Entre le Real Madrid, l'Atlético Madrid, et la Juventus Turin, le tirage n'a pas été le plus clément possible envers l'AS Monaco qui devra faire face à la Juventus Turin, quintuple championne d'Italie en titre et qui dispose d'une ambition féroce de soulever la Ligue des champions, le 3 juin prochain à Cardiff. Sa principale force demeure bien sûr sa fiabilité défensive, néanmoins, la qualité globale de l'effectif ainsi que les profils qui composent cette Vieille Dame en font un outsider solide que Monaco devra mettre hors de position afin de poursuivre sa route dans la compétition.
Une défense (presque) impénétrable
En premier lieu, ce qui fait la force de la Juventus est inévitablement sa sûreté défensive. Le socle composé par Giangluigi Buffon dans les buts, Leonardo Bonucci et Giorgio Chiellini devant lui, et les présences de Daniel Alves ainsi que d'Alex Sandro sur les flancs, sont une garantie sur laquelle la Vieille Dame peut s'appuyer. Face à Barcelone au tour précédent, rarement le club catalan ne s'est trouvé en position favorable afin de faire vaciller la Juve. La MSN n'a su faire la différence (0 buts marqué en 180 minutes, un seul tir cadré lors du match retour au Camp Nou) et dans une rencontre qui pouvait être considérée sous le prisme de l'attaque la plus performante de la planète contre la meilleure défense, le verdict a largement été à l'avantage des partenaires de Buffon, qui n'a d'ailleurs toujours pas encaissé de but de Lionel Messi. Du fait de sa dynamique récente en Ligue des champions (531 minutes sans encaisser le moindre but), la Vieille Dame peut se satisfaire d'avoir remis au goût du jour une défense à l'italienne. De plus, son comportement global et son estime de soi renforcée après cette qualification logique donnent plus de stature à une équipe qui, depuis le début de la compétition, ne cesse de croître. La Juve n'a encaissé que 2 buts en Ligue des champions et demeure la meilleure défense du continent dans ce registre.
Tactiquement, le 4-2-3-1 d'Allegri, un choix risqué, confère un équilibre important
Depuis le 22 janvier dernier et un succès face à la Lazio (2-0), la Juventus évolue dans un système de jeu peu habituel pour elle, le 4-2-3-1. Capable de jouer dans différents schémas, du 3-5-2 au 4-3-3 voire en 4-4-2, le groupe dirigé par Massimiliano Allegri a vu l'entraîneur faire cohabiter sur le front offensif ses éléments les plus dangereux : Cuadrado, Dybala, Mandzukic et Higuain. Le cas de Mandzukic est symbolique de la conviction qu'a pu transmettre Allegri en faisant d'un joueur au profil de pur 9, un ailier capable de défendre et être bénéfique à l'équipe en conservant une notion chère à son technicien : celle de l'équilibre.
Au milieu de terrain, le duo composé par Sami Khedira et Miralem Pjanic offre lui tout autant d'assurance à l'ancien technicien de l'AC Milan et il est intéressant d'observer qu'au côté d'un des joueurs les plus réguliers dans les matches de haut niveau, Pjanic a adopté une attitude bien plus réactive dans son jeu, même s'il évolue dans une position bien plus basse que lors de son époque sous le maillot de l'AS Roma. "Les changements, les nouveautés sont faites afin d'apporter un nouvel élan. Nous étions devenus trop conservateurs. Les garçons savaient, parce qu'ils sont intelligents", expliquait Massimiliano Allegri, peu après ce changement de dispositif. Au vu des performances de la Juve depuis, intraitable en Serie A et en Coupe d'Italie notamment, il est compliqué de ne pas y voir un coup gagnant. Le choix était risqué mais la Juve peut remercier son entraîneur car si elle est encore en course dans toutes les compétitions possibles à son échelle, c'est aussi grâce à lui.
Dybala, le facteur X de la Juve
Depuis la finale 2015 de Ligue des champions perdue contre le Barça et la MSN (3-1), la Juve a évolué, a perdu Pirlo, Pogba, Tevez ou Morata mais elle a réalisé des investissements cohérents sportivement (Dybala, Higuain, Cuadrado, Mandzukic), parfois à un coût risible (Khedira et Alves sont arrivés gratuitement). Considéré par beaucoup comme un possible successeur de Lionel Messi au sommet du football mondial, Paulo Dybala s'est révélé aux yeux de l'Europe du foot lors du match aller contre le Barça avec un doublé salvateur. Dans ce 4-2-3-1, le natif de Laguna Larga est positionné en numéro 10 avec un point de référence devant lui en la personne de Gonzalo Higuain. Disposant d'une grande liberté entre les lignes, il est ainsi dans les meilleures dispositions pour exprimer son potentiel créatif. Si un joueur devra être à surveiller pour l'AS Monaco, ce sera lui.
Objectif affiché du club turinois, la Ligue des champions n'a plus été la proprieté de la Juve depuis 1995-1996. "Messi a gagné beaucoup de Ligue des champions (quatre) et moi aucune. Je veux que celle-ci soit la première", expliquait récemment Dybala à Marca. Si Monaco veut continuer son épopée en Europe, il faudra très probablement désorienter la défense la plus impénétrable d'Europe et minimiser l'influence de Dybala. Tout sauf une mince affaire.