La rencontre se jouera dans le stade olympique métropolitain, de 40 000 places, dans la ville de San Pedro Sula. Cette commune d'un million d'habitants du nord du Honduras a été classée il y a cinq ans deuxième ville la plus violente d'Amérique latine par une ONG mexicaine.
"Il n'y a rien à craindre, les Australiens nous allons les emmener manger des 'balles' et du poulet chuco (une recette locale, ndlr)", plaisante auprès de l'AFP le commissaire Jorge Rodriguez, porte-parole de la police municipale.
Que les 'Socceroos' se rassurent : ces "balles" ne sont pas en plomb, il s'agit simplement de tortillas fourrées aux haricots rouges, un plat typique de la région.
Après le match de vendredi, le retour se disputera le 15 novembre à Sydney, avec à la clé un ticket pour aller en Russie en 2018.
San Pedro Sula a longtemps été la ville la plus meurtrière du Honduras, pays qui forme avec le Guatemala et le Salvador le triangle du Nord, tristement célèbre pour la violence de ses gangs, le narcotrafic, la pauvreté et la corruption endémique.
Et le stade de la rencontre est justement situé en bordure d'un champ de canne à sucre de plus de 5000 hectares, où les bandes criminelles jetaient régulièrement les cadavres de leurs victimes, qu'ils démembraient parfois à la tronçonneuse.
Mais les autorités promettent que, grâce au déploiement massif de la police et de l'armée, dans le cadre de la guerre contre les gangs décrétée par le président Juan Orlando Hernandez, la situation s'est désormais bien améliorée.
Les Australiens "sont bienvenus au Honduras, il n'y a aucun problème, tout va bien. Tout ce qui a été écrit dans les médias, ce n'est pas le vrai Honduras", affirme Jorge Salomon, président de la Fédération nationale de football.
'Les footballeurs sont protégés'
Depuis quatre ans, quatre bataillons de la police militaire, de 500 hommes chacun, ont pris position dans le champ à côté du stade olympique métropolitain, y installant des fils barbelés tout autour et leur campement en plein milieu.
À l'entrée, alors que sort un convoi de véhicules vert olive, un capitaine de la police militaire, sous couvert d'anonymat, confie son pessimisme à l'AFP : "C'est une bombe à retardement, ici les gangs ne partent jamais" et agissent désormais "comme des guérillas".
Au moment du match vendredi, 1200 policiers et militaires seront déployés à l'intérieur et l'extérieur du stade, avec également l'aide de drones, selon le commissaire Jorge Rodriguez.
"Tous (les effectifs) seront équipés de talkies-walkies, assistés par des caméras vidéo et connectés au commandement central du numéro d'urgence 911", a-t-il expliqué.
"Cela avait bien fonctionné quand les États-Unis, le Costa Rica et le Mexique sont venus" disputer des rencontres de Concacaf.
Santos Leonel Reyes, 48 ans, un des gardiens de la morgue locale, assure que désormais "la situation est calme, car 24 heures sur 24 il y a des patrouilles dans toute la ville. Il n'y a plus les guerres de dispute de territoires entre les gangs".
Et, alors qu'il y a quatre ans, "on recevait en moyenne 24 corps par jour, aujourd'hui on en a trois par semaine".
Le chauffeur de taxi Manuel Martinez, 67 ans, se veut plus prudent: "Il y a toujours des endroits chauds où il ne faut pas se fourrer".
"Moi, si je vois un individu tatoué (comme un membre de gang, ndlr), je ne fais pas monter", dit-il.
Mais "il ne peut rien arriver (aux joueurs australiens) car ici, les footballeurs sont protégés. Ici, ce qui compte c'est seulement le football et la politique... il n'y a rien à craindre".
Même message du côté du capitaine du Honduras, Maynor Figueroa (qui sera absent vendredi, suspendu) : "L'unique guerre que vont trouver (les Australiens), c'est sur le terrain".