Il aura fallu attendre presque 6 mois pour voir Walter Benitez enfiler le maillot de l'OGC Nice. Jeudi, contre Krasnodar, le gardien argentin va pouvoir vivre les premières minutes de sa carrière européenne. Débarqué en juin dernier avec une fracture du tibia, le joueur de 23 ans a dû patienter pour se remettre sur pied, avant de pouvoir intégrer le groupe de Lucien Favre. "C'est un peu difficile d'arriver dans un club et de ne pas pouvoir jouer directement, avoue le portier. J'aurais voulu commencer normalement, mais la blessure fait partie d'une carrière. Mon objectif premier, c'était de récupérer de cette blessure. Maintenant, on va essayer de se faire une place dans cette équipe." "J'ai besoin de le voir en match", a de son côté expliqué Lucien Favre, l'entraîneur du Gym.
Le technicien suisse, arrivé quelques semaines avant l'Argentin, a confirmé le souhait des Aiglons de faire venir le portier. "Je pense que c'est parce que j'ai un jeu qui correspond bien à ce que le club met en place, avance Walter Benitez. Je suis un gardien qui adore jouer au pied, c'est plus dur pour moi sur les sorties aériennes, c'est ce que j'améliore ici à Nice. L'entraîneur m'a dit qu'il souhaitait vraiment avoir un jeu comme ça, donc ça me plaît. En Argentine, tous les clubs essaient de jouer de cette manière maintenant. Tous les gardiens du but, là-bas, commencent. C'est plus facile pour nous d'arriver en Europe." Relance courte, jeu au pied, construction de derrière, autant de préceptes inculqués dès la formation du gardien qui sont façonnés à Nice sous Lucien Favre.
Si Walter Benitez est encore méconnu en France, ce n'est pas le cas en Argentine. Entre 2014 et 2016, l'international des moins de 20 ans a disputé 50 matches avec Quilmes qu'il a rejoint à 15 ans en provenance de sa province natale de Chaco, dans le nord du pays. Deux ans au centre de formation dans le club de Bueno Aires avant de signer son premier contrat professionnel à 17 ans. "Les débuts ont été difficiles, concède le gardien. C'est comme tout jeune qui quitte sa famille. Mais en connaissant mes coéquipiers ensuite, ça été plus facile. Les premiers matches avec l'équipe professionnelle ont été très forts en émotion. Je me suis rappelé tout le travail que j'ai fait pour en arriver là." Avant de signer pour Quilmes, Benitez a très peu quitté sa province. Un simple déplacement dans la capitale à 12 ans pour faire un test, avant de revenir à Chaco.
Ce départ en France est donc un pas immense réalisé dans la vie du jeune homme. "C'est la première fois que je sortais de mon pays, sourit l'Argentin. J'ai découvert un club très familial. Dès janvier, j'ai parlé avec Julien (Fournier) et avec Claude (Puel) qui était en entraîneur. J'ai eu Lionel (Letizi) au téléphone aussi. Ils m'ont raconté l'histoire du club et comment on travaillait ici. Il y a de grands gardiens qui sont passés par ici, Hugo Lloris, David Ospina... Je suis venu également en janvier pour discuter avec tout le monde et je suis reparti ensuite." Walter Benitez ne tergiverse pas, il accepte très rapidement le challenge niçois. "Pour moi, Nice est le club parfait pour progresser et faire mes premiers pas en Europe. J'ai eu des contacts avec de grands clubs en Argentine comme Independiente, mais c'était important aussi culturellement de venir. J'ai ma femme avec moi ici, la ville est magnifique. Il y a la populaire sud aussi qui me rappelle l'Argentine avec cette ambiance."
Arrivé blessé, Walter Benitez va avoir besoin de temps pour s'imposer. À Nice, ce n'est pas les gardiens qui manquent. Outre Yoan Cardinale, le titulaire, l'Argentin est en concurrence avec Simon Pouplin et Mouez Hassen. "Je n'ai pas peur de la concurrence, assure-t-il. C'est quelque chose de normal. Quand je jouais à Quilmes, il y avait de la concurrence aussi, mais j'ai fini par jouer." Depuis sa signature, le gardien garde le moral. "Il y a pire dans la vie", explique-t-il. Il y a deux ans, c'est une blessure au ligament du genou qui l'a handicapé. Mais c'est surtout à 9 ans que la vie du portier aurait pu basculer. Victime d'un accident de voiture, Benitez se retrouve touché aux poumons. "Un moment très difficile" décrit le joueur. Mais le plus dur intervient le 14 juillet dernier. Alors en stage avec ses coéquipiers en Suisse, la ville est frappée par un attentat. "Ma femme était sur la promenade quelques minutes avant, c'était un moment horrible pour nous. J'ai tout de suite appelé ma famille en Argentine." Un épisode douloureux où le gardien a pu se rendre compte du rôle du côté "famille" prôné par l'OGC Nice. "Le club a toujours été derrière nous dans ces moments-là et c'est très appréciable."
Surtout que Walter Benitez a également connu la déception d'avoir manqué les Jeux olympiques, pour lesquels il était présélectionné, quelques mois plus tard. "Aller en sélection reste un très grand objectif. J'ai été international des moins de 20 ans et en Espoirs. J'ai fait deux semaines d'entraînement avec les A aussi avant la Coupe du monde 2014 au Brésil. C'était magnifique. Je me suis entraîné avec d'immenses joueurs. Il y a avait Angel Di Maria, Sergio Aguero... Je ne sais pas si Angel se souviendra de moi quand on va se croiser dimanche (rires)." Avant, il lui faudra réussir ses débuts ce jeudi face à Krasnodar à l'Allianz Riviera.