marquant contre son camp avant la pause (1-2). "Je me rappelle qu'on calculait à ce moment-là, explique Hinschberger. On ne savait pas trop, mais on s'est dit que si on en marquait un troisième on pouvait leur faire mal." L'histoire est en marche. "Michel Ettorre fait une dizaine d'arrêts, ça ne rentre pas, et à 3-1, ils perdent les pédales, avant qu'on mette le quatrième." Un triplé de Kurbos "dans un stade au tiers vide", se souvient l'ancien Messin.
"Je crois qu'il y avait 30 000 personnes. Il n'y avait pas une grosse ambiance. Par contre, ce que je sais, c'est qu'à la fin ils ont été sérieusement chahutés par leur public", précise l'ancien milieu de terrain. L'instant est énorme. "C'est un truc de fou. Un retournement de situation incroyable. J'avais du mal à y croire. On l'a fait et personne ne nous l'enlèvera.''