Le jeune talent de 24 ans peut croiser la route du quintuple vainqueur du Ballon d'Or du Real Madrid en finale du Mondial des clubs à Abou Dhabi le 16 décembre, pour ce qui serait l'aboutissement rêvé d'une saison presque parfaite pour lui.
A défaut de Ballon d'Or, Luan vient d'être désigné meilleur joueur de la Copa Libertadores, la C1 sud-américaine.
Il a éclaboussé le tournoi de sa classe, avec huit buts, dont un "golaço" mémorable lors de la finale retour remportée contre les Argentins de Lanus le 30 novembre.
Contrôle orienté, coup de rein pour mystifier deux défenseurs et pichenette pour lober le gardien: du grand art.
"C'est une sensation indescriptible. C'est dans ces moments-là qu'on se dit que tous les efforts qu'on a consentis pour en arriver là, ça n'a pas de prix", a-t-il affirmé à l'AFP.
Luan sait très bien le prix à payer pour devenir le héros de Gremio.
En août, l'espoir brésilien était sur le point de signer au Spartak Moscou, mais il a finalement décidé de prolonger son contrat avec le club du sud du Brésil jusqu'en 2020. Après la finale, il a révélé à la chaîne 'Fox Sports' que son salaire aurait été multiplié par cinq s'il était parti en Russie.
Formation tardive
Originaire d'une favela de Sao José do Rio Preto, ville de 400 000 habitants à 400 km de la mégalopole Sao Paulo, Luan a galéré avant d'arriver au plus haut niveau.
À 18 ans, lassé de jouer dans des petits clubs de sa région, il était à deux doigts d'abandonner le football.
Mais le destin de l'attaquant fougueux a fini par taper dans l'oeil de Gremio en 2013, après s'être distingué lors de la Copa Sao Paulo, tournoi de jeunes qui a révélé de nombreux cracks brésiliens.
Avant de signer à l'âge de 20 ans pour le club de Porto Alegre qui a révélé Ronaldinho, il n'était jamais passé par un vrai centre de formation de haut niveau.
"Quand Luan est arrivé chez nous, il avait déjà un bon bagage technique, mais n'était pas du tout au point au niveau physique", explique à l'AFP Francesco Barletta, responsable de la formation de Gremio.
Malgré ses carences, le diamant brut n'est resté qu'un an dans les équipes de jeunes, faisant ses débuts professionnels en janvier 2014.
Fin dribleur, doté d'une grosse frappe de balle, il n'a pas tardé à se mettre les supporters dans la poche, aussi bien au poste d'attaquant de soutien que celui d'ailier gauche.
"J'ai déjà joué à plusieurs postes, mais cela ne m'a jamais posé problème. J'ai eu la chance d'avoir des entraîneurs qui m'ont toujours donné la liberté de jouer mon jeu", affirme-t-il.
'Pote' de Neymar
"Il énormément progressé en peu de temps. Sa plus grande qualité, c'est son sens de l'initiative. Il a une forte personnalité et n'a pas peur de prendre des risques", souligne Francesco Barletta.
Son caractère trempé lui a parfois joué des tours. Il s'est retrouvé au coeur de nombreuses polémiques à cause de provocations par presse interposée avec des adversaires avant ou après les matches.
Sa cible préférée : Eduardo Sasha, attaquant de l'International, rival historique de Gremio à Porto Alegre, qu'il a traité de "gros cul" après le titre en Libertadores.
Luan fait aussi partie du groupe des "potes" de Neymar, qu'il a côtoyé au sein de l'équipe qui a remporté la première médaille d'or de l'histoire du foot brésilien aux JO de Rio-2016.
Très en vue lors du tournoi olympique, il a été convoqué pour la première fois en équipe nationale senior en août dernier.
Même s'il n'a joué que six petites minutes face à l'Équateur, Luan rêve d'être du voyage en Russie en juin: pas pour signer au Spartak, mais pour jouer la Coupe du Monde avec la Seleçao.