Il est inévitable qu'en évoluant au milieu de joueurs d'une qualité supérieure pour faire la différence, le numéro 6, en général, ne bénéficie pas d'une aura médiatique proportionelle à son importance dans le jeu. C'est le cas, par exemple, d'un Sergio Busquets à Barcelone. Il a toujours été un nom abordé après ceux de Messi, Xavi, ou Iniesta. Cependant, au sein même du vestiaire, il jouissait de l'estime de ses coéquipiers. Sans lui et Messi sur le terrain, le Barça de Valverde a subi les vagues du FC Séville samedi (2-2), et le club catalan aurait même pu encaisser 4 voire 5 buts si son opposant avait été plus réaliste.
Sous la direction de Pep Guardiola, Sergio Busquets a découvert le plus haut niveau et, dans un contexte différent, Fernandinho se révèle, lui aussi, comme un élément crucial pour le Manchester City actuel. Comme Busquets, le milieu brésilien évolue devant la défense et, comme lui, il ne fait pas les gros titres des médias au moment de mettre en perspective la saison des Citizens. Avant la rencontre contre Everton, le technicien avait tenu des propos élogieux envers celui qu'il a dit considérer comme l'un des trois meilleurs du monde à son poste : "Sans lui tout ce qu’on n’a réalisé aurait été impossible. Il est trop important pour nous sur et en dehors du terrain. Il joue toujours bien. C’est un capitaine. Je suis fier de lui. C’est un cadeau du ciel. Un des grands souvenirs que j'aurai quand je ne serai plus entraîneur ici, sera d'avoir été son entraîneur. Je suis très heureux de l'avoir."
Fernandinho, l'équilibre de Manchester City
Capitaine à quatre reprises avec l'équipe cette saison, Fernandinho possède un profil unique dans l'effectif actuel. Il n'est pas un joueur capable de mener le rythme comme Silva ou De Bruyne, pas non plus un élément qui peut aller de l'avant pour marquer, à l'instar d'un Gundogan.
Le natif de Londrina permet à Manchester City de conserver et rendre permanente la possession du ballon. L'intelligence situationelle du brésilien le situe souvent au bon endroit, libre du marquage, pour donner une continuité aux premières relances des centraux, bien aidé par la capacité collective à être orienté dans des zones clés. À un poste exposé à l'erreur, son sang froid est aussi un avantage.
Xabi Alonso, également dirigé par Guardiola à l'époque du Bayern Munich, synthétisait son rôle, et par extension celui du numéro 6, lors d'un entretien accordé à France Football en 2014 : "Un milieu de terrain comme moi doit prendre de nombreuses petites décisions correctes. Dans ma position, il faut être fiable. Ne jamais faire d'erreurs. Certains doivent être 'déséquilibrés', je dois être 'en équilibre'. Cette combinaison rend les équipes bonnes." Une conception qui s'applique parfaitement au cas Fernandinho, la caution équilibre d'une équipe qui peut, parfois, avoir tendance à se déséquilibrer.
Face à Liverpool, seul effectif à avoir battu Manchester City en Premier League cette saison (4-3), Fernandinho devrait se voir opposer un pressing très intense, une caractéritique des équipes dirigées par Jurgen Klopp. Il lui faudra savoir réfléchir pour prendre les meilleures décisions en quelques dixièmes de secondes. Cela tombe plutôt bien, c'est ce qu'il sait faire de mieux et le rend indispensable dans l'orchestre citizen.