"Dans le bon wagon"
Comme pour donner le ton avant le dernier match de poule contre le Nigeria lundi, les deux "anciennes" se sont succédé vendredi et samedi devant la presse pour appeler leurs coéquipières tricolores à "monter en puissance" dans cette compétition tant attendue.
Car les deux trentenaires, 190 et 158 sélections, ont sans doute plus "conscience" encore de la "bascule" que représente cette Coupe du monde à domicile pour leur discipline, souligne Brigitte Henriques, ancienne internationale devenue vice-présidente de la Fédération française et porte-voix de la féminisation du football.
"Les nouvelles générations basculent tout de suite vers la professionnalisation. Même quelqu'un comme Amandine Henry (la capitaine de l'équipe de France, 29 ans) était dans le bon wagon, puisqu'elle est devenue professionnelle directement après sa formation", raconte à 'l'AFP' la dirigeante, fière des progrès accomplis.
Elise Bussaglia et Gaëtane Thiney, qui se sont croisées dès l'adolescence dans le petit club de Saint-Memmie dans la Marne, font partie des rares Bleues à avoir un métier à coté.
Même si elle a mis l'enseignement entre parenthèse depuis plusieurs années, la première est professeure des écoles en disponibilité et envisage de reprendre sa carrière dans l'Education nationale dans un an, après une dernière saison à Dijon. Que dira-t-elle à ses écoliers ? "Je ne sais pas si je leur parlerai beaucoup de foot, pas au début en tout cas", a-t-elle souri vendredi.
Le scooter et la liberté
En parallèle de sa carrière de sportive au Paris FC, Gaëtane Thiney occupe quant à elle un poste à la Fédération, chargée de promouvoir la pratique du football chez les enfants.
Plus jeune, pendant sa formation, loin de choisir la voie toute tracée vers l'équipe de France, elle refusa d'intégrer le prestigieux pole France de Clairefontaine.
"J'aurais eu l'impression qu'on me volait ma jeunesse... J'étais bien chez moi, j'avais mon scooter, j'étais libre, je m'entraînais, je jouais en D1, en sélection régionale et en Coupe. A cet âge, le lycée c'est la vie", se remémore-t-elle dans le livre "La Grande histoire des Bleues".
Ce recul et cette expérience leur permettent-ils de conseiller les novices pendant cette Coupe du monde ?
"Les jeunes, elles découvrent comme moi, même si c'est ma troisième Coupe du monde. Je n'ai rien à leur apprendre. Je n'ai pas à leur rappeler qu'on était anonymes, elles le savent, elles connaissent l'histoire de notre équipe", rétorque Thiney avec assurance.
"Elle me faisait très peur"
Qu'elle le veuille ou non, la milieu de terrain offensive dégage pourtant une autorité naturelle sur la pelouse, comme l'a raconté la gardienne remplaçante Solène Durand, 24 ans, en riant. "Gaëtane Thiney, elle (me) faisait très peur sur le terrain, voilà... Je lui ai dit, je ne m'en cache pas. Maintenant, elle fait partie de celles avec lesquelles je parle le mieux. C'est vrai qu'au début, j'avais une petite appréhension !"
Avec ses 190 sélections, Bussaglia est plus expérimentée encore, proche de la record-woman Sandrine Soubeyrand, 198 capes entre 1997 et 2013.
Et la milieu fut décisive au Mondial 2011 en marquant d'une superbe frappe à la fin du quart contre l'Angleterre pour offrir aux Bleues le droit de disputer une séance de tirs au but, victorieuse, puis leur première et seule demi-finale (défaite contre les Etats-Unis 3-1).
Ce match contre les Anglaises, "oui ca m'arrive d'y penser. C'est un moment important dans le football féminin. Pas ce but en soit, mais la compétition qu'on avait faite toutes ensemble. On avait mis l'équipe en valeur, ça avait changé pas mal de choses. Maintenant, on n'a toujours pas eu de titre. Le vrai changement, il sera quand on aura un titre..."